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dimanche 6 septembre 2009

Le travail de l'huître


J'avais hésité à sa sortie. Je me rappelle avoir été séduite par le personnage Barbe en tournée de promotion mais pas suffisamment pour souhaiter lire son livre sur le champ. Mais quand le livre a croisé ma route en bibliothèque il y a peu, je n'ai pas résisté. Que j'ai bien fait!

L'idée de départ du roman est inusitée. Andreï, révolutionnaire plus ou moins exalté, souhaite assassiner le tsar. Par un curieux concours de circonstances, il se blesse sur le coin d'une table et devient alors invisible. De fable politique, le livre bascule en quelques instants vers la fable humaniste et c'est là que réside sa plus grande force.

Andreï doit apprendre à vivre en marge, à aimer de loin, à ne plus s'immiscer dans une société qui ne sait plus rien de lui. Il voyage de par le monde, espère qu'une découverte scientifique justifie la troublante condition qui est la sienne. Il finit par se retirer entièrement de la société, ne fréquentant les hommes qu'en cas de totale nécessité. Un jour, une jeune femme croise sa route - ou plutôt la percute littéralement. Dans l'ombre, à distance, il deviendra son ange gardien, démontrera hors de tout doute son humanité.

L'écriture de Jean Barbe est recherchée et fluide à la fois. On ressent l'immensité des steppes, la morsure du froid, le dépaysement. Un souffle de tragédie russe, parfois brutale, traverse les pages, mais ce sont les petits gestes qui animent le propos. L'auteur traite son personnage sans complaisance mais avec une certaine tendresse. Surtout, il expose rapidement au lecteur les règles du jeu: ne questionnez pas tout de suite, suivez Andreï dans son périple. Ce dernier le mènera au bout d'une vie à nulle autre pareille. J'ai refermé le livre, totalement envoûtée... en me disant que je lirais assurément d'autres titres de l'auteur.

4 commentaires:

  1. Même si l'auteur, vu quelques fois à la télé, ne me séduit pas particulièrement, j'avoue que ses livres piquent ma curiosité!

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  2. Elle fait bien plaisir à lire cette critique enthousiaste, d'autant plus quand du coup, c'est la découverte d'un auteur ... québécois.

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  3. Tiens, je suis curieuse, moi aussi. Cette idée d'histoire bizarre me tente beaucoup!

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  4. Jules: j'avais peur que le style ne témoigne un peu de cette arrogance. Il n'en est rien!

    Venise: un auteur québécois qui m'a paru international. Aucun des tics reliés très (trop) souvent aux auteurs d'ici.

    Karine: et, en plus, c'est un court roman! ;-)

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