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lundi 8 novembre 2010

Incendies

J'avais adoré la pièce. Quelques années plus tard, j'avais souhaité prolonger l'émotion ressentie et avais lu le texte. Je ne pouvais évidemment pas passer outre son adaptation cinématographique par Denis Villeneuve, dont le Polytechnique m'avait bouleversée. Les aléas de ma tourbillonnante vie m'avait empêchée de me précipiter en salle jusqu'ici mais hier, j'ai plié l'horaire à ma volonté (plutôt que le contraire).

Connaissant la trame narrative, je m'attendais à être atteinte au plexus. J'avais craint une surenchère de violence, cette histoire d'amour et de filiation se déroulant sur un fond de guerres impitoyables, les répliques de l'un s'imbriquant parfaitement dans les attaques du premier, dans un infernal engrenage. Oui, certaines images sont terribles mais celles qui m'ont atteinte le plus ne sont pourtant pas les plus sanglantes. La façon magistrale dont le réalisateur a choisi de sous-entendre plutôt que d'étaler a donné une toute autre dimension au texte, à ses méandres. Comme pour Polytechnique, mais pour des raisons différentes, impossible de retenir ou même souhaiter contenir les larmes, à la fois surcharge d'émotion et apaisement. On accepte l'émotion, puis la catharsis.

Dans sa relecture du texte dense, Villeneuve a dû faire des choix, privilégiant la puissance d'un regard à une tirade de trois pages. Certes, le personnage de la grand-mère, gigantesque au théâtre, est devenu plus caricatural que porteur à l'écran et j'ai regretté l'élision de Sawda, double de Nawal, la « vraie » femme qui chante. Ce sont de petits sacrifices à accepter, qui n'entachent en rien le souffle ravageur de cette histoire, portée par des performances investies des acteurs, un scénario habile et une trame sonore d'une rare puissance, sur laquelle voisinent Radiohead et Grégoire Hetzel.

« Où commence votre histoire? À votre naissance? Alors elle commence dans l'horreur. À la naissance de votre père? Alors c'est une grande histoire d'amour. » 

6 commentaires:

  1. Imagine, j'ai gagné une paire de billets et je n'ai pas encore réussi à me trouver du temps pour le voir. Mozaille !

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  2. Il faut que tu trouves le temps le week-end prochain :) Après, il y a le salon du livre...

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  3. Il passe le mois prochain ici...

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  4. Et il est sur la liste des candidats pour l'Oscar du meilleur film étranger! :)

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  5. Rebonjour Lucie, honte à moi aussi, je n'ai toujours pas vu ce film qui continue à être projeté plusieurs mois après sa sortie, ce qui prouve qu'il a trouvé son public. J'ai entendu beaucoup de bien à son propos. Bonne fin d'après-midi.

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  6. Un film très dur par son propos mais très beau cinématographiquement.

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