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vendredi 12 février 2010

Les années-tennis


Dans Les Années-tennis, Normand Corbeil propose au lecteur une narration entre récit, roman et recueil de novellas. Les saisons s'y succèdent, au tennis comme dans la vie. L'arrogance de la jeunesse, les troubles de l'amour naissant, les rêves professionnels feront bientôt place à des amours plutôt tièdes, des amitiés qui ravagent et une recherche assumée d'un certain confort matériel.

Présenté en quatre sections (comme les membres d'un double mixte?) s'articulant les unes aux autres, le récit s'attarde chaque fois à l'un des membres d'un club de tennis, le nimbant d'une lumière toute particulière. Si on cédera facilement au charme débonnaire de Bob dont la vie basculera presque subrepticement quand Barbara décide de s'effacer de sa vie (il y aurait vraisemblablement eu matière à développer cette histoire en un roman complet) et se révélera intrigué par l'amitié que Pascal entretient avec l'intrigant Édouard (bravo pour la chute!), on se calera peut-être moins facilement dans la vie monotone d'Arnold, incapable d'assumer sa solitude et son ennui.

Je reste partagée face à cette lecture, comme après un match inégal, tantôt enlevé et tantôt monotone. Certains moments particulièrement inspirés, notamment quelques manipulations de la trame narrative, l'amour évident porté à la philosophie (matière qu'enseigne l'auteur depuis de nombreuses années) et au sport lui-même (plusieurs très belles envolées) nous donnent l'impression d'assister à un échange relevé. D'autres pages laissent une impression de légère frustration. On se lasse rapidement des réflexions de babyboomers sur le temps qui passe, la nécessité d'accumuler toiles recherchées, autos luxueuses et maisons coquettes pour valider le vide troublant qui habite plusieurs personnages. (J'assume entièrement mon appartenance à la Génération X.)

Alors que certaines tournures de phrase astucieuses font mouche, d'autres, pétries de darlings (ces figures de style et jeux de mots qui démontrent une certaine virtuosité mais demeurent vides de sens) et de lieux communs, laissent perplexe. De plus, l'idée d'intégrer des personnages qui se répondent d'une novella à l'autre aurait pu aussi être mieux exploitée si le ton employé dans les quatre sections avait été plus unifié. Néanmoins, on se souviendra de ces récits comme d'une rare ode au tennis, qui ne pourra que réjouir les amateurs de la petite balle. Un cadeau de fête des pères, peut-être?

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