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lundi 23 mars 2009

C'est bien meilleur avec orchestre


Un orchestre, un chef, trois commentateurs radio assis à une table, les écouteurs de studio sur les oreilles, un compositeur sans doute un peu nerveux et un public attentif. Comme je vous l'expliquais avant-hier, j'avais hâte d'entendre ce Concerto pour animateur de radio et orchestre. Étant devenu légèrement blasée - ce sont les risques du métier -, j'avais volontairement décidé d'arriver pour la seconde partie du concert, ne jugeant pas nécessaire d'écouter un nième interprétation du (néanmoins fort beau) Concerto pour violon de Beethoven.

Alors, la question qui vous brûle les lèvres: pari réussi? En tant qu'œuvre hybride et de surcroît, multimédia, oui. Le dialogue entre les voix et l'orchestre restait fluide et l'intégration des commentateurs virtuels (qui évoquaient la circulation, la météo et le sport) au contenu, tant au point de vue musical que visuel (leurs propos défilaient sur l'écran géant) était même brillante par moments. On regrettera que, parfois, on n'avait pas le temps de terminer la lecture du texte (question peut-être de choix de sièges) mais ce détail aurait pu être ajusté si une deuxième représentation avait été prévue ce soir par exemple.

J'aime l'univers de la radio, l'intimité que cela suggère et, depuis que j'ai à me rendre quelques fois par semaine au Collège pour mon cours de journalisme, j'ai écouté plusieurs fois l'émission de René Homier-Roy (une façon efficace de faire un tour rapide de l'actualité avant de la partager avec les élèves). Je pouvais donc entendre les intonations des absents comme reconnaître les particularités langagières de ceux présents dans le traitement musical adroit de Simon Leclerc: la façon si particulière qu'a Homier-Roy de terminer ses phrases par une question, la voix grimpant toujours un peu dans les dernières syllabes, la voix riche et profonde mais toujours amicale de Claude Quenneville (qui « racontait » notamment une autre défaite du Canadien grâce à une orchestration aux cuivres polytonale d'une rare efficacité), le côté effervescent de Catherine Perrin (qui nous a livré un très joli texte sur la peintre Madeleine Ferron), le sérieux de Marc Laurendeau quand il épluche la revue de presse, la façon qu'a Yves Desautels de nous transmettre les informations essentielles sans jamais être dépassé par les événements (les mots qui défilaient à l'écran exprimant habilement et par moments loufoquement l'heure de pointe), le côté doux et presque aérien de Véronique Mayrand, la miss Météo...

Reparlera-t-on de l'oeuvre dans dix ans? Est-elle « exportable »? J'en doute un peu. Si on voulait présenter par exemple ce concerto à Chicago, il faudrait adapter la structure narrative et musicale aux particularités des morning men locaux. Par contre, dans une ville francophone près de chez vous, peut-être bien... Certaines qualités indéniables de l'écriture de Simon Leclerc doivent néanmoins être soulignées. En réécoutant quelques extraits ce matin (on a pu entendre le concerto à C'est bien meilleur le matin et dès demain, on pourra le retrouver sur le site Internet de Radio-Canada), j'ai pu constaté que, sans la « distraction » visuelle (i.e. les textes défilant à l'écran ou la présence physique des trois animateurs), la musique se tenait assez bien toute seule. Grand arrangeur et surtout brillant orchestrateur, Simon Leclerc, qui a d'abord cru à une blague quand l'OSM lui a proposé ce projet inusité, admet en être encore à ses premières armes en tant que compositeur. Il me confiait en entrevue: « Depuis deux ans, j'ai de plus en plus la chance de m'exprimer, moi, musicalement, alors qu'en tant qu'orchestrateur, je devais être au service des idées des autres. Ce projet m'offre une belle occasion d'utiliser un langage, de le paufiner, de me définir en tant que compositeur. » Je suivrai ses prochains essais avec attention.

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