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jeudi 3 avril 2008

Jusqu'où?

Je ne suis pas très téléphage. Bien sûr, de temps en temps, j'aime bien regarder un film (mais je préfère le théâtre au cinéma en salle) ou jeter un coup d'oeil à Tout le monde en parle, mais seulement si les invités m'intéressent. J'ai ainsi pu être ravie par la verve de Marie Laberge lorsqu'elle avait improvisé des fragments d'histoire à partir de quelques mots, vaguement perturbée par les propos plutôt décalés de Bryan Perro (que je n'ai jamais lu et dont ma fille s'est rapidement lassée), touchée par la fragilité de Christian Mistral (surtout que j'avais lu Vamp peu de temps avant l'émission) et atterrée par le manque de substance de Rafaële Germain (est-ce seulement moi ou est-elle partout, tant dans les imprimés qu'à la télé, cette semaine?).

En fait, je suis deux séries américaines (CSI et Medium) et deux téléromans québécois: Annie et ses hommes (une émission feel good) et Les hauts et les bas de Sophie Paquin, un pur délice selon moi. Hier soir, sentant le besoin de m'anesthésier le cerveau (les derniers jours ont été fort remplis!), j'ai ouvert le poste et, justement, il y avait Sophie, l'adaptation anglophone de la série québécoise. J'ai dû passer une bonne quinzaine de minutes (l'émission dure une demi-heure dans cette forme) à tenter de deviner qui était qui. L'écriture est sympa, sans plus, à des lieues de l'original mais, maintenant, au moins, je peux dire que pendant trente minutes, j'ai réussi à me glisser dans la peau d'un compatriote du ROC (Rest of Canada). Ce n'est pas tant que le vêtement soit étroit (il y a d'excellentes productions canadiennes) mais disons plutôt qu'il ne m'allait pas parfaitement.

Après, j'ai plongé dans une zone très trouble de la psyché américaine. Mon fils m'avait vaguement parlé de l'émission (mais sans emphase) et j'imaginais The Moment of Truth comme une espèce de mélange entre Les détecteurs de mensonge et disons, une émission psychopop de Canal Vie. Le candidat tente d'accumuler de l'argent (jusqu'à 500 000 $) en répondant à des questions relativement embarrassantes. Posté sur une chaise technologique, il est branché à un polygraphe. Si la machine juge qu'il n'a pas été « honnête » dans sa réponse, c'est la fin du périple du candidat, point à la ligne. Pas d'appel à un ami, à la foule, pas le droit de choisir de ne pas répondre à la question.

Hier soir, on avait mis le paquet puisque c'était la dernière de la saison et tout au long de l'émission, on a pu visionner des clips qui nous narraient ce qui était arrivé à tel ou tel candidat. Mon fils m'avait mentionné que, lorsqu'il avait regardé l'émission, la question fatale avait été: « Pensez-vous que vous soyez une bonne personne? » La candidate avait répondu oui mais le polygraphe (qui parle avec une voix féminine d'une lenteur délirante) avait jugé que non. J'imaginais donc des questions éthiques, du type: « Êtes-vous raciste? », « Êtes-vous pour la peine de mort? » ou à la rigueur « Avez-vous déjà triché à un test au secondaire? ». Erreur, Watson! J'avais tout faux. Une jolie dame au regard particulièrement charbonneux était sur la sellette (c'est le cas de le dire!), entourée de son mari, de sa mère et de sa meilleure amie. Elle a eu à admettre qu'elle était sortie avec un ex-petit copain de sa meilleure amie, qu'elle avait déjà eu des fantasmes sexuels impliquant la dite meilleure amie (en plus, elle s'est justifiée après, devant des millions de personnes, alors que sa mère voulait sans doute disparaître sous son siège), qu'elle avait songé à faire suivre son mari par un détective privé (mais, comme elle l'a dit, qui n'y a pas déjà pensé!), qu'elle avait déjà regretté d'avoir épousé son mari (visage atterré évidemment du charmant monsieur en question qui semblait partagé entre le choc des révélations et l'appât du gain). Périodiquement, une musique dramatique venait nous fouiller les entrailles, l'interrogée se cachait le visage entre les mains, la voix de l'annonceur nous questionnait à savoir jusqu'où la dame serait prête à aller, combien de vies elle était prête à détruire pour gagner. À côté de ça, Loft Story (que j'ai regardé un total de cinq minutes), c'est du bonbon! L'émission vient chatouiller les plus bas instincts de la nature humaine, ceux qui nous poussent à ralentir quand on voit un accidenté grave sur la route, à écouter le téléjournal jusqu'au bout et à nous gaver d'images d'une violence inouïe.

Pendant la nuit, cette demi-heure d'émission m'a gardée éveillée et je n'avais qu'une envie: crier mon dégoût, ma révolte. (Voilà, c'est fait! Maintenant, je vais pouvoir me concentrer sur des choses autrement plus positives comme la préparation de mon cours de culture générale ou quelques instants passés avec Wolfie.) J'aurais beaucoup mieux fait d'ouvrir un livre ou une revue (c'est ce que j'ai fait après). Ah! les curieux au fond se demandent peut-être quelle question a arrêté le périple de la belle? À la question « Poseriez-vous nue pour 100 000 $? », elle a répondu « Non, hors de question! » La machine a tranché. L'animateur lui a alors demandé une explication et elle a répondu: « Pour 100 000 $, certainement pas, mais pour 200 000 $, probablement! » Aïe!

3 commentaires:

  1. Misère. Si elle est populaire c'est parce qu'il y a un public qui s'y intéresse. Dommage que trop de gens se complaisent dans la médiocrité.

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  2. Qu'est-ce que l'argent ne peut pas faire comme effet à certaines personnes ! Une bonne chicane de ménage au retour, une mère qui boude, une amie qui nous en veut à mort ... pour du $$$ ... déplorable.

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  3. My god... ça a l'air d'une grand profondeur, cette émission! Pour ma part, je n'écoute pratiquement jamais la télé (elle me sert de miroir ou de pose-livre/partitions... je ne sais même pas comment l'ouvrir avec la télécommande) donc je ne suis pas très connaissante au sujet des émissions qui sont présentées!

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