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lundi 18 avril 2011

Equus

Il y a de ces textes qui vieillissent difficilement et d'autres qui restent pertinents, défiant presque avec insolence le poids des ans. En assistant à la première d'Equus de Peter Schaffer mercredi dernier, j'ai pu constater que cette pièce pouvait être rangée dans la première catégorie. Oui, on peut avancer que la religion n'occupe peut-être plus un rôle aussi important que chez cette famille anglaise bien sous tout rapport, mais incapable d'exprimer émotions franches et la moindre parcelle d'originalité. Pourtant, cette volonté de se fondre dans la masse est encore bien présente aujourd'hui, même à cette heure de célébrité instantanée et de partage d'émotions à toute heure du jour sur diverses plateformes, rendant les réflexions du psychiatre Martin Dysart d'une criante actualité.

Village Scene Productions propose une lecture assez assurée de la pièce, malgré certains choix moins heureux. L'idée d'utiliser la scène du Rialto et le devant de la salle se révélait intéressante, mais on a peut-être oublié que tous les spectateurs ne pouvaient pas s'assoir au premier rang et que ceux juchés sur des tabourets de bar (plus ou moins confortables pour une production qui dure près de trois heures, entracte compris) devaient souvent faire quelques contorsions pour ne rien rater de l'action. L'idée de faire assoir les acteurs ne participant pas à une scène en périphérie était néanmoins astucieuse, favorisant l'abolition du quatrième mur sans nous distraire du propos principal. Les chorégraphies de chevaux (six jeunes hommes et jeunes femmes à la plastie parfaite, coiffés d'une tête de cheval qui évoquaient astucieusement à la fois l'animal et le masque antique) de Jacqueline Van de Geer m'a certes moins convaincue, distrayant plus que ne complétant le propos, les gestes étant néanmoins adroitement étudiés pour représenter les animaux. Si l'idée d'utiliser l'écran du Rialto pour projeter un extrait du film porno qu'Alan et Jill vont voir m'a semblé par contre excellente, peut-être aurait-on pu aussi l'utiliser à d'autres reprises (comme toile de fond à la folle chevauchée à dos de Nugget, peut-être?).

On saluera ici la présence scénique plus que convaincante des acteurs. (On aurait souhaité une meilleure projection de la part de Nadia Verrucci toutefois, dans le rôle d'Hesther Salomon). Le jeune Bobby Lamont dans le rôle d'Alan Strang nous amène habilement sur le tranchant entre folie et normalité, jeunesse et vieillesse, force brute et troublante fragilité. Noel Burton a donné quant à lui une interprétation remarquable du docteur Martin Dysart, tantôt manipulateur et tantôt profondément secoué par ce que cette confrontation avec lui-même que Strang lui impose. Pas une seule seconde on a senti l'énergie ou la concentration diminuer et le texte a toujours été transmis de façon limpide. Alarey Alsip a su rendre l'aguichante Jill Masson adroitement, tandis que Victoria Barkoff et Clive Brewer ont campé des parents solides.

Une pièce à découvrir ou à se réapproprier, d'ici le 24 avril. Billetterie et information...

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