Puissance, tendresse, rigueur, liberté, poésie et spiritualité : autant d’émotions suscitées par la musique d’Olivier Messiaen. Afin de lui rendre hommage, l’Orchestre symphonique de Montréal interprétera, pour la première fois au Canada, vendredi et mardi prochains, le colossal Saint François d’Assise. La présentation de la version concert de ce véritable testament musical s’inscrit dans le cadre de l’Automne Messiaen, événement montréalais d’envergure se greffant aux célébrations mondiales soulignant le centenaire de sa naissance. Kent Nagano semble le chef idéal pour transmettre cet univers remarquable. En effet, les liens l’unissant à Messiaen - qu'il identifie comme son « père spirituel » - remontent à 1983, alors que le chef était choisi par le compositeur lui-même pour assister Seiji Ozawa lors de la première de l’œuvre à Paris. (Kent Nagano a signé depuis deux enregistrements de l’opéra.)
Si la foi catholique constitue le moteur le plus puissant de la vie artistique de Messiaen, son idéal demeure de composer de la musique comme la Nature l'aurait conçue, sans intervention humaine. Les oiseaux, qu'il appelle « ses premiers et ses plus grands maîtres » ou « nos petits serviteurs de l'immatérielle joie », l’ont toujours fasciné et il a intégré des centaines de leurs chants à ses œuvres. Il ne pouvait donc que se sentir interpellé par l’histoire de saint François, lui qui leur prêche et chemine vers Dieu, non pas tant à travers ses actions que ses états intérieurs.
Les effectifs de cette œuvre lyrique de plus de quatre heures demeurent imposants. (Il y aura deux entractes, dont un plus long, histoire d'avaler une bouchée, l'opéra débutant à 18 h!) Outre les chanteurs solistes qui camperont les divers rôles, la partition est écrite pour un orchestre de plus de 100 musiciens (dont des sections de bois et de percussion élargies) et 150 choristes (divisés en 10 parties). En trois actes et huit tableaux, ces « scènes franciscaines » se veulent une synthèse particulièrement réussie entre recherche rythmique et déploiement des couleurs sonores et offriront une occasion exceptionnelle de prendre part aux festivités et de s’approprier l’univers du compositeur. J'y serai vendredi...
« La musique est un perpétuel dialogue entre l’espace et le temps, entre le son et la couleur, dialogue qui aboutit à une unification : le temps est un espace, le son est une couleur, l’espace est un complexe de temps superposés, les complexes de sons existent simultanément comme complexes de couleurs. Le musicien qui pense, voit, entend, parle au moyen de ces notions fondamentales, peut dans une certaine mesure s’approcher de l’au-delà. »
(Olivier Messiaen)
Dans un autre registre, plus intime (piano solo), j'ai eu le plaisir d'écrire les notes pour la pochette du CD de Louise Bessette dédié à Messiaen, Les oiseaux. (Elle est également l'initiatrice de l'Automne Messiaen qui se déroule à Montréal depuis septembre.) Pour ceux qui souhaitent approfondir un peu le compositeur, vous pouvez les lire ici...
Rencontre avec de grands sagittaires...
RépondreSupprimerMon respect pour Messiaen a débuté le jour où j'ai lu ceci à propos du 2e mouvement du Concerto en do majeur K467 de Mozart : « L'une des plus belles mélodies de Mozart et l'une des plus belles mélodies de toute la musique. »
Tout à fait...
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