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mardi 23 septembre 2008

Lang Lang: le piano absolu

Ceux qui me connaissent bien fronceront un instant les sourcils et tenteront d'ajuster leurs lunettes. Eh oui, j'ai lu l'autobiographie de Lang Lang, Mr. Bang Bang lui-même, qui me laisse perplexe en tant que musicien (usons d'euphémismes) mais, bon, n'est-ce pas, qui est une réelle vedette du domaine légèrement poussiéreux du classique...

À 26 ans, Lang Lang est devenu l’une des plus grandes stars de la scène classique actuelle. Charismatique, médiatisé, véritable pont humain entre les cultures orientale et occidentale, le pianiste chinois continue de faire couler beaucoup d’encre, les articles dithyrambiques voisinant quasi quotidiennement les critiques lapidaires. Dans cette autobiographie, mise en forme par David Ritz (auteur qui s’est auparavant glissé dans les univers de Ray Charles, Smokey Robinson, Aretha Franklin et Marvin Gaye), Lang Lang jette un regard sur son parcours atypique.

Fils d’une mère trop peu présente, qui consacrera sa vie à travailler pour assurer la subsistance de la famille, et d’un père musicien devenu policier, Lang Lang manifeste rapidement des dons exceptionnels pour le piano. Ceux-ci fructifieront en partie grâce à ce père tyrannique qui abandonnera son travail pour le modeler en superstar, en le faisant travailler de façon obsessionnelle. Un seul but : devenir le numéro 1 de 36 millions de Chinois qui travaillent leur instrument. Pari insensé? La route de Lang Lang a été, quoi qu’on en pense, semée de quelques embuches avant qu’il n’obtienne à 15 ans son premier prix international, ne s’établisse aux États-Unis et poursuive une ascension phénoménale. (Le chapitre dans lequel Lang Lang revient sur le soir où son père lui a demandé de se suicider, alors qu'il n'avait que neuf ans, parce qu'il n'était pas le premier, est particulièrement révoltant mais présenté suffisamment finement pour que, malgré tout, il passe relativement bien.)

Lang Lang se livre avec une candeur charmante, dépourvue de tout misérabilisme. Le ton adopté par Ritz est précis, punch, les dialogues primant sur les descriptions. D'accord, le style n'est pas extraordinairement littéraire mais ce n'était certainement pas le but visé par les auteurs. On déplorera à peine par moment la traduction très française (certaines tournures, quelques choix de termes dont « cachetons » plutôt que le gigs anglophone ou même le titre, grandiloquent, et qui n’a rien à voir avec l’original) et certaines maladresses dans la traduction des termes musicaux (une clé plutôt qu’une tonalité, le Rachmaninov 2 plutôt que le Deuxième de Rachmaninov). Au final, qu’on apprécie ou non le jeu de Lang Lang, on ne peut qu’être fasciné par un tel périple.

Une autre critique, plus longue et plus dithyrambique, ici...

4 commentaires:

  1. Quand j'ai vu la photo, je me suis vraiment demandée si tu allais bien et si tu ne t'étais pas cogné la tête en quelque part!!! Mais n'empêche que ça peut être intéressant!!

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  2. Karine: Oui, je sais...
    Disons que, euh, oui, on m'a un peu incité à lire le bouquin (une version un peu plus courte de ce texte se retrouvera dans le prochain numéro de La Scena musicale) mais j'admets que j'étais quand même curieuse de connaître l'histoire derrière le phénomène...

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  3. J'ai sourcillé, en effet! J'ai lu la critique de cette bio récemment (je ne sais plus où c'était... Le Devoir?) et j'ai pensé à toi, sachant que tu lisais ce livre toi aussi ces jours-ci.

    C'est intéressant d'avoir ton point de vue sur le livre. Il semble en effet que le personnage de Lang Lang soit très particulier.

    Reste à savoir si le fait d'avoir un nouveau point de vue sur sa vie te fera goûter différemment sa musique. Pas sûr!

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  4. Danaée: je n'ai pas (encore) changé d'opinion sur ses talents d'interprète mais l'histoire est quand même saisissante.
    En même temps, une autobiographie à 26 ans? Ça me semble un peu rapide... mais, bon, le marketing n'a pas de limite!

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