J'aime quand je pars au concert sans savoir ce qui m'y attend. Et parfois - comme jeudi dernier -, cela laisse place aux surprises agréables des premiers instants à la fin de la soirée. En effet, mon ami Michel Fournier m'avait invitée à la deuxième présentation d'un tout nouveau programme monté en collaboration avec NEMESIS, ensemble de percussion de Sherbrooke. J'étais déjà gagnée à l'avance et avais hâte de découvrir comment le jeu subtil du pianiste se marierait à une masse sonore de percussions.
Premier coup de cœur: le lieu du concert. Niché dans le Vieux Saint-Eustache, le Centre d'art La petite église est des plus invitants... et j'ai découvert que plusieurs artistes québécois des plus connus (dont Fred Pellerin, Kevin Parent ou Pierre Lapointe, par exemple) s'y produisaient à des taris très concurrentiels! Le lieu, qui possède un cachet remarquable, accueille un très intime 250 personnes et le service de bar est proposé. À n'en point douter, j'y retournerai!
Deuxième coup de cœur: le spectacle lui-même. Après une courte première partie (qui mettait en vedette Yogane Lacombe, jeune pianiste qui fait de plus en plus parler d'elle dans les Laurentides), nous avons pu découvrir le concept de la soirée: raconter en musique, à travers des airs classiques, du jazz, des compositions originales, en formations à géométrie variable, l'ascension du Mont Mégantic, une journée d'août, histoire de pouvoir être récompensé de l'« effort » par la contemplation d'une pluie des Perséides. Pour ceux qui connaissent le répertoire classique symphonique, un parallèle s'établit aussitôt avec la Symphonie alpestre de Richard Strauss (qui « suit » la vie d'une montagne pendant 24 heures) mais là s'arrêtera la comparaison.
Le spectacle se présente comme un parcours, les pièces s'enchaînant très souvent les unes aux autres (ce qui oblige le public à retenir ses applaudissements). On passe ainsi de Bach (l'amorce de la Toccate et fugue en ré mineur puis un mouvement du concerto pour clavier dans la même tonalité) à une pièce d'inspiration africaine mettant en vedette le côté plus tribal des percussions à des bribes de Mozart ou au sublime mouvement lent du Concerto de Ravel, dans lequel les sept percussionnistes endossent avec brio le rôle de l'orchestre (un marimba et un vibraphone joués avec un archet peuvent produire des sons absolument célestes, la résonance veloutée de l'instrument étant magnifiée par ce geste en apparence anachronique). Je tiens d'ailleurs à saluer ici la qualité des arrangements et des créations de Thierry Pilote, qui ont su mettre en lumière les capacités multiples des percussions.
On a aussi droit à de très belles pages où le piano brille de tous ses feux: le thème d'On Golden Pound, la conclusion du Clair de lune de Debussy par exemple ou lorsqu'il dialogue avec une caisse claire traitée aux balais dans Young Love d'Errol Garner. Les éclairages absolument magiques d'Augustin Rioux plongent dans un état de communion remarquable avec les œuvres.
Quelques petites réserves à peine... J'aurais peut-être souhaité sentir un peu plus la trame narrative, lâche par moments. On nous avait par exemple annoncé qu'à mi-parcours de l'ascension, on rencontrerait une église... que je crois avoir identifiée mais sans en être certaine à 100 %. Aurait-on dû intégrer quelques projections ponctuelles ou une ou deux phrases inspirées ici ou là? Peut-être. La personne qui m'accompagnait n'ayant en rien perçu ce « flou artistique » comme un handicap, peut-être suis-je simplement trop prosaïque. J'ai aussi eu l'impression que certains moments étaient disposés comme écrins au pianiste, ce qui, là aussi - et même si je trouve le jeu de Michel quasi irréprochable - m'a laissée un peu sur ma faim côté progression de la narration (et de l'ascension). Plusieurs puristes auraient hurlé au sacrilège en entendant certaines de ces juxtapositions. J'ai plutôt considéré chaque pièce comme un instantané d'une journée chaude d'été, passée en agréable compagnie, face à l'immensité de la nature.
Le programme sera repris jeudi prochain, à Saint-Jean-sur-le-Richelieu pour les intéressés. Un vidéo a été tourné il y a quelques jours et devrait pouvoir servir de véhicule de promotion. Ce spectacle doit être vécu par d'autres, cela relève de l'évidence.
Un article paru dans La Tribune...
2 commentaires:
en plein le genre de spectacle que j'aime voir et entendre... je veux être là la prochaine fois!
Je te réserve comme « date » officielle, alors! ;-)
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