Ce premier roman de Dominique Fortier est unique: par son propos, sa forme, son approche, son style, la plastique irréprochable de l'objet lui-même (chapeau ici pour la mise en page). On le feuillette comme on le ferait d'un album de photos d'un autre siècle: avec curiosité, avec tendresse, avec nostalgie, avec tristesse aussi quand on réalise que, bien sûr, personne ne sortira indemne de cette aventure au bout du monde.
Le style de l'auteure d'une délicatesse et d'un raffinement subtils m'a souvent interpellée, la façon dont elle détourne certaines images, le contrepoint des tons. Pourtant, lors de ma lecture, l'émotion n'a pas réussi à transpercer les glaces épaisses ou sinon trop peu souvent: lorsque Crozier explique à sa belle inaccessible le secret des étoiles par exemple, quand Lady Jane remue ciel et terre pour retrouver son mari ou quand on ressent l'inutilié flagrante d'un tel périple. Je contemplais avec une certaine fascination les événements, les rouages de l'histoire mais avec détachement, comme si chaque pétale magnifiquement ciselé de cette fleur de glace m'éblouissait trop pour que je puisse prendre conscience de la fleur derrière.
Pourtant, je n'oserais pas avancer que le roman ne soit pas une réussite, qu'il n'ait pas tenu son pari audacieux de tisser l'une avec l'autre la petite et la grande histoires, qu'il ne soit pas maîtrisé. Peut-être espérais-je y trouver un rendez-vous avec l'émotion et que je n'étais pas destinée à la rencontrer en feuilletant cet album-ci.
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Je l'ai chez moi (donc, je le lirai certainement... un jour) mais je suis quand même très tentée. Le sujet me tente beuacoup!
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