Dans la fébrilité du retour (et surtout la course folle au rattrapage de temps investi ailleurs), j'ai à peine réalisé qu'une page se tournait. En effet, après avoir cessé en mai 2009 la parution de la version papier de La Muse affiliée, après avoir entretenu (ou plutôt tenter d'entretenir, les collaborateurs habituels se sentant tous plus ou moins défaillants) une version électronique pendant un an puis laisser le site plus ou ou moins en friche depuis, j'ai décidé de ne pas renouveler mon nom de domaine. Quelques messages insistants de l'hébergeur me rappelaient qu'il était temps de débourser de nouveau pour assurer la continuité, mais ma décision était prise: j'étais prête à laisser s'éteindre doucement le projet. N'empêche, hier, quand j'ai tapé l'ancienne adresse et me suis retrouvée devant une page de pub qui indiquait que le domaine était en « suspens », le propriétaire n'ayant pas encore renouvelé les droits (je dispose d'un sursis symbolique de quelques jours pour payer, ce que je ne ferai pas), cela m'a tout de même fait un petit pincement.
Rassurez-vous, j'ai des archives papier de tous les numéros et ai plusieurs dizaines d'exemplaires en réserve, si, un jour, un lecteur souhaitait feuilleter ou se procurer un ancien numéro. J'ai des archives PDF des derniers numéros et peux donc également les partager sans problème. Plus étrange peut-être, il y a quelques jours, j'ai reçu une demande d'abonnement de la France, la première depuis des lustres. Comme un dernier clin d'œil avant que le rideau ne s'abaisse.
Je ne vous raconte pas cela par pure nostalgie, rassurez-vous. Je suis quelqu'un qui, foncièrement, regarde vers l'avant, et ne se retourne que très périodiquement, histoire d'apprécier le chemin parcouru et jamais de me morfondre d'un « C'était le bon temps ». Je suis néanmoins très consciente de ce que je dois à La Muse affiliée. En mettant la publication sur pied en septembre 2008, je souhaitais rejoindre d'autres professeurs, isolés dans leur studio de pratique. Ce que je n'avais pas prévu alors était que ce geste de transmission, ce trait-d'union, mènerait très rapidement à une pratique journalistique régulière, qui me permettrait de développer une certaine crédibilité professionnelle (et ce, même si la plupart de mes élèves ne réalisent pas ce que je fais aussi dans la vie) et même de pouvoir m'entretenir avec certains géants du monde du classique, Je ne pourrai certes jamais oublier que j'ai parlé à Dieu lui-même (Alfred Brendel), mais aussi à tant d'autres qui ont su m'inspirer en tant qu'interprète, pédagogue, journaliste ou simple humain.
La Muse affiliée, cela aura été aussi de belles complicités entretenues avec deux amis graphistes, un fidèle réviseur, des collaborateurs bénévoles qu'il me faisait plaisir d'accueillir à chaque printemps pour un repas de réjouissances symbolique. Parce que, oui, encore et toujours, l'essentiel ici, c'était le partage.
Il faut parfois laisser tomber certaines cordes à notre arc !
RépondreSupprimerTu exprimes bien ta reconnaissance, tu es faite de cette expérience, tu l'as transporte maintenant en toi. J'en aime beaucoup le nom.
il a(vait) l'air bien beau, ce projet...
RépondreSupprimermais si je comprends bien, il a un peu servi de tremplin? il a généré du mieux?
bonne continuation, Lucie!
Venise: pas de nostalgie, accepter le passage du temps, simplement.
RépondreSupprimerAdrienne: il a servi un peu de tremplin, m'a permis de développer une écriture journalistique, en effet. Si tu souhaites consulter de vieux numéros en PDF, n'hésite pas à me faire signe.
La Muse affiliée était une belle réalisation. Elle n'a malheureusement pas supporté le passage de l'édition papier à l'autre, électronique et plus "volatile", faute de combattants. À mon tour de lui rendre un dernier hommage et de remercier Lucie en lui disant toute ma reconnaissance pour m'avoir confié l'écriture modeste de quelques unes de ses pages avec une confiance touchante.
RépondreSupprimerCependant, Lucie, ne pourrait-on pas envisager de mettre les PDF existants en ligne sur un site hébergé gratuitement, pour consultation ? On s'en reparle, si tu veux.
Marie