Je m'attendais à être soufflée par les prouesses athlétiques des danseurs; bien sûr, ce fut le cas. Je sentais que la juxtaposition Bach et hip-hop n'aurait rien de choquant; une fois sur place, cela relevait de l'évidence. Mais ce spectacle ingénieux est beaucoup plus que cela au fond. Il se veut aussi une réflexion sur la violence en milieu urbain (sans jamais tomber dans les clichés), sur la rencontre entre deux êtres (brûlant de poésie retenue), sur le geste de violence qui fait basculer l'amour dans l'horreur (tellement bien amené qu'on en reste le souffle coupé pendant de longues secondes), sur la transmission aussi du savoir (savoureuse parodie d'un cours de danse classique qui se métamorphose dès que le professeur a le dos tourné), sur l'amitié (la camaraderie entre les membres demeure presque palpable).
De façon remarquable, la chorégraphie permet de voir les lignes mélodiques des fugues de Bach, de comprendre en un coup d'œil comment elles se superposent, se répondent, se veulent complémentaires. J'aurais voulu pouvoir disposer du vidéo de certaines de celles-ci pour les présenter aux élèves, toujours démunis face à la « cérébralité » des fugues de Bach, incapables de faire ressortir les différentes voix, de les faire chanter. Voir le motif qui devient une série de gestes répétés par les différents danseurs, comprendre la strette en les voyant enfin danser à l'unisson, tout devient d'une limpidité désarmante dans ce contexte.
Si l'énergie des danseurs hip-hop est viscéralement masculine (difficile de trouver une forme d'art plus bourrée de testostérone que ces mouvements athlétiques), elle est astucieusement jumelée à celle de Yui, de formation classique et contemporaine aux lignes magistrales, en un mélange des styles parfaitement cohérent avec les différentes couleurs de ces douze premiers préludes du premier livre du Clavier bien tempéré. Saluons en terminant le travail d'échantillonnage de Ketan et Vivan Bhatti qui, jamais, n'ont dénaturé le matériau de base qui leur était imparti et ont su démontrer que Bach pouvait être aussi pertinent aujourd'hui qu'il y a 250 ans.
Le spectacle devrait être en tournée nord-américaine à l'automne prochain. J'y retourne.
Ouah, c'est beau et décidément j'adore l'allemand, je crois que je ne pourrais jamais oublier cette langue ; je pensais il y a qq jours qu'avec hom et les enfants nous irions bien en Bavière... Et j'ai eu une nostalgie de Vienne, c'est la neige sans doute, car je l'ai découverte sous la neige.
RépondreSupprimerje te pique le lien je vais voir si il pense venir en France et je vais le mettre sur fesse-boucq
Ils doivent certainement faire des tournées européennes (passablement plus faciles à organiser). Le « wow factor » est très présent ici et je suis certaine que tes gamins aimeraient aussi!
RépondreSupprimerImpressionnant. Toute cette énergie, toute cette émotion! Sont-il encore à Montréal?
RépondreSupprimerNon, malheureusement, ils n'y étaient que trois soirs seulement :s
RépondreSupprimerMEEEEEEERDE, quand je pense que jai hésité. Que j'aurais dû. Je déteste avoir des regrets
RépondreSupprimerah oui vraiment j'aimerais voir ça!!!
RépondreSupprimercaro_carito, tu me tiens au courant, s'ils passent dans mon coin?
;-)
No: ils repassent l'année prochaine. Peut-être seront-ils à Hambourg quand tu y seras? Je n'ai pas réussi à trouver leur horaire de tournée sur leur site...
RépondreSupprimerAdrienne: si tu es ouverte aux nouvelles juxtapositions, tu adoreras!