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mercredi 18 mars 2009

Regards d'acier

J'étais de passage dans la capitale nationale le week-end dernier pour des raisons professionnelles mais ai pu ensuite y rejoindre une amie, avec laquelle nous avons arpenté pendant un peu plus d'une heure (heure de fermeture du musée oblige) certaines des salles du superbe Musée des beaux-arts du Canada. Je l'ai convaincue d'aller jeter un coup d'œil à Regards d'acier, une exposition photo consacrée aux artistes autochtones. Tirée des collections du Musée canadien de la photographie contemporaine et du Musée des beaux-arts du Canada, l'exposition explore (pour encore quelques jours à peine) la représentation du peuple aborigène par 12 artistes autochtones importants (et dont j'ignorais tout jusqu'ici, je vous l'avoue humblement): KC Adams, Carl Beam, Dana Claxton, Thirza Cuthand, Rosalie Favell, Kent Monkman, David Neel, Shelley Niro, Arthur Renwick, Greg Staats, Jeff Thomas et Bear Witness.

Décidés à tourner leurs critiques vers l'art du portrait et surtout ses abus gênants dans la représentation des peuples amérindiens (combien d'images du « bon sauvage » doit-on encore accepter avant d'admettre que la réalité est autre?), ces artistes ont plutôt décidé de revisiter le genre plutôt que de lui tourner le dos. Le « regard d'acier » du titre fait ici référence au regard gris et en apparence imperturbable qu'on a trop souvent associé aux représentations occidentales ou coloniales. En détournant le cliché, les artistes s'interrogent - et nous interpellent - sur les rôles qu'occupent l'image, les médias et les choix politiques qui les touchent de près.

Dana Claxton (photo du haut) transpose ainsi ses racines ancestrales à travers des images en apparence ludiques mais qui poussent à la relecture.

Jeff Thomas,
qui se surnomme lui-même « l'Iroquois urbain », propose quant à lui des fascinants diptyques dans lesquels il jumelle le portrait stéréotypé de l'Indien et des portraits de membres de son entourage (ou lui-même) dans une composition au parallélisme inspiré. Il choisit d'élaborer une série « d'images de [son] expérience d'Iroquois urbain, ainsi que la recontextualisation des images historiques des premières Nations pour un public contemporain ».

J'ai été également séduite par les portraits de KC Adams qui dénoncent les étiquettes que la société choisit d'apposer aux individus, choix qui vient ébranler plusieurs convictions que certains pourraient entretenir face aux « conventions ». Et si, au fond, le regard d'acier n'était qu'un masque?

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