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vendredi 29 février 2008

Petite musique de nuit


Deux très beaux livres, lus coup sur coup, qui se déclinent dans l'intimité, dans les chuchotements, dans une tendresse ensorcelante. D'abord, Le baiser dans la nuque, premier roman d'Hugo Boris, paru en 2005, dont le titre et le résumé m'avaient accrochée suffisamment sur le site de Seb pour que je le note dans ma LAL et en passe éventuellement commande à mon libraire (c'est pourtant publié chez Pocket, pas exactement une maison d'édition à tirage confidentiel...) D'accord, j'avoue volontiers que, dès qu'il est question de musique dans un roman, j'ai tendance à en noter le titre dans mon petit calepin mais cela ne veut pas nécessairement dire que mon expérience de lecture s'en trouve galvanisée. Ainsi, j'avouerai ici que j'ai abandonné La pianiste après une cinquantaine de pages, un peu révoltée par la noirceur et la violence du propos. Dans le cas du roman de Boris, la musique y joue un rôle de soutien.

Fanny, sage-femme de jour, mère de famille et épouse le soir, devient progressivement sourde. Avant qu'il ne soit trop tard et grâce à un clin d'œil du destin (elle procède à un accouchement bien particulier dans lequel le beau-frère, pianiste, accompagne la future mère, le père de l'enfant à naître étant décédé), elle décide de s'investir dans des leçons de piano. Terrifiante chute aux enfers (pour une musicienne) que de sentir, sous la plume habile de Boris, la perte progressive de l'ouïe chez Fanny (elle perd quelques notes d'audition par mois). Elle combat la maladie débilitante, finit par se rendre (elle communique alors, comme Beethoven, par carnets interposés). Au fil des pages, un étrange lien se développe entre Fanny et Louis, son professeur et Boris en profite pour établir des parallèles (dont certains, assez saisissants) entre accouchement et pratique d'un instrument. Ils s'apprivoisent doucement, comme on le fait d'un nouvel instrument. Presque dès le début, on sent aussi qu'ils finiront par se déchirer mais que, d'une façon ou d'une autre, leurs vies seront intimement liées pour l'éternité. Le style est précis, particulièrement évocateur. Boris manipule les mots comme certains compositeurs manipulent les notes, avec justesse mais aussi délicatesse, à petites touches. « Le piano proteste, tremble quand l'homme déplace sèchement l'outil. Entre eux s'installe un rapport ambigu, un accord tacite, une douce violence de maréchal-ferrant que l'homme impose, que le piano accepte. » (p.99) La scène où chacun finit par abdiquer, un très court chapitre (pages 180-181) est d'ailleurs une pure merveille de minimalisme, particulièrement efficace, comme peut l'être une partition de Philip Glass. Après une telle lecture, on chavire, on bascule, mais en soi.

Pour faire suite à cette lecture, je ne pouvais donc pas opter pour un roman polyphonique ou un texte où les émotions crient leur ardeur. J'ai donc choisi Seule Venise de Claudie Gallay. Là aussi, j'admets que j'entretiens un lien d'affection profonde avec Venise et que, souvent, je craque et souhaite me plonger dans l'univers si particulier de la Sérénissime. Un huis-clos, l'histoire d'une femme qui se cherche, qui a tout perdu quand elle a perdu son amant, et qui, à travers ses promenades quotidiennes dans la ville, à travers les liens qu'elles tissent avec les habitants de la pension, avec un séduisant libraire (n'est-ce pas le fantasme non avoué de nombre de lectrices, d'avoir une histoire d'amour avec un libraire?), tente une relecture partielle de son passé récent. Là aussi, rien n'est énoncé clairement, Gallay favorise les clairs-obscurs, les flous, le non-dit. Si on s'arrête à la trame du roman, il ne s'y passe presque rien et pourtant... Un livre dont je n'avais jamais entendu parler, soit dit en passant, et que j'ai découvert entièrement par hasard dans une librairie, alors que je devais acheter un livre de Max Gallo à mon fils pour son cours de littérature. Parfois, la vie a de ces hasards savoureux...

mardi 26 février 2008

Brendel: un sommet

Alfred Brendel annonçait sa retraite il y a quelques mois à peine et complète ce qu'on pourrait qualifier de tournée d'adieu. À 77 ans, on ne lui en voudra certes pas de vouloir profiter de la vie et retrouver le calme de son manoir anglais et ses collections de masques africains et d'objets kitsch (Brendel étant fasciné par la frontière très mince entre bon et mauvais goût). J'étais donc légèrement fébrile à l'approche de ce concert: ce n'est tout de même pas tous les jours qu'on peut voir (et entendre) une page d'histoire musicale s'écrire devant nous et Brendel est véritablement l'un des derniers grands pianistes du XXe siècle. J'avais eu l'occasion d'entendre Brendel à deux reprises précédemment en récital et, à chaque fois, j'avais eu l'impression d'assister à une magistrale leçon de piano.

Il était dimanche après-midi l'invité de l'OSM dans le Troisième Concerto de Beethoven, une œuvre qu'il a interprétée à de multiples reprises et dont il a enregistrée cinq versions différentes au cours de sa florissante carrière. D'entrée de jeu, la présence de Brendel était époustouflante. Quand on écoute ce pianiste, on sait, sans l'ombre d'un doute, qu'il a réfléchi à la moindre intonation, à la moindre intention, à chaque parcelle de phrasé, avec un soin extrême. Jamais chez lui de phrase avalée prestement, d'accents déplacés, de vulgarité dans le jeu. Une autre façon entièrement d'aborder le piano, avec un respect immense, à l'antithèse de certains jeunes pianistes flamboyants que le public consomme avec frénésie aujourd'hui. Certains pourraient qualifier son jeu de cérébral (comme celui de Pollini) mais selon moi, ce serait mal saisir les intentions de l'interprète. Privilégiant des tempi franchement assis plutôt que volatiles, il a réussi à polir chacune des notes du concerto, à les faire scintiller, à nous maintenir en état de constante alerte. Le deuxième mouvement était sublime de poésie retenue, Brendel sculptant la pâte sonore comme si elle était un matériau des plus précieux, l'OSM placé sous la direction de Kent Nagano, le soutenant de façon admirable. On sentait qu'un travail conscient avait été effectué pour travailler tout particulièrement les sonorités de cet orchestre qui a pris une rondeur et une profondeur toutes germaniques en très peu de temps. Humble, Brendel a d'ailleurs tenu à saluer l'orchestre à plusieurs reprises lors de ses retours sur scène, sous les applaudissements des plus nourris. On a aussi pu lire sur son visage l'émotion, le plaisir pur d'avoir partagé avec le public les subtilités d'une œuvre qu'il a fait sienne, il y a déjà tant d'années. Une page a été tournée mais les souvenirs restent, heureusement.

Vous pouvez l'entendre ici dans le deuxième mouvement du Troisième Concerto, cette fois avec Abbado et l'Orchestre du Festival de Lucerne.


En filigrane de ce concert, un contrepoint bien personnel. Vous vous souviendrez peut-être que dans mon billet intitulé Souvenirs de concours, j'évoquais à la toute fin un pianiste avec lequel j'avais développé une belle complicité (fait suffisamment rare en concours pour que je m'y attarde). Je recueille ces jours-ci des témoignages pour souligner le 35e anniversaire du Concours Inter-Élèves (pour en tirer un article et un diaporama) et certains professeurs m'ont remis des noms d'anciens lauréats, dont plusieurs ont opté une autre carrière. Clin d'œil du destin (peut-on vraiment parler de hasard?), il faisait partie de cette liste en question et j'ai réalisé relativement rapidement que ce ne pouvait être que lui. Je ne vous en révélerai pas plus, sauf peut-être que c'est lui qui m'a accompagnée au concert de Brendel. Un autre souvenir pour la boîte à tendresses.

jeudi 21 février 2008

Ça sent la coupe!

J'en sens quelques-uns qui frémissent... bon, ça y est, un blogue musico-littéraire qui parle de sport! Mais où s'en va le monde? Non, je ne vous entretiendrai pas de la remontée historique du Canadien mardi soir (je n'en ai rien vu, je l'ai lu le lendemain dans le journal) ni des rumeurs de l'arrivée éminente de Hossa (Vous vous rendez compte, il a commandé des chaussettes et des shorts aux couleurs du Canadien? Rumeurs, rumeurs... là aussi, lu dans mon quotidien, en première page!) mais, tout de même, ça me fera un sujet de conversation béton avec mes ados du cours de culture générale cet après-midi. Bon, je digresse, je digresse. Quoi que vous puissiez en penser, c'est une chronique musicale que je vous réserve.

À moins d'avoir complètement refusé de lire le journal et d'écouter la télé dans les dernières semaines, vous êtes sans doute au courant que l'OSM présentait hier soir un programme musical en hommage à nos Glorieux. Kent Nagano, absolument séduit par notre amour viscéral pour la Sainte-Flanelle (pour mes lecteurs européens, tous les bébés garçons naissent ici avec une paire de patins de hockey aux pieds et rêvent de jouer pour le Canadien de Montréal), avait demandé à Georges-Hébert Germain (oui, celui qui a écrit entre autres la biographie autorisée de Céline Dion) et François Dompierre de collaborer à un projet un peu fou qui abolirait la ligne de démarcation entre musique de concert et hockey. Ces quelques lignes sont tirées de la préface de Dompierre.

« Qu’on le veuille ou non, le hockey fait partie intégrante de notre patrimoine culturel. Bien avant que nous nous soyons illustrés internationalement dans les domaines du cirque, de la comédie musicale, du cinéma et de la littérature, nos exploits sportifs ont attiré sur nous les regards du monde entier. Nos héros s’appelaient alors Maurice Richard, Jean Béliveau, Guy Lafleur et plus récemment Patrick Roy, Mario Lemieux, Wayne Gretzky. Personne n’osait en ce temps-là nous affronter sur le terrain que nous occupions sans rival, celui de notre sport national.

Quoi qu’il en soit, l’idée de faire écrire une œuvre musicale sur le hockey était à la fois fascinante et audacieuse. Quand Kent Nagano m’a proposé de composer quelque chose sur ce sujet, je dois avouer que j’ai d’abord été perplexe. Le choix de Georges-Hébert Germain comme auteur du texte a achevé de me convaincre.

Il m’est rapidement apparu que la musique que je me proposais d’écrire devait être simple, ludique, descriptive, spontanée, quelquefois lyrique, d’autre fois enjouée. Bref une trame sonore qui rappellerait celles que l’on écrit quelquefois au cinéma, quand la musique devient elle-même un personnage vivant du scénario. »

Les puristes rigolaient en douce depuis des mois mais le grand public, lui, semblait plutôt preneur. J'étais donc plus que curieuse de découvrir cette nouvelle œuvre mixte qui mêlait musique (entre musique classique et musique de film, du Dompierre, quoi), texte porteur et présence sur scène de hockeyeurs légendaires (Henri Richard, Stéphane Quintal, Guy Lafleur...). Calée dans mon sofa (merci Espace musique pour la radiodiffusion en direct!), je me suis donc laissée emporter par cette histoire de jeune garçon qui, comme tant d'autres, rêve de jouer dans « le » Club et de porter le convoité chandail du CH. La musique n'était peut-être pas renversante en elle-même mais s'intégrait parfaitement à l'histoire et plus d'une fois, même à distance, j'ai ressenti des bouffées de nostalgie, de fierté (j'écoutais religieusement le hockey à la télé et à la radio quand j'étais toute jeune... maintenant, je me réserve pour les séries) et je me suis dit que c'était ridicule de bouder son plaisir. Décrocher ses oreilles critiques pour accrocher celles du cœur était la seule chose à faire et, pourquoi pas, au fond? La musique, les mots, restent un moyen privilégié d'expression, des véhicules particulièrement efficaces d'émotions. Et de sentir cette foule fébrile mais parfaitement attentive avait quelque chose de réconfortant pour l'avenir de la musique classique, à mille lieux de l'expérience de concert traditionnelle peut-être, mais peu importe. L'important, c'est ce qui en restera dans les mémoires de ceux qui étaient présents.

Même Claude Gingras s'est laissé attendrir, c'est dire... On peu le lire ici. Également, un autre article sur l'événement, celui-là signé par Martin Croteau.
La photo est de François Roy (La Presse).

lundi 18 février 2008

Rachmaninov: Études-tableaux opus 39

Redoutable Everest du pianiste, les Études-tableaux opus 39 se veulent cependant de petits poèmes symphoniques pour piano finement ciselés, miroirs de l’âme tourmentée de Rachmaninov. « Je n’aborde pas l’œuvre en tant qu’une série d’études, explique Alain Lefèvre. Chaque pièce est un tableau, une histoire. » Il considère que ce serait dénaturer leur essence que de les résumer en un sommet pyrotechnique. Pour y plonger, il est essentiel de créer un espace poétique, de l’investir, de le transmettre à l’auditeur. Dans une entrevue reproduite dans le Monthly Musical Record en novembre 1934, Rachmaninov explique d’ailleurs qu’un compositeur doit posséder deux qualités essentielles : « Premièrement, c’est l’imagination. Je ne veux pas affirmer par là que l’interprète n’a pas d’imagination. Mais on peut considérer que le compositeur possède un talent plus important, car avant de créer, il doit imaginer. Il imagine avec une telle force que dans sa conscience se crée la future composition avant même qu’une seule note ne soit écrite. [...] Le deuxième talent, plus important encore, qui distingue le compositeur de tous les autres musiciens, c’est le sens aigu de la couleur musicale. »

Pour Rachmaninov, la composition des Études-tableaux a présenté « plus de difficultés qu’une symphonie ou un concerto […] Dire ce qu’on a à dire, et le dire sans détours, lucidement, est encore le plus grand problème que puisse affronter un artiste créateur. » Si, dans la tradition des Études de Chopin ou des Études d’exécution transcendante de Liszt, chaque pièce s’attarde à des difficultés techniques spécifiques, Rachmaninov inscrit en filigrane un sous-texte qu’il a toujours refusé de révéler : « Ceci m’est personnel et ne concerne pas le public. Je ne crois pas qu’il faille qu’un artiste révèle trop ses images. Laissez le public imaginer ce que cela lui suggère. » Quand Ottorino Respighi orchestrera cinq de ces pièces pour le Boston Symphony Orchestra en 1930, Rachmaninov offrira pourtant « quelques explications concernant les mystères des intentions de l’auteur, qui vous aideront à comprendre le caractère de ces Études et de trouver les couleurs adéquates en les orchestrant. »

Alain Lefèvre lançait il y a quelques jours son dernier enregistrement, dédié aux Études-tableaux opus 39 mais aussi aux trop souvent oubliés Klavierstücke de Schubert. Vous pouvez accéder au CD ici (et télécharger certaines plages sur Archambaultzik) et lire mes notes de programme complètes. J'attends l'arrivée de ce disque dans ma boîte aux lettres avec impatience, je vous l'avouerai...

vendredi 15 février 2008

À lire en douceur

Deux articles délicieux dans le Voir cette semaine. D'abord, Nicolas Dickner consacre une chronique charmante à l'imparfait (non, non, pas le monde imparfait ni même celui du subjonctif) et l'usage immodéré qu'il en fait (même s'il essaie de se traiter!). En deuxième lieu, une entrevue avec Jean-François Beauchemin qui parle de son dernier roman (Ceci est mon corps), d'écriture et de la vie.

Judas de Tassia Trifiatis: Un amour improbable


Valse-hésitation entre les protagonistes, tango alambiqué entre le vécu et les rêves de la narratrice, réfraction entre le chant du cantor de synagogue qui brime en même temps qu’il libère, Judas de Tassia Trifiatis a les défauts de ses qualités. En voulant explorer un univers inusité, l’auteure m’a fait hésiter entre tendresse et énervement, la poésie de son style ne réussissant pas à masquer les mines dissimulées un peu partout en sous-texte, prêtes à exploser au moindre pas. Quand on s’y attarde, l’histoire est simple : un amour improbable entre Neffeli, jeune Grecque des plus affranchies mais ployant sous le poids de la tradition et Yéhouda, grand garçon juif orthodoxe écrasé par les diktats de sa religion mais qui au fond, ne demande qu’à s’en affranchir. Deux êtres finalement pas si différents de nous tous.

Le point de départ de l’histoire ne m’a jamais entièrement convaincue et cela m’a empêchée par moments de me laisser subjuguer par le récit. Comment imaginer, même en s’assumant en tant que suprême deus ex machina, qu’une femme qui vient de se faire avorter puisse être ouverte à autre chose qu’à la douleur qui la traverse, qu’elle osera jeter un regard, fût-il désintéressé ou simplement amusé, sur ce Juif hassidique venu accompagner un parent? Je comprends bien – je serais tentée d’écrire « trop bien », l’auteure y revenant suffisamment abondamment pour que l’on ne l’oublie pas! – que Neffeli s’attache à Yéhouda en partie parce qu’elle cherche à combler ce vide en elle, physique et émotif. Mais est-ce suffisant pour amorcer une histoire aussi complexe que celle-ci? Je reste sceptique. Et pourquoi continue-t-elle d’écrire à ce mystérieux fiancé, égaré là-bas dans sa Syrie natale (et comment a-t-elle pu le rencontrer, celui-là)? Pourquoi n’ose-t-elle pas s’assumer entièrement et juge-t-elle avoir besoin de se réfugier dans le cocon familial? Il nous manque trop d’informations pour qu’on y croie entièrement.

Le style est fluide et contient suffisamment d’images réussies pour qu’on s’y attarde quelques instants en les lisant. « Comme des bulles de savon, ses expériences avec moi lui éclataient au visage. Et il jubilait. Je lui avais mis de la boue sur les paupières. Depuis, il voyait. » (page 61) L’histoire d’amour est suffisamment attachante pour que les personnages continuent de nous hanter, une fois le livre refermé. Pourtant, je continue de m’interroger sur les failles de ce premier roman, sa chute précipitée notamment. Après avoir choisi la voie (et la voix) de la tendresse, du lien qui se tisse doucement, aussi subtilement que la laine du châle de prière, Tassia Trifiatis fait basculer les amoureux dans le néant du quotidien qui reprend ses droits, avec une désinvolture presque violente qui m’a laissée des plus perplexes. Comme une histoire d’amour qui se termine en queue de poisson…

Les avis des autres collaborateurs de La recue du mois à lire ici...

mardi 12 février 2008

La Muse est en ligne...

Après quelques retards de production (l'un des colocataires et ami proche de mon graphiste étant décédé tout récemment), voici enfin le dernier numéro de La Muse affiliée. Vous y trouverez notamment un article sur le compositeur Vincent-d'Indy et sa Schola Cantorum, un autre sur Giancinto Scelsi, un extrait du livre soulignant les 75 ans de l'école Vincent-d'Indy et plusieurs autres surprises. À lire ici...

lundi 11 février 2008

Taguée, eh oui!

Bon, ça y est, la tague sévit ces jours-ci... c'est pire qu'une journée d'hiver par -27 C. Impossible d'y échapper. J'ai donc été contaminée par la charmante Venise, qui a sans doute oublié qu'en juin, j'ai déjà répondu à un tel questionnaire. Pour ne pas être trop chiche, je ne reprends pas toutes les mêmes affirmations. (Seb, je t'interdis de rire, cesse tout de suite!)
Chaque personne taguée doit appliquer le règlement suivant: écrire le lien de la personne qui nous a taguée, préciser le règlement sur son blogue, mentionner six choses sans importance sur soi, trouver six autres personnes en mettant leur lien et prévenir ces personnes sur leur blogue respectif.

1- Je partage ma date de fête avec Ludwig van Beethoven et lui en ai voulu pendant un certain nombre d'années. Nous sommes maintenant réconciliés!
2- Le premier film que j'ai vu au cinéma: The Sound of Music (en fait, à ce moment-là, en version française, donc La mélodie du bonheur). Je ne compte plus le nombre de fois que je l'ai revu depuis. Ah! la scène du landler dans le jardin...
3- Je suis si maladroite que mon corps est souvent couvert de bleus ou de cicatrices, dont j'ignore même parfois la provenance.
4- Une amie m'a surnommé Samson à cause de ma tignasse et de mon apparente imperturbable santé.
5- Je ne peux pas vivre sans mon cellulaire (ou difficilement), surtout maintenant qu'il prend des photos.
6- Je suis une fleur de pavé mais adore la campagne à petites doses et suis folle de la mer. C'est peut-être parce que mes ancêtres viennent de l'Île de Ré (prédestiné, non?)

Comme tout le monde a déjà été tagué dans mon entourage, je me tiens coite. Si vous voulez révéler six trucs sans conséquence, n'hésitez pas à le faire dans mes commentaires.

jeudi 7 février 2008

Bloguer au concert

J'aime quand les orchestres symphoniques entrent enfin de plain-pied dans le XXIe siècle, quand ils osent les mélanges de genres, cherchent des moyens originaux pour rejoindre une nouvelle clientèle. L'Edmonton Symphony Orchestra vient d'avoir une initiative qui mérite d'être saluée: leur toute première soirée pour blogueurs. Non, il ne s'agit pas d'un nouveau genre de speed dating ou d'agence de rencontres (le Toronto Symphony offre déjà des soirées « rencontrez un partenaire qui vous ressemble et qui aime la musique classique » depuis quelques années). L'orchestre ouvrira en fait sa salle à six blogueurs, choisis d'après leurs mérites respectifs (la campagne de candidatures bat son plein d'ici la semaine prochaine). Les six gagnants, en compagnie de leur compagnon d'un soir (ou de vie, libre à eux), seront installés dans la salle avec leur ordinateur portable (et une connexion Internet sans fil) et commenteront le concert du 22 février en direct. De plus, les chroniques de ces blogueurs se retrouveront sur le site du Edmonton Journal dès le soir même.

Quel programme a été ciblé pour cette expérience inusitée? Un concert à la frontière du jazz et du classique, qui comprendra les danses symphoniques de West Side Story de Leonard Bernstein, la musique du film tirée de l'opéra Porgy and Bess de George Gershwin (dans la colonne de gauche, vous pouvez écouter la superbe version de Summertime de Louis Armstrong et Ella Fitzgerald), un intrigant arrangement du Casse-Noisette de Tchaïkovski signé Duke Ellington (que je serais curieuse d'entendre, je l'avoue) et la création d'une oeuvre d'un compositeur canadien, Allan Gilliland, Dreaming of the Masters II - Rhapsody GEB, oeuvre commandée par l'orchestre et CBC. L'orchestre offre de plus au grand public des rencontres pré- et post-concert avec le chef d'orchestre et le compositeur de la création. Nos amis blogueurs, quant à eux, seront traités aux petits oignons, avec rafraîchissements à l'entracte, rencontre avec les musiciens de l'ESO après le concert et discussion post-concert avec le chef d'orchestre. Quel dommage, je n'habite pas Edmonton! Sinon, vous pourriez être assurés que j'aurais déjà soumis ma candidature!

dimanche 3 février 2008

Cher Émile

Je lis bien peu pour le plaisir depuis que nous sommes en 2008 et vous m'en voyez chagrine. J'ai surtout potassé des textes sur diverses oeuvres afin de rédiger des notes de programme le plus cohérentes possibles, quelques livres spécialisés (dont un, fort intéressant, Bach en son temps, qui reprend des lettres du Cantor, des témoignages d'élèves, des commentaires de contemporains). Le temps étant une denrée trop rare ces jours-ci, j'ai préféré, quand le destin m'en offrait, les passer à l'instrument. Vous me pardonnerez j'espère...


Même si j'ai été séduite par l'univers du Chanteur de tango de Tomas Eloy Martinez, j'y suis restée plongée plus de deux semaines, à raison de quelques pages une fois de temps en temps. Néanmoins, ce parcours atypique dans une Buenos Aires mythique et surtout multiple continuait de m'habiter. Sur fond subtil de tango et présence quasi omniprésente de Borges (il faudra vraiment que je lise L'Aleph après ça!), j'ai découvert des pages d'histoire argentine dont j'ignorais tout mais qui m'ont néanmoins captivée.


Le livre suivant dans ma PAL était Cher Émile d'Éric Simard, ex-libraire, maintenant à l'emploi exclusif de la maison d'édition Septentrion, unique collaborateur masculin du blogue collectif La recrue du mois. Étant assez fervente des romans épistolaires (je demeure, depuis l'enfance, une épistolaire dans l'âme, comme le savent tous ceux avec qui j'entretiens une correspondance suivie), j'avais hâte de plonger dans l'univers de ces amours déchirées et de savoir comment l'auteur réussirait à traduire les chutes, les rechutes, les prises de conscience, les prises en main.


J'ai beaucoup aimé la langue à la fois rude et douce, directe et pourtant imagée, violente et retenue à la fois. Si les premières lettres ont pris quelque temps à me toucher (leur style, plus dénudé, peut-être ou ai-je été simplement manipulée d'une certaine façon par l'auteur), j'ai rapidement basculé, en partie grâce à la façon dont les couches de langage étaient manipulées. Plus on plonge dans l'univers d'Éric (le narrateur du livre, qui porte le même prénom que l'auteur, histoire peut-être de semer le doute sur le potentiel côté auto-fiction de l'oeuvre), plus les images littéraires deviennent élégantes, plus on sent le travail sur la langue. Je me suis attachée à Éric, à ses douleurs, ses carences, qui se dévoilent peu à peu, de façon bien dosée. Je m'y suis reconnue aussi, j'y ai senti le parfum de quelques amis, je me suis rappelée leur douleur quand ils plongeaient de nouveau, presque malgré eux, dans une nouvelle spirale amoureuse destructrice. J'aurais voulu le connaître « pour vrai », être là pour l'épauler, être témoin de son histoire mais certes pas témoin muet. Que les relations amoureuses entretenues par Éric soient homosexuelles ne changent rien à la pertinence du message (même si certaines réflexions sur la difficulté de vivre son homosexualité, encore aujourd'hui, glissées subtilement ici et là m'ont interpellée, en partie parce que j'ai plusieurs amis homosexuels qui ont été brûlés, à un moment ou à un autre, par la portée de leur orientation). Ce qui en ressort surtout, c'est la difficulté, dans cette époque un peu trouble qui est la nôtre, à faire face à nos contradictions, nos égarements, nos choix de vie.

vendredi 1 février 2008

Pourquoi bloguer?

La question est intéressante et, bien sûr, les réponses sont multiples. Selon les personnalités, vous opterez pour des blogues informatifs, dédiés à un sujet particulier (dans mon cas, je suis incapable d'en choisir un seul, pardonnez-moi), un journal intime (ne faudrait-il pas alors dire extime?). Certains s'en servent comme carte de visite, comme véhicule d'autopromotion, d'autres s'en servent comme d'un exutoire. Djac Baweur, altiste dans un orchestre parisien, a osé se la poser, cette question, et y répond de façon très poussée. Et vous, pourquoi bloguez-vous? That is the question...