La musique et l’écriture ont été de tout temps les deux pôles de la vie créatrice de l'auteure. Ce site se veut donc un hommage à la musique (particulièrement classique) et à la littérature, mais aussi au théâtre et aux autres manifestations artistiques.
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mardi 25 août 2009
Deviens celle que tu es
Parfois, on lit un livre pour s'évader; à d'autres, pour se sentir interpellé. Ce livre tombe définitivement dans la seconde catégorie. Tout d'abord, j'ai dû physiquement me l'approprier. En effet, la Collection romantique de José Corti présente des livres comme ceux d'autrefois, dont il faut d'abord libérer les tranches. J'ai quelques souvenirs flous de mon père passant de la sorte à travers quelques vieilles éditions mais n'avais jamais sorti le couteau avant d'entamer la lecture d'un ouvrage (les coupe-papier étant devenus objets désuets en même temps que les lettres, ce qui est bien dommage). Je me suis ensuite appropriée l'auteure, Hedwig Dohm, féministe allemande du XIXe siècle (grâce à une présentation fort soignée (qu'on suppose signée de la traductrice). Les conditions idéales étaient alors réunies pour que je plonge dans cette novella, traduite pour la première fois en français, qui ne m'a à aucun moment paru datée même si elle a d'abord été publiée en 1894.
Dans celle-ci, Dohm trace le portrait d'une femme vieillissante, pareille à des milliers d'autres, qui a, du moins en apparence, sombré dans la folie (ou a-t-elle plutôt choisi de s'y réfugier?). À travers les notes du médecin puis des extraits de son journal, les événements marquants d'une vie se dessinent peu à peu. Dohm y glisse nombre de réflexions pertinentes (mais non nécessairement militantes) face au vieillissement, au rôle de la femme (le monde a changé en un peu plus d'un siècle mais, au fond, pas tant que ça), à l'importance de l'amour, à l'âge acceptable d'y céder aussi. « Il y ici des êtres beaux et émouvants comme l'île. J'ai vu l'homme que j'aurais dû aimer si je l'avais rencontré dans ma jeunesse; un être que la nature a créé dans une heure de liesse. » (p. 143) Le style est élégant, vif, d'une séduisante précision et comprend des références à la philosophie (le titre même de la nouvelle se veut un clin d'oeil au Gai savoir de Nietzsche) ou à la musique de Wagner. Une auteure et un texte que je relirai sans aucun doute.
Merci à tidoigts pour le cadeau!
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