J'avais vécu une expérience absolument délirante il y a quatre ans, en tant que rédactrice en chef du site Web événementiel de l'événement. Je m'étais tapée tous les récitals de demi-finales (trois ou quatre sur Internet mais les autres en salle), avais vécu la fièvre des finales mais surtout avais fait des rencontres d'une rare intensité, avec certains collaborateurs (une en particulier) et quelques-uns des pianistes.
J'ai revu en novembre Eliane Reyes, une pianiste belge qui possède une superbe musicalité. En fait, elle donnait un récital à Montréal (puis le lendemain, elle accompagnait une chanteuse à Québec) et est venue travailler sur Wolfie (mon piano à queue) pendant quelques heures à son arrivée à Montréal. Même si je ne l'avais pas revue depuis 2004, la connexion était là, intacte.
J'avais aussi été séduite par le jeu du lauréat du Premier grand prix, Sergeï Salov (et sa prestance de rock star... je l'avoue, j'ai fait sécher et gardé pendant des années la rose qu'il m'avait offerte le dernier soir). Dès le premier échange que j'avais eu avec lui, lors du cocktail de bienvenue, j'avais pu déceler l'intensité du personnage, le trouble créateur qui l'anime, la profondeur de ses interrogations et son évidente urgence de vivre. Nos routes se sont croisées à quelques reprises depuis, l'amie de coeur de Sergeï, une pianiste russe qui pourrait faire carrière comme top modèle, habitant Montréal.
Il y a aussi eu Gintaras Janusevicius, un jeune pianiste lithuanien (il avait alors 19 ans), au sourire communicatif. On sentait le plaisir quasi palpable qu'il ressentait à participer au Concours mais j'ai surtout apprécié la grande maturité qui transparaissait dans ses propos (dans un anglais maladroit mais craquant) et son jeu. Dès sa limpide sonate de Haydn et ses miraculeuses Études-tableaux de Rachmaninov en demi-finale, j'étais accro. Son Concerto en la majeur de Mozart, joué en finale, est encore gravé dans ma mémoire musicale, profondément, même si le jury n'a pas semblé sensible à la pure magie qui s'est dégagé de cet instant. Depuis 2004, Gintaras m'envoie de temps en temps des courriels toujours charmants (il est devenu accro de hockey après le Concours et un fervent partisan de l'équipe canadienne lors des tournois internationaux!). Il y a quelques jours, ses souhaits du nouvel an mentionnaient qu'il espérait revenir à Montréal en mai (si sa candidature est retenue, bien sûr). Avec sa signature et ses nombreux numéros de téléphone (il habite Vilnius mais étudie à Hanovre), il y avait un lien vers sa page Myspace et son équivalent lithuanien. Quand j'ai réentendu le Rachmaninov (l'enregistrement « live » de Montréal de 2004), ça donnait une drôle d'impression de retour dans le temps. Quand j'ai entendu le Menuet de Paderewski, enregistré lors d'un concours en 2007, pièce kitsch s'il en est une, absolument métamorphosée, restaurée par son jeu intelligent, j'ai croisé les doigts que les membres du jury préliminaire fassent leur boulot correctement et l'invitent à nouveau. Je n'hésiterai pas une seconde à lui céder Wolfie quelques heures le cas échéant. À suivre...
Je ne saurais dire combien je suis sensible à l'effervescence qui se dégage de ces concours internationaux...Toutes les découvertes qu'on y fait, les constats d'évolution des paramètres d'interprétation de tel ou tel style, l'animation et le plaisir de défendre "ses" candidats, les rencontres qu'on n'oublie pas...Tout cela est très stimulant!
RépondreSupprimer... et moi, je me souviens que c'est là que nous nous sommes rencontrées pour la première fois, la toute première fois, autour d'une table à la terrasse d'un café... C'était il y a quatre ans... Le Concours fut un prétexte à la rencontre visuelle, après la rencontre épistolaire...
RépondreSupprimerJ'attends ce concours depuis quatre ans maintenant. Cette année, j'y serai comme un seul homme, religieusement à chaque soir. Au plaisir d'y aller ensemble!
RépondreSupprimerClaudio