Mise en contexte, mise en situation, mise en abîme: voilà ce que nous ont proposé hier soir les deux complices derrière La Schubertiade des temps modernes (diffusée à CIBL les jeudis au tournant de la nuit, de 23 h à 1 h) lors d'un concert-bénéfice qui permettait de mieux saisir la dynamique de cette émission bien particulière. À l'animation et à l'esquisse d'histoires impromptues, Claudio Pinto a su démontrer qu'il avait toutes les attitudes pour réagir au quart de tour. Au piano, Guillaume Martineau m'a convaincue, une fois de plus, de ses dons exceptionnels pour ce genre trop peu pratiqué de nos jours. Technique éblouissante, architecture sonore impressionnante qui permettait l'intégration de multiples voix intérieures, rythmique implacable, il a su captiver le public par sa musicalité, ses clins d'oeil au passé (Debussy, Stockhausen, modes antiques) ou au présent (éléments de jazz, quelques effluves qu'on aurait cru de Billy Joel, rythmes sud-américains, sonorités du monde arabe) et un souffle d'une rare puissance.
Après avoir élaboré sur la notion d'improvisation (part intégrante de la pratique musicale depuis les débuts de l'humanité ou presque), Guillaume Martineau a d'abord offert deux improvisations musicales. En deuxième partie de concert, on nous proposait une simulation d'émission. Après avoir demandé au public de suggérer un mot (« nuance »), il a dévoilé à Claudio Pinto quel serait le fil conducteur de l'histoire qu'il aurait à présenter, en quatre segments s'inspirant de ce qu'il entendrait, dans ce cas-ci « Bosendorfer » (comme le magnifique instrument sur lequel jouait le pianiste dans la chaleureuse salle de musique de chambre des JMC) mais avec la restriction expresse que le nom ne pouvait pas faire référence au piano. (Bosendorfer est devenu le chien de l'histoire.) Une première improvisation mi-poétique, mi-fiévreuse a permis à l'histoire de Joel, jeune homme de 14 ans qui s'ennuie de sa grande sœur J. et fervent amateur de l'émission Les envahisseurs, de s'esquisser. Près d'une heure plus tard, c'est avec une réelle émotion que nous avons pu connaître la conclusion de cette histoire improbable mais qui nous ressemblait tous un peu, l'épilogue se juxtaposant à un accompagnement musical subtil.
Bien sûr, les aléas d'improviser musique et mots en direct sont multiples (on a fait allusion au début du concert à une fosse aux lions) mais l'union entre les deux langages a semblé confondante d'évidence hier soir. Si vous le souhaitez, vous pourrez assister à l'enregistrement d'une des émissions au Upstairs le 1er juillet à partir de 20 h 30 et constater par vous-même la chimie assez saisissante entre les histoires de l'un et la musique de l'autre. En attendant, je vous invite à découvrir l'émission ce soir (diffusion en direct en ligne ici). Les émissions devraient également être bientôt disponibles en baladodiffusion pour ceux qui préfèrent improviser avec Morphée à cette heure un peu tardive.
Ah ben là, tu me touches beaucoup. Ta présence suffisait amplement, et voilà que je trouve ce matin un billet pour parle de notre concert, à moi et à Guillaume.
RépondreSupprimerContent que tu aies aimé, content que nous soyons parvenus à te faire sentir chez-toi, et que les improvisations de Guillaume soient, encor une fois, parvenus à te toucher.
Ton compte-rendu a fait ma journée. Merci encore.
Et dire que d'autres belles schubertiades s'en viennent !