« Pour savoir où on en est avec quelqu'un, il suffit d'écouter de la musique ensemble. Le moindre désaccord nerveux vient faire tache dans les intervalles, mais si le son passe sans rencontrer personne, c'est le signe que tout va bien. »
(Philippe Sollers, Passion fixe)
C'est vrai qu'il y a quelque chose de terriblement intime à écouter, vraiment écouter de la musique ensemble, pas seulement être un parmi une masse, mais deux dans le son, dénudés vis-à-vis ce que l'on entend, à fleur de peau, prêts même à accepter les larmes si la musique s'y prête. Hier soir, dans le calme feutré de mon salon, avec un ami très proche, également musicien, chacun à un bout du sofa mais pourtant connectés, nous avons écouté Anne-Sophie von Otter et Brad Mehldau, dans certaines de leurs reprises de chansons françaises, tout particulièrement. La voix, les arrangements subtils, très classiques, la complicité palpable entre les deux artistes, tout cela a pris une couleur bien particulière parce que partagée. Quelque chose de magique dans l'air...
Ce disque m'a confirmé que la musique m'avait manqué depuis quelques jours. Est-ce une coïncidence que ce disque mette en scène lui aussi un homme et une femme ? Ce sont des amis, à en croire leur complicité musicale; comme ces deux amis sur le sofa. Et puis, la citation de Sollers qui accompagne le tout magnifiquement. Le livre de l'écrivain était comme le vin, d'un accompagnement subtil et silencieux.
RépondreSupprimerPour continuer dans les coïncidences, quelques heures après la découverte de ce disque, m'a téléphoné, dans la nuit, directement de Boston, ce grand ami et grand amateur de la musique de ... Brad Meldhau, à qui je n'ai pas pu ne pas partager la citation de Sollers.
Des coïncidences en musique...
RépondreSupprimerLe plus intime c'est de jouer ensemble, non.
Claudio: c'est quand même incroyable...
RépondreSupprimerCaro: je vais te surprendre peut-être mais je ne suis pas certaine que de jouer ensemble est nécessairement l'acte le plus intime. Quand on joue, on doit malgré tout toujours rester en contrôle et, oui, peut-être ce passage partagé avec un autre en musique de chambre nous donnera le frisson mais impossible de se dénuder entièrement, à moins de considérer peut-être le déraillement.
Lucie, très intéressante réponse à Caro.
RépondreSupprimerJe ne sais pas, c'est juste quelque chose que j'ai ressenti il y a quelques semaines. L'intuition que le petit morceau joué avait atteint une harmonie qui dépassait les notes, un rythme communs. mais ce n'était qu'une impression.
RépondreSupprimerClaudio: je pense que ce qui a été partagé dans l'écoute était supérieur à plusieurs collaborations musicales.
RépondreSupprimerCaro: oui, la complicité, la connexion, le plaisir de jouer ensemble... autant de choses qui font que je préfère en général la musique de chambre au solo. De là à être à vif? Je ne pense pas néanmoins.