D'entrée de jeu, je jouerai la carte de la transparence. Je n'avais jamais entendu l'Orchestre symphonique de Laval en concert (mais avais pu l'apprécier sur disque avec Alain Lefèvre dans le Concerto K. 488 de Mozart, enregistrement que j'ai même offert en cadeau) et n'avais jamais mis les pieds dans la Salle André-Mathieu. J'ai donc saisi l'occasion lors du concert d'ouverture de cette 25e saison (quand même!), qui proposait un programme bien équilibré, dirigé par le directeur musical de l'OSL, Alain Trudel: l'ouverture fantaisie de Roméo et Juliette de Tchaïkovski, la création d'un nouvel opus de Tim Brady, compositeur que j'apprécie tout particulièrement et le Concerto no 4 de Mathieu interprété par le pianiste Alain Lefèvre, œuvre que je connais bien au disque, que j'avais pu entendre à la télévision mais que, là aussi, j'entendais pour la première fois « live ».
Dès les premières mesures du Tchaïkovski, j'ai été agréablement surprise par la qualité des attaques, le velouté des cordes et la cohésion de l'orchestre. Alain Trudel a opté pour un tempo peut-être un peu plus assis que je ne l'aurais souhaité dans la partie flamboyante de l'œuvre mais, en tout temps, on en percevait admirablement la respiration. Oui, bien sûr, l'intonation n'était pas toujours parfaite, particulièrement chez les cuivres (mais je pourrais en dire autant de nombre de concerts donnés par le grand orchestre voisin), les bois manquaient parfois un peu de relief mais le courant passait, indéniablement, nous rappelant que cette page de Tchaïkovski, romantique à souhait, est encore et toujours diablement efficace.
Tim Brady, compositeur en résidence de l'OSL pour une troisième année, particulièrement impliqué dans le programme pédagogique de l'orchestre - ce que je ne peux que saluer - a ensuite présenté En amour, en hiver, opéra de chambre pour baryton et orchestre sur un texte de Michel Rivard (absent, mais qui s'est exprimé via vidéo). À travers six textes, six souvenirs d'amour, qui s'enchaînent, l'auteur évoque certains visages de l'amour, de 12 à 60 ans. En quelques aplats sonores, Tim Brady réussit à nous plonger dans un univers particulièrement évocateur, indéniablement hivernal, tantôt presque désolé, tantôt plus ludique. On sent qu'il a appris à connaître les particularités de cet orchestre qui est un peu devenu le sien et sait comment le mettre en valeur. Le baryton Michael Donovan, à la voix à la fois dramatique et scintillante, a habité le personnage avec conviction, malgré une gestuelle faciale un peu figée. Il a transmis avec une remarquable qualité d'élocution le texte en prose de Rivard, qui m'a semblé très faible par moments. « Le lac est gelé, solide, solide solitude, je marche et ça crisse, sous mes bottes, la neige crisse, le ciel, bleu ciel bleu, la blanche neige, crisse, sous mes bottes, bleu blanc, verte la lisière des arbres, je marche vers le milieu du lac, ma chienne me suit, bleu blanc vert... » Un texte en vers n'aurait-il pas été plus porteur ici et aurait pu se révéler un soutien plus adéquat à cet habillage musical somptueux et étoffé?
Après l'entracte, pièce de résistance: le Concerto no 4 de Mathieu, joué par son grand défenseur, Alain Lefèvre, dans la salle même qui porte son nom... Comment ne pas ressentir une certaine fébrilité dès les premières notes? Je réalise que plusieurs spécialistes du milieu s'insurge contre Mathieu, qu'ils considèrent un compositeur mineur, sans génie, dépourvu de qualités. Pourtant, comment résister au charme contagieux de ses mélodies, au lyrisme puissant du thème du deuxième mouvement du concerto par exemple? Pourquoi ne peut-on pas simplement accepter son œuvre pour ce qu'elle est: un regard vaguement nostalgique teinté de romantisme du 19e siècle, certes, mais néanmoins habilement rendu? Doit-on absolument décrier un compositeur parce que le « peuple » réagit à sa plume? Derrière moi, j'ai entendu un monsieur chuchoter à sa voisine quand il a reconnu l'extrait du concerto présenté dans le film sur André Mathieu. Cela ne m'a aucunement irritée, j'étais simplement ravie de savoir que le thème l'avait suffisamment touché pour qu'il le fasse sien, après une ou quelques écoutes. Quand le délicat mouvement lent a été esquissé, j'ai entendu un autre spectateur soupirer de contentement, comme lorsqu'on entend le thème du célèbre du Deuxième Concerto de Rachmaninov. Comment peut-on dénigrer une telle appropriation du répertoire?
Comme toujours, Alain Lefèvre a su faire fi des redoutables pièges techniques qui parsèment le concerto, nous amenant tantôt au seuil des larmes et à d'autres, au bord du gouffre. Ce concerto de Mathieu en particulier reprend tous les éléments qui rendent la forme si attrayante: oscillation dialogue /combat entre chef et soliste, prouesses virtuoses (admettons-le, le mélomane aime ressentir l'excitation du danger quand il voit et entend le pianiste attaquer une cascade de doubles octaves ou défie les passages rapides!) et moments de réelle émotion.
Vous n'avez pas besoin de me croire sur parole. Découvrez-le ici...
La musique et l’écriture ont été de tout temps les deux pôles de la vie créatrice de l'auteure. Ce site se veut donc un hommage à la musique (particulièrement classique) et à la littérature, mais aussi au théâtre et aux autres manifestations artistiques.
Pages
▼
mercredi 29 septembre 2010
mardi 28 septembre 2010
L'Opéra de quat'sous
Jalon du théâtre du XXe siècle présenté des centaines de fois depuis sa création en 1928, fresque humaine qui cède la parole aux oubliés de ce monde, collaboration explosive entre deux géants, Bertolt Brecht et Kurt Weill, L’Opéra de quat’sous continue d’être disséqué avec une révérence certaine par les étudiants en art dramatique d’ici comme d’ailleurs. Si le grand public connaît bien certains des airs de la production dont le célèbre Mack the Knife, popularisé par quelques étoiles du jazz, rares sont ceux pourtant qui peuvent se vanter d’avoir vu une ou plusieurs versions de cette œuvre mythique. Dans cette optique, le metteur en scène Robert Bellefeuille, dont on a pu apprécier le travail récemment lors de la première de l’opéra-féerie de Gilles Tremblay, a décidé de faire fi de ses peurs et de s’« offrir le vertige » de recréer la pièce. « La génération des 25 ans et moins n’a jamais vu l’Opéra de quat’sous à Montréal, explique-t-il en entrevue, et nous avons eu envie de partager la richesse de cette œuvre-là, de la redécouvrir. » À une époque où corruption, chutes des banques, crimes des cols blancs et désillusion font partie de notre quotidien, ce plaidoyer pour l’honnêteté lui semble d’une criante actualité.
Pour lire la suite de l'article (p.17 du numéro courant de La Scena)...
La pièce est présentée au TNM à partir de ce soir (avant-première). L'éternelle Ella en partage dans Mack the Knife...
Pour lire la suite de l'article (p.17 du numéro courant de La Scena)...
La pièce est présentée au TNM à partir de ce soir (avant-première). L'éternelle Ella en partage dans Mack the Knife...
samedi 25 septembre 2010
Swap musique et littérature: des précisions
Les questions fusent, ici, là, dans ma boîte de courriels, dans les commentaires. Je tente donc de clarifier le principe de ce swap et de rassurer aussi quelques-unes qui craignent que leur culture musicale ne soit pas suffisante.
D'abord, le principe d'un swap, puisque plusieurs semble-t-il en sont à leurs premières armes dans le domaine. (Pour les pros, sautez deux paragraphes.) On parle ici d'un échange de paquets (comprenant un certain nombre d'articles sur un thème donné, ici musique et littérature) entre blogueuses qui peuvent - ou non - se connaître. Après la clôture des inscriptions (vous avez encore un peu plus d'une semaine pour le faire, en laissant un commentaire et en m'envoyant un courriel), je transmettrai à tous les participants un questionnaire. Dans celui-ci, vous pourrez partager vos goûts, tant musicaux que littéraires.
Rassurez-vous, vous n'avez pas besoin de connaître l'intégrale des symphonies de Beethoven (je n'en peux plus de les entendre de toute façon!) ou la Tétralogie de Wagner (mal de tête!) pour participer. Vous pouvez tout aussi bien être fan de pop américaine, de chanson française ou de jazz expérimental. Quand vous aurez rempli le dit questionnaire, je le transmettrai à votre swappeuse (percevez-la comme une fée marraine nouveau genre) et, de même, vous recevrez celui de votre swappée. Libre à vous après de lui faire plaisir en lui offrant une photo dédicacée du chanteur qui fait follement battre son petit cœur ou d'être plus créative et de faire certaines associations. Par exemple, si je vous révèle mon amour pour Mozart (pas une bien grande révélation, le deuxième billet de ce blogue en traitait déjà!), vous n'avez pas besoin de vous ruiner avec l'intégrale des 41 symphonies ou en achetant le livre de référence rédigé par Brigitte Massin! Le DVD du film Amadeus ferait tout aussi bien l'affaire (parce que, incroyable mais vrai, je n'ai jamais revu ce film dans son entier en 20 ans!) ou, pourquoi pas, une paire de chaussettes à son effigie. (Je fais de la projection totale ici...) Celles qui auraient peur de me piger car je « connais tout », ben non, c'est pas vrai. À chaque jour, je découvre de nouveaux compositeurs, chanteurs, jazzmen... et j'adore ça! (Hier, c'était Agnès Obel...) Vous ai-je perdus dans mes explications ou est-ce plus clair?
Je rappelle maintenant les détails techniques.
Le contenu du paquet
Une liste (non exhaustive) de livres traitant de musique (non biographiques) est proposée ici...
Les inscrites à ce jour...
Du Québec: Lucie - Liceal - Kikine - aBeiLLe- Catherine -
En Europe: Margotte - Gwenn - Patacaisse - Caro_Carito - Sarawasti - Kloelle - Nahe -Tania (SBF, flûtiste) -
D'abord, le principe d'un swap, puisque plusieurs semble-t-il en sont à leurs premières armes dans le domaine. (Pour les pros, sautez deux paragraphes.) On parle ici d'un échange de paquets (comprenant un certain nombre d'articles sur un thème donné, ici musique et littérature) entre blogueuses qui peuvent - ou non - se connaître. Après la clôture des inscriptions (vous avez encore un peu plus d'une semaine pour le faire, en laissant un commentaire et en m'envoyant un courriel), je transmettrai à tous les participants un questionnaire. Dans celui-ci, vous pourrez partager vos goûts, tant musicaux que littéraires.
Rassurez-vous, vous n'avez pas besoin de connaître l'intégrale des symphonies de Beethoven (je n'en peux plus de les entendre de toute façon!) ou la Tétralogie de Wagner (mal de tête!) pour participer. Vous pouvez tout aussi bien être fan de pop américaine, de chanson française ou de jazz expérimental. Quand vous aurez rempli le dit questionnaire, je le transmettrai à votre swappeuse (percevez-la comme une fée marraine nouveau genre) et, de même, vous recevrez celui de votre swappée. Libre à vous après de lui faire plaisir en lui offrant une photo dédicacée du chanteur qui fait follement battre son petit cœur ou d'être plus créative et de faire certaines associations. Par exemple, si je vous révèle mon amour pour Mozart (pas une bien grande révélation, le deuxième billet de ce blogue en traitait déjà!), vous n'avez pas besoin de vous ruiner avec l'intégrale des 41 symphonies ou en achetant le livre de référence rédigé par Brigitte Massin! Le DVD du film Amadeus ferait tout aussi bien l'affaire (parce que, incroyable mais vrai, je n'ai jamais revu ce film dans son entier en 20 ans!) ou, pourquoi pas, une paire de chaussettes à son effigie. (Je fais de la projection totale ici...) Celles qui auraient peur de me piger car je « connais tout », ben non, c'est pas vrai. À chaque jour, je découvre de nouveaux compositeurs, chanteurs, jazzmen... et j'adore ça! (Hier, c'était Agnès Obel...) Vous ai-je perdus dans mes explications ou est-ce plus clair?
Je rappelle maintenant les détails techniques.
Le contenu du paquet
- 1 ou 2 livres et/ou 1 CD et/ou 1 DVD (ceux et celles qui, comme moi, adorent les comédies musicales, ne se plaindront pas)
- 1 coup de cœur musical et/ou littéraire (un disque de Leonard Cohen pourrait certes entrer dans ces deux catégories à la fois par exemple) qui vous représente, vous, et que vous voudriez faire partager à votre swappée. Ce peut être aussi bien un livre qu'un calepin avec une citation qui vous parle tout particulièrement ou une photo de votre artiste préféré... Soyez créatifs!
- Une (quelques) gourmandise(s) parce qu'il ne faut pas uniquement nourrir l'esprit mais le corps aussi, c'est bien connu.
- Inscriptions: jusqu'au 4 octobre
- Envoi des questionnaires: 6 ou 7 octobre
- Date limite pour répondre au questionnaire: 18 octobre
- Réception du questionnaire de votre swappé(e): entre le 20 et le 22 octobre
- Envoi des colis: entre le 10 et le 15 novembre (selon la rapidité des Postes dans votre pays respectif)
- Publication des billets: 22 novembre, jour de la fête de Sainte-Cécile, patronne des musiciens
Une liste (non exhaustive) de livres traitant de musique (non biographiques) est proposée ici...
Les inscrites à ce jour...
Du Québec: Lucie - Liceal - Kikine - aBeiLLe- Catherine -
En Europe: Margotte - Gwenn - Patacaisse - Caro_Carito - Sarawasti - Kloelle - Nahe -Tania (SBF, flûtiste) -
jeudi 23 septembre 2010
Trilogia della villeggiatura
Vous aimez le théâtre italien et n'avez pas peur d'attraper un torticolis à tenter de suivre surtitres et jeu d'acteurs? Courez voir la Trilogia della villeggiatura de Carlo Goldoni au Théâtre Maisonneuve d'ici dimanche, coproduction du Teatri Uniti de Naples et du Piccolo Teatro de Milan. Dans une adaptation fluide et une mise en scène de Toni Servillo d'une grande subtilité qui n'exclut pas quelques délicieux cabotinages (notamment de Servillo qui habite avec une remarquable aisance le rôle de Ferdinando, parasite qui séduit la tante veuve et fait rigoler la galerie), on plonge sans hésiter dans ce triptyque qui trace le portrait d'une certaine société oisive, qui n'hésite pas à s'endetter de façon démesurée pour s'accorder des vacances « reposantes » à la campagne, comprenant soupers interminables, jeux de cartes, sorties au café, conversations vides et amourettes sans conséquence, portrait de société remarquablement achevé d'un Goldoni au sommet de ses moyens.
Anna della Rosa offre une Giacinta sobre et convaincante, dévorée par son amour pour le beau Guglielmo (Tommaso Ragno, qui magnifie la profondeur de sa voix et accentue le côté mélancolique du personnage avec brio) qui, pourtant, privilégiera le devoir et épousera, tel qu'entendu, un Leonardo ruiné (Andrea Renzi, qui aborde avec autant d'aisance le registre colérique que désemparé). Les rôles secondaires sont tous campés avec une maîtrise remarquable, de Tognino (l'idiot du village, jouissif, joué par Marco d'Amore) aux serviteurs affolés (part, part pas?) à la pauvre Vittoria (Eva Cambiale), moins sotte qu'il n'y parait d'abord, qui épousera un Guglielmo désabusé.
À la sortie du spectacle, outre la virtuosité de l'interprétation et la magnificence d'une scénographie dépouillée mais efficace, une chose frappe: la pertinence d'un texte écrit en 1761 et qui ne semble pas avoir pris une ride. Nous connaissons tous des gens qui misent avant tout sur le paraître et sont prêts à s'endetter pour s'offrir un voyage ou camoufler un certain vague à l'âme. Et Giacinta n'est certes pas la seule à se marier par devoir - ou pour faire taire la passion qui la ronge - alors que Leonardo n'espère au fond qu'être tiré d'embarras en profitant de sa dot. Troublant d'actualité...
Deux extraits... Le premier, au début de la deuxième des trois pièces, L'Avventure della villegiatura, qui offre une bonne idée de la présence de Toni Servillo sur scène.
Le second, juste avant le retour en ville, alors que les deux amoureux admettent leurs sentiments, en sachant très bien que ce sera peut-être bien la seule et unique fois.
Anna della Rosa offre une Giacinta sobre et convaincante, dévorée par son amour pour le beau Guglielmo (Tommaso Ragno, qui magnifie la profondeur de sa voix et accentue le côté mélancolique du personnage avec brio) qui, pourtant, privilégiera le devoir et épousera, tel qu'entendu, un Leonardo ruiné (Andrea Renzi, qui aborde avec autant d'aisance le registre colérique que désemparé). Les rôles secondaires sont tous campés avec une maîtrise remarquable, de Tognino (l'idiot du village, jouissif, joué par Marco d'Amore) aux serviteurs affolés (part, part pas?) à la pauvre Vittoria (Eva Cambiale), moins sotte qu'il n'y parait d'abord, qui épousera un Guglielmo désabusé.
À la sortie du spectacle, outre la virtuosité de l'interprétation et la magnificence d'une scénographie dépouillée mais efficace, une chose frappe: la pertinence d'un texte écrit en 1761 et qui ne semble pas avoir pris une ride. Nous connaissons tous des gens qui misent avant tout sur le paraître et sont prêts à s'endetter pour s'offrir un voyage ou camoufler un certain vague à l'âme. Et Giacinta n'est certes pas la seule à se marier par devoir - ou pour faire taire la passion qui la ronge - alors que Leonardo n'espère au fond qu'être tiré d'embarras en profitant de sa dot. Troublant d'actualité...
Deux extraits... Le premier, au début de la deuxième des trois pièces, L'Avventure della villegiatura, qui offre une bonne idée de la présence de Toni Servillo sur scène.
Le second, juste avant le retour en ville, alors que les deux amoureux admettent leurs sentiments, en sachant très bien que ce sera peut-être bien la seule et unique fois.
mercredi 22 septembre 2010
lundi 20 septembre 2010
Une vie à aimer
Au lancement du livre mardi dernier, j'avais averti l'auteur que je ne parlerais pas de ce livre, ayant eu le privilège d'avoir lu de façon critique une copie de travail il y a quelques mois. Je ne pensais pas y replonger illico, me rappelant parfaitement l'articulation du récit, les personnages évoqués... et puis j'ai craqué. Dans le métro, au retour, j'avais repris les premières pages et étais déjà envoûtée par le dernier passage sur lequel j'avais eu le temps de jeter les yeux.
Et puis, hier, comme il faisait si beau, je me suis installée au jardin, le livre à la main, et suis passée au travers en un après-midi. À travers son narrateur Marc-Antoine, prisonnier de son corps depuis un accident qui l'a fauché en pleine cinquantaine, Michel Jean pose un regard d'une délicieuse tendresse sur les femmes, la femme. Il nous rappelle surtout que ce qui nous reste en fin de parcours n'est pas tant la réussite professionnelle, les louanges, une résidence somptueuse ou même le dépassement des limites que les liens établis au fil des ans. Un très agréable moment de lecture.
« C'est lorsqu'elle dort qu'une femme est la plus belle, plongée dans ses mystères et ses secrets. Son visage sans fard s'offre, libre de petites tricheries, révèle sa beauté intérieure. Les paupières fermées, gonflées par le sommeil, une nouvelle personne apparaît comme un dessin tracé à l'encre invisible. Endormie, elle retourne à ce qu'elle était enfant et à ce qu'il en reste. » (p. 21)
Et puis, hier, comme il faisait si beau, je me suis installée au jardin, le livre à la main, et suis passée au travers en un après-midi. À travers son narrateur Marc-Antoine, prisonnier de son corps depuis un accident qui l'a fauché en pleine cinquantaine, Michel Jean pose un regard d'une délicieuse tendresse sur les femmes, la femme. Il nous rappelle surtout que ce qui nous reste en fin de parcours n'est pas tant la réussite professionnelle, les louanges, une résidence somptueuse ou même le dépassement des limites que les liens établis au fil des ans. Un très agréable moment de lecture.
dimanche 19 septembre 2010
Les Oscars... en différé
Je l'admets, je ne suis pas très cinéma et préfère de façon générale aller au théâtre, à l'opéra, au ballet ou au concert plutôt que de fréquenter les salles sombres. À l'occasion, je fais exception - souvent quand ce sont des films musicaux, surprise dans la foule - comme avec Le Concert, par exemple, que j'avais beaucoup aimé. Je prévois par contre une très prochaine visite en salle car j'irai certainement voir Incendies, d'après la pièce de Wadji Mouawad, que j'avais adoré (vu et lu). Mais, parfois, aussi, je fais du cinéma « de rattrapage », comme ce fut le cas les deux derniers soirs.
J'ai particulièrement apprécié Shutter Island, que je n'avais pas lu mais qui me donne le goût de découvrir l'auteur plus avant. J'ai aimé cette atmosphère sombre et lumineuse à la fois, cette narration alambiquée, ce double regard constant du réalisateur et des acteurs (j'ai d'ailleurs apprécié les extras qui traitaient du tournage du film) et, oui, il fallait le mentionner, la façon dont la trame sonore, en fait un collage de musiques de Mahler (magnifique mouvement de Quatuor avec piano, œuvre de jeunesse que je ne connaissais pas et que je vous mets ici en lien), John Adams, Ligeti, Penderecki ou Max Richter.
Dans un tout autre registre, j'ai également vu Precious, pas un grand film au niveau cinématographique mais, ciel!, quelle histoire horrible parce que tellement plausible, portrait de la misère humaine à son plus bas dénominateur et, histoire de me remonter le moral après, Up in the air, avec, oui, le beau George Clooney, dans un film charmant, qui suscite quand même la réflexion (comme Juno, film précédent du réalisateur Jason Reitman). Histoire de me sentir « à date » (façon de parler, les Oscars ayant quand même été décernés il y a six mois déjà!), il me reste à visionner The Hurt Locker... mais il y a aussi des livres à lire, du temps à trouver pour m'assoir au piano...
J'ai particulièrement apprécié Shutter Island, que je n'avais pas lu mais qui me donne le goût de découvrir l'auteur plus avant. J'ai aimé cette atmosphère sombre et lumineuse à la fois, cette narration alambiquée, ce double regard constant du réalisateur et des acteurs (j'ai d'ailleurs apprécié les extras qui traitaient du tournage du film) et, oui, il fallait le mentionner, la façon dont la trame sonore, en fait un collage de musiques de Mahler (magnifique mouvement de Quatuor avec piano, œuvre de jeunesse que je ne connaissais pas et que je vous mets ici en lien), John Adams, Ligeti, Penderecki ou Max Richter.
Dans un tout autre registre, j'ai également vu Precious, pas un grand film au niveau cinématographique mais, ciel!, quelle histoire horrible parce que tellement plausible, portrait de la misère humaine à son plus bas dénominateur et, histoire de me remonter le moral après, Up in the air, avec, oui, le beau George Clooney, dans un film charmant, qui suscite quand même la réflexion (comme Juno, film précédent du réalisateur Jason Reitman). Histoire de me sentir « à date » (façon de parler, les Oscars ayant quand même été décernés il y a six mois déjà!), il me reste à visionner The Hurt Locker... mais il y a aussi des livres à lire, du temps à trouver pour m'assoir au piano...
vendredi 17 septembre 2010
Swap musique et littérature
Certaines d'entre vous s'impatientaient légèrement (n'est-ce pas, Margotte?), alors, voilà, je le lance officiellement aujourd'hui: le swap musique et littérature. Pourquoi musique et littérature? Si vous êtes en train de lire ces modestes pages, la réponse semble évidente, non? L'une autant que l'autre ont toujours fait partie de ma vie, peut-être bien parce que j'ai appris à lire les lettres et les portées la même année, allez donc savoir. Alors, je me suis dit que ce serait sympa de pouvoir unir les deux dans un swap.
Le contenu du swap sera le suivant (évidemment, j'émets ici de simples idées directrices, je n'ai pas un ego de chef d'orchestre, moi, je ne suis que pianiste!)
Vous pouvez vous inscrire en laissant un commentaire sur ce billet mais prière aussi de m'envoyer un courriel ici... pour que je puisse vous transmettre le questionnaire dans quelques semaines!
N'hésitez pas à relayer l'information sur vos blogues respectifs, bien sûr! :)
Merci de me préciser si vous ne souhaitez pas envoyer de paquet à l'étranger (les tarifs Québec-Europe peuvent être parfois assez prohibitifs, fort malheureusement...)
Au plaisir de vous compter parmi nous!
Inscriptions confirmées:
Lucie - Liceal - Kikine - aBeiLLe
Margotte - Gwenn - Patacaisse -
Quelques suggestions de livres pour vous inspirer (cette liste n'est en rien exhaustive, bien évidemment)...
Roman
Maria Angel Aglada, Le violon d’Auschwitz
Alessandro Barrico, Novecento, pianiste
Claude Beausoleil, Black Billie
Ketil Bjornstad, La société des jeunes pianistes
Ketil Bjornstad, L’appel de la rivière
André Brink, Appassionata
Arièle Butaux, Violon amer
Christine Devars, Le piano désaccordé
Jean Diwo, Les violons du roi
Christiane Duchesne, L’île au piano
Maxence Fermine, Le violon noir
Timothy Findley, La fille de l’homme au piano
Alain Fleischer, La hache et le violon
Steven Galloway, Le violoncelliste de Sarajevo
Nicolas Gilbert, Le récital
Nicolas Gilbert, Le joueur de triangle
Valentine Goby, La corde sensible
Jules Grasset, Les violons du diable
Peter Hoeg, La petite fille silencieuse
Nancy Huston, Prodige
Nancy Huston, Les variations Goldberg
Selma Lagerlof, Le violon du fou
Janice Y K Lee, Le professeur de piano
Francis Malka, Le violoncelliste sourd
Réal Larochelle, Lenny Bernstein au Parc Lafontaine
Robert Marcel Lepage, Le piano de neige
Tomas Eloy Martinez, Le chanteur de tango
Daniel Mason, L’accordeur de piano
Pascal Mercier, L’accordeur de pianos
Pascal Mercier, Léa
Anna Moi, Violon
Marc Ory, Zanipolo
Yoko Ogawa, Les tendres plaintes
Éloi Paré, Sonate en fou mineur
Jose Luis Peixote, Le cimetière de pianos
Richard Powers, Le temps où nous chantions
Yann Queffélec, Le piano de ma mère
Anne Rice, Le violon
Anne Rice, La voix des anges
Horatio Salas, Le tango
Vikram Seth, Quatuor
Ayelet Shamir, Un piano en hiver
Igal Shamir, Le violon d’Hitler
Joel Schmidt, La vengeance du piano
Stendhal, Lettres sur Haydn, de Mozart et de Métastase
Anne H Tallec, Le maître et le violoncelle
Jules Verne, M. Ré dièse et Mlle Mi bémol
Gabrielle Vincent, Le violoniste
BD
Louis Joos, Un piano
Philemon, Piano sauvage
Tommy Redolfi, Le violon de Crémone
Jeunesse
Enid Blyton, Le violon du Clan des Sept
Paul-Jacques Bonzon, Les six compagnons et le piano à queue
Maurine F Dahlberg, Le maître de piano
Marie Saint-Dizier, Ne jouez pas sur mon piano
Sonia Sarfati, Piano, tricot et jeux vidéo
Olivier Silloray, Le grand piano noir
Gilles Vigneault, Le piano muet
Le contenu du swap sera le suivant (évidemment, j'émets ici de simples idées directrices, je n'ai pas un ego de chef d'orchestre, moi, je ne suis que pianiste!)
- 1 ou 2 livres (une liste de titres vous est fournie plus bas, n'hésitez pas à y intégrer d'autres suggestions) et/ou 1 CD et/ou 1 DVD (ceux et celles qui, comme moi, adorent les comédies musicales, ne se plaindront pas)
- 1 coup de cœur musical et/ou littéraire (un disque de Leonard Cohen pourrait certes entrer dans ces deux catégories à la fois par exemple) qui vous représente, vous, et que vous voudriez faire partager à votre swappée. Ce peut être aussi bien un livre qu'un calepin avec une citation qui vous parle tout particulièrement ou une photo de votre artiste préféré... Soyez créatifs!
- Une (quelques) gourmandise(s) parce qu'il ne faut pas uniquement nourrir l'esprit mais le corps aussi, c'est bien connu.
- Inscriptions: jusqu'au 4 octobre
- Envoi des questionnaires: 6 ou 7 octobre
- Date limite pour répondre au questionnaire: 18 octobre
- Réception du questionnaire de votre swappé(e): entre le 20 et le 22 octobre
- Envoi des colis: entre le 10 et le 15 novembre (selon la rapidité des Postes dans votre pays respectif)
- Publication des billets: 22 novembre, jour de la fête de Sainte-Cécile, patronne des musiciens
Vous pouvez vous inscrire en laissant un commentaire sur ce billet mais prière aussi de m'envoyer un courriel ici... pour que je puisse vous transmettre le questionnaire dans quelques semaines!
N'hésitez pas à relayer l'information sur vos blogues respectifs, bien sûr! :)
Merci de me préciser si vous ne souhaitez pas envoyer de paquet à l'étranger (les tarifs Québec-Europe peuvent être parfois assez prohibitifs, fort malheureusement...)
Au plaisir de vous compter parmi nous!
Inscriptions confirmées:
Lucie - Liceal - Kikine - aBeiLLe
Margotte - Gwenn - Patacaisse -
Quelques suggestions de livres pour vous inspirer (cette liste n'est en rien exhaustive, bien évidemment)...
Roman
Maria Angel Aglada, Le violon d’Auschwitz
Alessandro Barrico, Novecento, pianiste
Claude Beausoleil, Black Billie
Ketil Bjornstad, La société des jeunes pianistes
Ketil Bjornstad, L’appel de la rivière
André Brink, Appassionata
Arièle Butaux, Violon amer
Christine Devars, Le piano désaccordé
Jean Diwo, Les violons du roi
Christiane Duchesne, L’île au piano
Maxence Fermine, Le violon noir
Timothy Findley, La fille de l’homme au piano
Alain Fleischer, La hache et le violon
Steven Galloway, Le violoncelliste de Sarajevo
Nicolas Gilbert, Le récital
Nicolas Gilbert, Le joueur de triangle
Valentine Goby, La corde sensible
Jules Grasset, Les violons du diable
Peter Hoeg, La petite fille silencieuse
Nancy Huston, Prodige
Nancy Huston, Les variations Goldberg
Selma Lagerlof, Le violon du fou
Janice Y K Lee, Le professeur de piano
Francis Malka, Le violoncelliste sourd
Réal Larochelle, Lenny Bernstein au Parc Lafontaine
Robert Marcel Lepage, Le piano de neige
Tomas Eloy Martinez, Le chanteur de tango
Daniel Mason, L’accordeur de piano
Pascal Mercier, L’accordeur de pianos
Pascal Mercier, Léa
Anna Moi, Violon
Marc Ory, Zanipolo
Yoko Ogawa, Les tendres plaintes
Éloi Paré, Sonate en fou mineur
Jose Luis Peixote, Le cimetière de pianos
Richard Powers, Le temps où nous chantions
Yann Queffélec, Le piano de ma mère
Anne Rice, Le violon
Anne Rice, La voix des anges
Horatio Salas, Le tango
Vikram Seth, Quatuor
Ayelet Shamir, Un piano en hiver
Igal Shamir, Le violon d’Hitler
Joel Schmidt, La vengeance du piano
Stendhal, Lettres sur Haydn, de Mozart et de Métastase
Anne H Tallec, Le maître et le violoncelle
Jules Verne, M. Ré dièse et Mlle Mi bémol
Gabrielle Vincent, Le violoniste
BD
Louis Joos, Un piano
Philemon, Piano sauvage
Tommy Redolfi, Le violon de Crémone
Jeunesse
Enid Blyton, Le violon du Clan des Sept
Paul-Jacques Bonzon, Les six compagnons et le piano à queue
Maurine F Dahlberg, Le maître de piano
Marie Saint-Dizier, Ne jouez pas sur mon piano
Sonia Sarfati, Piano, tricot et jeux vidéo
Olivier Silloray, Le grand piano noir
Gilles Vigneault, Le piano muet
mercredi 15 septembre 2010
Brigitte des Colères
Certains romans nous happent instantanément, question de propos, de style, de rythme. D’autres nous ennuient dès les premières pages. Parfois, on y croit et on se trouve récompensé de nos efforts; à d’autres moments, on abdique. Parfois, on a affaire à une très curieuse expérience, qui vous fait tour à tour aimer un texte et le détester : voilà l’impression que m’a laissée Brigitte des Colères, un premier roman à la prémisse pourtant sympathique.
J’aurais voulu aimer cette jeune fille à la vie tranquille mais à l’imagination foisonnante, pyromane, complètement décalée, qui signe ses copies d’examen Ted Bundy, écrit des lettres enflammées à un tueur en série qui sévit dans les Basses-Laurentides, palpite pour un beau guitariste grunge et écoute du Schoenberg. (Oui, les deux derniers éléments sont essentiels, évidemment.) J’aurais aimé retrouver une certaine jeunesse perdue – ou du moins son illusion – tout en me plongeant dans un vécu dont je ne connais rien, où les adolescents aident leur père à mettre à bas un veau, doivent accepter de voir mourir une vache enlisée ou passent la nuit dans un cimetière isolé. J’aurais souhaité suivre l’auteur sans hésitation, simplement charmée par une narration efficace. Mais la magie n’a pas opéré pour moi, en grande partie parce que je n’ai pas su me glisser dans le rythme imposé par Jérôme Lafond qui, en deux phrases, nous fait basculer d’une certaine tendresse à l’énervement.
Que Brigitte délire et écrive des lettres à un tueur, soit. Qu’elle se pâme sur le beau gosse de l’école et ignore les œillades enamourées de son meilleur ami, d’accord. Qu’elle en profite pour jeter un regard caustique sur une certaine tranche de la société québécoise, pourquoi pas. Mais qu’elle nous propose un horoscope bidon au milieu d’un cours ennuyeux, vraiment? Qu’elle songe à mettre sur pied une nouvelle religion? Qu’elle joue la manipulatrice un instant et la fragilisée le suivant? Je comprends bien que l’adolescence est une période trouble pendant laquelle s’affolent les hormones, mais le style de l’auteur avait-il besoin d’en subir les contrecoups? Malgré une lecture montagnes russes, je me suis accrochée et là, à la toute fin, j’ai ressenti, succombé, frémi face aux hasards de la vie, cédé à une écriture maîtrisée qui, enfin, s’était trouvée. Dommage que cette révélation se soit révélée si tardive…
Les autres collaborateurs de La Recrue seront vraisemblablement moins ronchons que moi. À lire ici...
J’aurais voulu aimer cette jeune fille à la vie tranquille mais à l’imagination foisonnante, pyromane, complètement décalée, qui signe ses copies d’examen Ted Bundy, écrit des lettres enflammées à un tueur en série qui sévit dans les Basses-Laurentides, palpite pour un beau guitariste grunge et écoute du Schoenberg. (Oui, les deux derniers éléments sont essentiels, évidemment.) J’aurais aimé retrouver une certaine jeunesse perdue – ou du moins son illusion – tout en me plongeant dans un vécu dont je ne connais rien, où les adolescents aident leur père à mettre à bas un veau, doivent accepter de voir mourir une vache enlisée ou passent la nuit dans un cimetière isolé. J’aurais souhaité suivre l’auteur sans hésitation, simplement charmée par une narration efficace. Mais la magie n’a pas opéré pour moi, en grande partie parce que je n’ai pas su me glisser dans le rythme imposé par Jérôme Lafond qui, en deux phrases, nous fait basculer d’une certaine tendresse à l’énervement.
Que Brigitte délire et écrive des lettres à un tueur, soit. Qu’elle se pâme sur le beau gosse de l’école et ignore les œillades enamourées de son meilleur ami, d’accord. Qu’elle en profite pour jeter un regard caustique sur une certaine tranche de la société québécoise, pourquoi pas. Mais qu’elle nous propose un horoscope bidon au milieu d’un cours ennuyeux, vraiment? Qu’elle songe à mettre sur pied une nouvelle religion? Qu’elle joue la manipulatrice un instant et la fragilisée le suivant? Je comprends bien que l’adolescence est une période trouble pendant laquelle s’affolent les hormones, mais le style de l’auteur avait-il besoin d’en subir les contrecoups? Malgré une lecture montagnes russes, je me suis accrochée et là, à la toute fin, j’ai ressenti, succombé, frémi face aux hasards de la vie, cédé à une écriture maîtrisée qui, enfin, s’était trouvée. Dommage que cette révélation se soit révélée si tardive…
Les autres collaborateurs de La Recrue seront vraisemblablement moins ronchons que moi. À lire ici...
lundi 13 septembre 2010
Attention: ce billet peut contenir des couinements
Elle est trop forte, la Kikine, grande manitou derrière le swap de la rentrée. En effet, j'attendais un paquet québécois. Comme il n'y avait que trois inscrites de ce côté-ci de la mare et que je savais que ce n'était pas Kikine ma swappeuse - mais elle était ma swappée -, j'avais additionné 1+1=2. Erreur, Watson! Ma swappeuse est lirevasion, une prof de maths (qui ne sera pas épatée par mon esprit de déduction, hum...) qui aime la lecture, le cinéma et les loisirs créatifs et dont je découvre le blogue avec plaisir!
Alors, qu'y avait-il donc dans cette énorme colissimo? Une série de jolis paquets enveloppés dans du papier bleu. Avant déballage, voici le coup d'œil, alors que les objets envahissent mon banc de piano.
J'y intègre les deux enveloppes, trop mignonnes.
Je suis délinquante, mais quand même, je sais suivre des instructions et ouvre donc tout d'abord cette charmante carte fait maison.
Et puis, maintenant, le contenu déballé. (Malheureusement, ce blogue n'est pas encore disponible en version HC pour hauts couinements... vous ne pourrez donc pas entendre les oh! et les ha! pendant que je déballais chaque objet avec une belle minutie.)
D'abord les livres, Entre les murs de François Bégaud, que je n'osais pas demander spécifiquement (histoire de laisser quand même une certaine latitude à ma swappeuse!) mais qui me faisait de l'œil terriblement. Également, un livre de Yoko Ogawa, auteur fétiche de ma copine Wictoria, La formule préférée du professeur, un livre que ma swappeuse dit avoir beaucoup aimé.
Maintenant, rentrée veut dire fournitures, bien sûr! Des crayons triplus de Staedler, dans des couleurs complémentaires à celles que j'avais déjà dans l'un de mes nombreux pots à crayons, un joli crayon mine, un mignon carnet « d'école buissonnière » (tout à fait moi, ça!) et un marque-page faite des blanches mains de ma swappeuse, avec une très jolie citation (et moi qui les collectionne en plus).
Avant de passer à la gâterie (que j'ai hâte de savourer, tout de suite après mon lunch!), de savoureux biscuits, l'objet avec un grand O, qui deviendra certainement fétiche et qui a déjà pris position sur le lutrin de mon piano d'enseignement: une règle clé de sol et clé de fa! Trop fort! Je sais que les petits vont l'adopter en quelques secondes (et qu'elle me servira bien, surtout du côté clé de fa, toujours un cauchemar avec les débutants!)
Merci donc Gwenaelle!
Alors, qu'y avait-il donc dans cette énorme colissimo? Une série de jolis paquets enveloppés dans du papier bleu. Avant déballage, voici le coup d'œil, alors que les objets envahissent mon banc de piano.
J'y intègre les deux enveloppes, trop mignonnes.
Je suis délinquante, mais quand même, je sais suivre des instructions et ouvre donc tout d'abord cette charmante carte fait maison.
Et puis, maintenant, le contenu déballé. (Malheureusement, ce blogue n'est pas encore disponible en version HC pour hauts couinements... vous ne pourrez donc pas entendre les oh! et les ha! pendant que je déballais chaque objet avec une belle minutie.)
D'abord les livres, Entre les murs de François Bégaud, que je n'osais pas demander spécifiquement (histoire de laisser quand même une certaine latitude à ma swappeuse!) mais qui me faisait de l'œil terriblement. Également, un livre de Yoko Ogawa, auteur fétiche de ma copine Wictoria, La formule préférée du professeur, un livre que ma swappeuse dit avoir beaucoup aimé.
Maintenant, rentrée veut dire fournitures, bien sûr! Des crayons triplus de Staedler, dans des couleurs complémentaires à celles que j'avais déjà dans l'un de mes nombreux pots à crayons, un joli crayon mine, un mignon carnet « d'école buissonnière » (tout à fait moi, ça!) et un marque-page faite des blanches mains de ma swappeuse, avec une très jolie citation (et moi qui les collectionne en plus).
Avant de passer à la gâterie (que j'ai hâte de savourer, tout de suite après mon lunch!), de savoureux biscuits, l'objet avec un grand O, qui deviendra certainement fétiche et qui a déjà pris position sur le lutrin de mon piano d'enseignement: une règle clé de sol et clé de fa! Trop fort! Je sais que les petits vont l'adopter en quelques secondes (et qu'elle me servira bien, surtout du côté clé de fa, toujours un cauchemar avec les débutants!)
Merci donc Gwenaelle!
dimanche 12 septembre 2010
Brasser le monde
« Je déteste le statu quo. Je refuse l'idée que la vie moderne nous anesthésie et nous endorme. Moi, ce qui m'intéresse, c'est de brasser et de secouer le monde avec un art archaïque et artisanal. En tant qu'artiste vivant à l'époque où je vis, je ne peux pas peindre des petits chiens aux yeux tristes ni faire des tableaux décoratifs. Il faut que ça marque, que ça laisse une trace. »
Le peintre et auteur Marc Séguin, dans un portrait fascinant paru dans La Presse du week-end. Pour lire l'article...
La toile est sa relecture de Jackson Pollock.
vendredi 10 septembre 2010
Lecture de manuscrits
Ne vous en faites pas trop si vous avez l'impression que je mets beaucoup de temps à lire L'héritage de Tata Lucie (vous admettrez que c'est un titre prédestiné pour moi)... c'est que, au travers de cette lecture, j'ai aussi sur ma table de lecture trois manuscrits. Ce ne sont pas les premiers - ni les derniers, souhaitons-le. J'ai même eu le plaisir d'apprendre récemment que deux manuscrits (ou tapuscrits selon la terminologie acceptée quand on parle d'un document informatique) auxquels j'ai collaboré se retrouvent en nomination pour le Prix Senghor, prix littéraire créé en 2006 décerné à un premier roman francophone: Les Murs d'Olivia Tapiero (déjà prix Robert-Cliche 2009) et Adieu vert paradis d'Alexandre Lazaridès (considéré pour le Robert-Cliche 2008). Histoire de rendre ce sujet brûlant d'actualité, un autre livre que j'ai eu le privilège de lire sous une forme préliminaire sera lancé dans les prochains jours.
Je vous rassure; je n'ai pas l'intention (pour l'instant du moins) de changer de métier et de devenir directrice littéraire. En effet, je serais sans doute beaucoup moins ravie d'exercer mes fonctions si je devais lire tous les projets de roman transmis à un éditeur en particulier. J'aime beaucoup travailler sur un work in progress (si l'enseignement ne l'est pas, je me demande bien ce qui l'est...), percevoir l'évolution d'un texte (ou d'une œuvre musicale travaillée) mais, soyons honnête, serait-ce aussi fascinée si je ne connaissais pas l'auteur personnellement?
Cela ne veut pas dire que je pratique la lecture complaisante. S'ils l'osaient, certains témoigneraient plutôt en ma défaveur là-dessus. Je ne me gêne pas avec le stylo rouge (oui, je suis rétro, je corrige sur des copies papier de façon générale) et les commentaires peuvent parfois sembler acerbes. On y retrouve aussi bien des corrections grammaticales que le relevé d'incohérences (le personnage qui change de nom en cours de roman, par exemple) et je n'y vais pas de main morte avec de lapidaires « kitschissime! », « galvaudé! », « tu te regardes écrire! », « indigestion de verbe être! » ou « je suis perdue: fais quelque chose ». Une amie m'a même transmis son manuscrit récemment (qui n'est même pas un premier roman) en me disant: « Je le sais, tu vas me lapider. » Grossière exagération, car je n'ai aucunement hésité à glisser des sourires dans son texte et quelques A+ quand un passage m'accrochait particulièrement.
En fait, je pratique une lecture « active », qui part de l'irritant léger (fautes d'accord ou coquilles) à l'analyse de la grande forme (de type « j'ai bien compris où tu voulais en venir avec tel personnage mais cet autre manque franchement de profondeur »). Faut-il être complètement désespéré pour m'envoyer un manuscrit? Pas du tout. Je pense que, au fond, les auteurs que j'ai eu le plaisir de lire ainsi (dans certains cas, j'ai lu trois ou quatre versions d'un même texte) savent que les commentaires émis n'ont rien de personnel et qu'ils se veulent purement objectifs, de la même façon que je suis capable d'enseigner le piano à des amis, n'ayant aucune difficulté à « oublier » les secrets partagés pour me concentrer sur l'interprétation entendue. Une fois mon travail complété, je suis ravie de retrouver les auteurs pour un verre, un repas, une conversation. Et quand, quelques mois plus tard (quand tout va bien), je reçois ma copie autographiée, j'ai quand même l'impression qu'il y a une infime partie de moi entre les lignes, ce qui franchement n'est pas désagréable du tout.
Je vous rassure; je n'ai pas l'intention (pour l'instant du moins) de changer de métier et de devenir directrice littéraire. En effet, je serais sans doute beaucoup moins ravie d'exercer mes fonctions si je devais lire tous les projets de roman transmis à un éditeur en particulier. J'aime beaucoup travailler sur un work in progress (si l'enseignement ne l'est pas, je me demande bien ce qui l'est...), percevoir l'évolution d'un texte (ou d'une œuvre musicale travaillée) mais, soyons honnête, serait-ce aussi fascinée si je ne connaissais pas l'auteur personnellement?
Cela ne veut pas dire que je pratique la lecture complaisante. S'ils l'osaient, certains témoigneraient plutôt en ma défaveur là-dessus. Je ne me gêne pas avec le stylo rouge (oui, je suis rétro, je corrige sur des copies papier de façon générale) et les commentaires peuvent parfois sembler acerbes. On y retrouve aussi bien des corrections grammaticales que le relevé d'incohérences (le personnage qui change de nom en cours de roman, par exemple) et je n'y vais pas de main morte avec de lapidaires « kitschissime! », « galvaudé! », « tu te regardes écrire! », « indigestion de verbe être! » ou « je suis perdue: fais quelque chose ». Une amie m'a même transmis son manuscrit récemment (qui n'est même pas un premier roman) en me disant: « Je le sais, tu vas me lapider. » Grossière exagération, car je n'ai aucunement hésité à glisser des sourires dans son texte et quelques A+ quand un passage m'accrochait particulièrement.
En fait, je pratique une lecture « active », qui part de l'irritant léger (fautes d'accord ou coquilles) à l'analyse de la grande forme (de type « j'ai bien compris où tu voulais en venir avec tel personnage mais cet autre manque franchement de profondeur »). Faut-il être complètement désespéré pour m'envoyer un manuscrit? Pas du tout. Je pense que, au fond, les auteurs que j'ai eu le plaisir de lire ainsi (dans certains cas, j'ai lu trois ou quatre versions d'un même texte) savent que les commentaires émis n'ont rien de personnel et qu'ils se veulent purement objectifs, de la même façon que je suis capable d'enseigner le piano à des amis, n'ayant aucune difficulté à « oublier » les secrets partagés pour me concentrer sur l'interprétation entendue. Une fois mon travail complété, je suis ravie de retrouver les auteurs pour un verre, un repas, une conversation. Et quand, quelques mois plus tard (quand tout va bien), je reçois ma copie autographiée, j'ai quand même l'impression qu'il y a une infime partie de moi entre les lignes, ce qui franchement n'est pas désagréable du tout.
mercredi 8 septembre 2010
La trajectoire
Il est Français, rêve de farniente en Espagne mais, par amour, il se retrouve au Québec avec femme et enfant. La trajectoire raconte de l'intérieur - l'auteur, Stéphane Libertad, a adopté les hivers de neige il y a quatre ans - l'histoire d'une immigration, certes, avec les ajustements que le geste exige, mais surtout, l'acceptation de l'approche de la quarantaine et les défis de la paternité quand on voudrait pouvoir s'extraire du quotidien pour écrire.
Il pose un regard sans concession aussi bien sur sa mère-patrie que sur celle d'adoption, intégrant ici et là sacres québécois et patois français. Il se lamente bien sûr sur nos hivers mais il essaie aussi de mieux saisir les rouages d'une structure familiale tricotée serrée, qui multiplie festivités du calendrier (ses descriptions des réveillons de Noël gargantuesques et autres libations excessives causent presque des brûlements d'estomac tellement elles sont caustiques) et rendez-vous improvisés. Il réfléchit surtout à une certaine masculinité, à la fois heureuse d'assumer ses droits et privilèges de père (le récit des semaines passées à soutenir son poupon aux soins intensifs respirent la tendresse) mais bien évidemment tiraillée par les contraintes que celle-ci exerce sur un processus créateur qui requiert une certaine liberté de mouvement, sinon d'esprit.
L'auteur n'hésite pas à égratigner au passage convenances sociales, tics de société ou à partager l'agacement envers une vie de couple pourtant choisie. Même si directe, l'écriture n'est pas dépouillée d'une grande souplesse, ce qui à la fois nous questionne et nous convainc sans peine de poursuivre notre lecture. L'auteur saura-t-il être aussi efficace en abordant un sujet qui le touche d'un peu moins près? Je serai très tentée de le découvrir.
J'en profite pour souligner au passage le virage pris par la collection Hamac de Septentrion qui mise maintenant sur des photos soignées plutôt qu'une couverture plus dépouillée pour attirer l'œil du lecteur. L'objet devient tout à coup plus incarné dans une certaine contemporanéité ma fois fort attrayante.
Il pose un regard sans concession aussi bien sur sa mère-patrie que sur celle d'adoption, intégrant ici et là sacres québécois et patois français. Il se lamente bien sûr sur nos hivers mais il essaie aussi de mieux saisir les rouages d'une structure familiale tricotée serrée, qui multiplie festivités du calendrier (ses descriptions des réveillons de Noël gargantuesques et autres libations excessives causent presque des brûlements d'estomac tellement elles sont caustiques) et rendez-vous improvisés. Il réfléchit surtout à une certaine masculinité, à la fois heureuse d'assumer ses droits et privilèges de père (le récit des semaines passées à soutenir son poupon aux soins intensifs respirent la tendresse) mais bien évidemment tiraillée par les contraintes que celle-ci exerce sur un processus créateur qui requiert une certaine liberté de mouvement, sinon d'esprit.
L'auteur n'hésite pas à égratigner au passage convenances sociales, tics de société ou à partager l'agacement envers une vie de couple pourtant choisie. Même si directe, l'écriture n'est pas dépouillée d'une grande souplesse, ce qui à la fois nous questionne et nous convainc sans peine de poursuivre notre lecture. L'auteur saura-t-il être aussi efficace en abordant un sujet qui le touche d'un peu moins près? Je serai très tentée de le découvrir.
J'en profite pour souligner au passage le virage pris par la collection Hamac de Septentrion qui mise maintenant sur des photos soignées plutôt qu'une couverture plus dépouillée pour attirer l'œil du lecteur. L'objet devient tout à coup plus incarné dans une certaine contemporanéité ma fois fort attrayante.
lundi 6 septembre 2010
Opération séduction
Le petit voisin est venu pour une première leçon vendredi. Il s'est avancé vers le piano sans aucune réticence, comme s'il savait exactement quoi faire avec l'instrument. Il s'est assis sans se faire prier. J'ai commencé par tenter de mieux la connaître: sa matière préférée (les maths), celle qu'il aime moins (la grammaire). J'ai su qu'il avait bien aimé être dans la chorale l'année dernière, qu'il écoutait parfois de la musique de piano à la maison, dont celle de Beethoven. À huit ans? J'étais déjà épatée... Et là, coup de massue, j'apprends qu'il n'a pas (encore) d'instrument chez lui, même pas un clavier électronique de troisième zone. Désenchantement instantané! Je lui ai expliqué que c'était essentiel mais que dans les prochains jours, en attendant, il pourrait s'inviter chez moi si nécessaire.
Samedi après-midi, je suis au jardin avec un collègue de La Recrue passé ramasser un titre et son amie. Tout à coup, j'entends sonner à la porte. Je me lève, perplexe, n'attendant personne. C'est lui, son cahier sous le bras, décidé à foncer vers l'instrument. J'ai souri, l'ai installé dans mon local, ai refermé la porte un tantinet et suis retournée au jardin. Pendant près de 25 minutes, il a répété ses quatre petits morceaux, de façon concentrée. (La fenêtre était ouverte et, oui, hum, n'est-ce pas, mon oreille suivait le tout, tout en restant concentrée sur la conversation en cours...)
J'ai raccompagné les visiteurs, lui ai indiqué qu'il avait bien travaillé, que je considérais que c'était assez pour la journée. Il m'a regardée et m'a posé la question qui tue: « Toi, tu sais jouer? » J'ai pouffé de rire et lui ai expliqué que ce serait sans doute plus prudent si je voulais lui enseigner, non? « Ah oui, tu as raison... Est-ce que tu pourrais me jouer quelque chose? » Comment résister? J'ai décidé de le prendre par les sentiments, en lui jouant du Beethoven, justement, Für Elise, qu'il a reconnu tout de suite, bien sûr. Visiblement ravi de mon interprétation, il a poussé la gourmandise en me demandant un autre morceau, « juste un autre ». Je lui ai cette fois joué le Rondo alla turca de Mozart. (Je sais, ce devrait être interdit de sortir l'artillerie lourde comme ça devant un si jeune garçon!) Complètement fasciné par la vitesse de réaction de mes doigts, il a soupiré et m'a dit: « Tu crois qu'un jour, je vais pouvoir jouer comme ça? » Si tu travailles, mais, bien sûr... J'espère secrètement qu'il passera de nouveau aujourd'hui.
Samedi après-midi, je suis au jardin avec un collègue de La Recrue passé ramasser un titre et son amie. Tout à coup, j'entends sonner à la porte. Je me lève, perplexe, n'attendant personne. C'est lui, son cahier sous le bras, décidé à foncer vers l'instrument. J'ai souri, l'ai installé dans mon local, ai refermé la porte un tantinet et suis retournée au jardin. Pendant près de 25 minutes, il a répété ses quatre petits morceaux, de façon concentrée. (La fenêtre était ouverte et, oui, hum, n'est-ce pas, mon oreille suivait le tout, tout en restant concentrée sur la conversation en cours...)
J'ai raccompagné les visiteurs, lui ai indiqué qu'il avait bien travaillé, que je considérais que c'était assez pour la journée. Il m'a regardée et m'a posé la question qui tue: « Toi, tu sais jouer? » J'ai pouffé de rire et lui ai expliqué que ce serait sans doute plus prudent si je voulais lui enseigner, non? « Ah oui, tu as raison... Est-ce que tu pourrais me jouer quelque chose? » Comment résister? J'ai décidé de le prendre par les sentiments, en lui jouant du Beethoven, justement, Für Elise, qu'il a reconnu tout de suite, bien sûr. Visiblement ravi de mon interprétation, il a poussé la gourmandise en me demandant un autre morceau, « juste un autre ». Je lui ai cette fois joué le Rondo alla turca de Mozart. (Je sais, ce devrait être interdit de sortir l'artillerie lourde comme ça devant un si jeune garçon!) Complètement fasciné par la vitesse de réaction de mes doigts, il a soupiré et m'a dit: « Tu crois qu'un jour, je vais pouvoir jouer comme ça? » Si tu travailles, mais, bien sûr... J'espère secrètement qu'il passera de nouveau aujourd'hui.
vendredi 3 septembre 2010
Pentaèdre: le plaisir de jouer ensemble
La prise de rendez-vous avec les cinq membres du quintette Pentaèdre relevait de l’exploit. Difficile en effet de gérer les vacances des uns et les engagements professionnels des autres, Normand Forget et Martin Carpentier participant aux Rencontres de musique nouvelle au Domaine Forget et Mathieu Lussier assumant les fonctions de directeur artistique du Festival international de musique baroque de Lamèque. Quand on ajoute les obligations familiales, les préparatifs de la rentrée (en tant qu’enseignants ou parents), le temps à gruger pour travailler son instrument, cela frise l’impossibilité. Les agendas enfin synchronisés, les cinq complices se retrouvent dans un bar de quartier, loin des circuits balisés, avec une joie presque effervescente. Des partitions circulent, quelques indications sont intégrées. Dans un enchevêtrement de conversations, on discute d’horaires de répétition, on encourage avec le sourire Louis-Philippe Marsolais, récemment papa, quand on semble d’un seul coup se rappeler que la rencontre a en principe été fixée pour répondre à d’autres impératifs : tenter un bilan, à l’aube de la 25e saison du quintette.
On sonne la fin de la récréation, mais pas pour longtemps. Dans une remarquable polyphonie, tout au long de l’entretien, les cinq musiciens compléteront les phrases de l’un ou de l’autre, ouvriront la porte aux souvenirs et démontreront hors de tout doute que les liens tissés vont bien plus loin que la simple association professionnelle. « C’est le plaisir d’être ensemble, de savoir que, dès la première note, cela fonctionnera tout de suite », avance le directeur artistique Louis-Philippe Marsolais. « Nous avons envie de dépasser la simple mise en place, de connaître les autres, précise le bassoniste Mathieu Lussier. Nous aimons savoir que, même de dos, juste en entendant respirer Danielle, nous serons parfaitement ensemble – ou que Louis-Philippe et moi ne serons pas d’accord à la première répétition. » Ce dernier conclut en souriant, sans chercher à s’en excuser : « Il y a plusieurs chefs et pas beaucoup d’Indiens. »
Vous pouvez lire la suite de cet entretien que m'ont accordé les cinq membres de Pentaèdre dans la toute dernière édition, disponible aujourd'hui, de La Scena Musicale, à la page 26... C'est rafraîchissant (et trop rare...) de rencontrer des musiciens professionnels qui dégagent une telle complicité!
On sonne la fin de la récréation, mais pas pour longtemps. Dans une remarquable polyphonie, tout au long de l’entretien, les cinq musiciens compléteront les phrases de l’un ou de l’autre, ouvriront la porte aux souvenirs et démontreront hors de tout doute que les liens tissés vont bien plus loin que la simple association professionnelle. « C’est le plaisir d’être ensemble, de savoir que, dès la première note, cela fonctionnera tout de suite », avance le directeur artistique Louis-Philippe Marsolais. « Nous avons envie de dépasser la simple mise en place, de connaître les autres, précise le bassoniste Mathieu Lussier. Nous aimons savoir que, même de dos, juste en entendant respirer Danielle, nous serons parfaitement ensemble – ou que Louis-Philippe et moi ne serons pas d’accord à la première répétition. » Ce dernier conclut en souriant, sans chercher à s’en excuser : « Il y a plusieurs chefs et pas beaucoup d’Indiens. »
Vous pouvez lire la suite de cet entretien que m'ont accordé les cinq membres de Pentaèdre dans la toute dernière édition, disponible aujourd'hui, de La Scena Musicale, à la page 26... C'est rafraîchissant (et trop rare...) de rencontrer des musiciens professionnels qui dégagent une telle complicité!
mercredi 1 septembre 2010
Journal irrévérencieux d'une mère normale
Être mère au foyer, de nos jours, n'est pas une sinécure. Pas tant que le « travail » impliqué ait changé tant que cela au fil des ans, mais la perception des autres est souvent devenue plutôt péjorative, ce qui est bien dommage. Quand on fait le choix de consacrer quelques années à ses enfants et - ciel! - refuse de les mettre en garderie, on aura droit à regards courroucés ou au moins totalement incompréhensifs. « Quoi? tu ne travailles pas? », « Tu ne t'ennuies pas, toute seule avec les enfants? », « Tu n'as pas l'impression que ton cerveau fond? Je ne sais pas comment tu fais! » ne sont que quelques-uns des poncifs assenés régulièrement à la « pauvre » mère.
Dans son Journal irrévérencieux d'une mère normale, Véronique Fortin ose briser l'isolement, tente de déboulonner quelques préjugés tenaces et le fait de façon non seulement convaincante mais surtout attrayante. Elle y évoque aussi bien la frénésie de l'heure qui précède le souper (la pire de toutes, comme chacune sait) ou les nuits blanches (je serais incapable d'y faire face maintenant) que ses hésitations envers ses aptitudes de mère. Au fil de courts chapitres (retravaillés à partir de textes parus sur son blogue), elle nous fait souvent rire aux éclats (savoureux dialogue entre mère et fillette qui feint la maladie pour rater l'école ou les craquantes « photos de famille », instantanés charmants intégrés ça et là dans le texte) mais n'hésite pas à aborder la part sombre du rôle de mère. Le recul qu'elle doit prendre par exemple face à la petite correction physique qu'elle inflige à sa fille (presque rien, au fond, mais qui génère un poids de culpabilité certaine chez quiconque est passé par là) est admirablement rendu, de même que ses questionnements face à l'« après », quand les petites poursuivront toutes les deux leur éducation.
J'aurais aimé que jadis, on me glisse en douce entre les mains un tel livre, joliment illustré par Rémy Simard, dont j'ai toujours apprécié le coup de crayon. En ces instants où je considérais sérieusement déposer les deux garnements dans un sac vert et me sauver en courant, de savoir que, bien sûr, je n'étais pas seule dans cette galère, aurait peut-être apporté un bienvenu répit de quelques instants à ma journée - et à ma santé mentale. À voir le nombre de ventres bombés que je croise depuis quelque temps - témoin éloquent du baby-bump qui fleurit au Québec -, l'auteure ne devrait pas manquer de lectrices... et, rêvons un instant, si on le glissait aussi dans les mains de ces messieurs...
Merci à l'opération Masse critique lancée par le chapitre québécois de Babelio pour cette lecture. Je l'offrirai sans hésiter la prochaine fois que je serai invitée à un shower de bébé.
Dans son Journal irrévérencieux d'une mère normale, Véronique Fortin ose briser l'isolement, tente de déboulonner quelques préjugés tenaces et le fait de façon non seulement convaincante mais surtout attrayante. Elle y évoque aussi bien la frénésie de l'heure qui précède le souper (la pire de toutes, comme chacune sait) ou les nuits blanches (je serais incapable d'y faire face maintenant) que ses hésitations envers ses aptitudes de mère. Au fil de courts chapitres (retravaillés à partir de textes parus sur son blogue), elle nous fait souvent rire aux éclats (savoureux dialogue entre mère et fillette qui feint la maladie pour rater l'école ou les craquantes « photos de famille », instantanés charmants intégrés ça et là dans le texte) mais n'hésite pas à aborder la part sombre du rôle de mère. Le recul qu'elle doit prendre par exemple face à la petite correction physique qu'elle inflige à sa fille (presque rien, au fond, mais qui génère un poids de culpabilité certaine chez quiconque est passé par là) est admirablement rendu, de même que ses questionnements face à l'« après », quand les petites poursuivront toutes les deux leur éducation.
J'aurais aimé que jadis, on me glisse en douce entre les mains un tel livre, joliment illustré par Rémy Simard, dont j'ai toujours apprécié le coup de crayon. En ces instants où je considérais sérieusement déposer les deux garnements dans un sac vert et me sauver en courant, de savoir que, bien sûr, je n'étais pas seule dans cette galère, aurait peut-être apporté un bienvenu répit de quelques instants à ma journée - et à ma santé mentale. À voir le nombre de ventres bombés que je croise depuis quelque temps - témoin éloquent du baby-bump qui fleurit au Québec -, l'auteure ne devrait pas manquer de lectrices... et, rêvons un instant, si on le glissait aussi dans les mains de ces messieurs...
Merci à l'opération Masse critique lancée par le chapitre québécois de Babelio pour cette lecture. Je l'offrirai sans hésiter la prochaine fois que je serai invitée à un shower de bébé.