J'aime le hasard des rencontres, qu'elles soient avec les êtres, avec les œuvres musicales, avec les livres. Alors que je faisais des recherches dans le catalogue de la Bibliothèque nationale afin d'étoffer le contenu mes conférences préconcert de la mi-mai qui traiteront de l'amitié entre Mozart et Haydn, Iris m'a proposé ce livre de Bernard Pingaud.
Invité à un congrès d'écrivains à Helsinki, le narrateur ignore les suggestions de sorties de ses collègues et, attiré par le nom de Christoph Biedermeier, pianiste qu'il admire et qui ne joue que très rarement, il se glisse en salle, même si l'artiste interprète un concerto de Mozart - compositeur qu'il trouve de façon générale trop léger - qu'il ne connaît pas, en fa dièse mineur, K. 627. L'andante du concerto le hante et, dès son retour à l'hôtel, il n'a de cesse d'en retrouver son thème principal, qui lui échappe constamment. Une fois rentré chez lui, il fait des recherches auprès d'un collègue spécialiste, des disquaires, pour évidemment se faire dire que le concerto en question n'existe pas et que Mozart n'a utilisé la tonalité de fa dièse mineur que dans le mouvement lent du K. 488 (certes sublime).
Les années passent, mais périodiquement, le narrateur continue de loin en loin de repenser à ce mouvement de Mozart. Aurait-il rêvé cette soirée? Que cherchait à lui dire son subconscient alors? Les questions persistent, jusqu'à ce qu'un soir, dans un café de Vienne, il entende de nouveau l'andante, transformé, neutralisé d'une certaine façon par les doigts d'une pianiste jazz. Tout aurait-il été dit? « J'étais assuré, maintenant, que la merveilleuse musique qui m'avait obsédé si longtemps n'était pas perdue. Qu'elle continuait à voltiger, à travers l'espace et le temps, comme les mouettes de mon rêve, se posant là où il lui plaisait, quand il lui plaisait, dès l'instant où elle trouvait quelqu'un pour l'écouter. »
Pingaud revisite ici le concept même de l'idée fixe, en une recherche non pas tant de l'œuvre perdue que des sentiments qu'elle évoque. Peut-on recréer en mots une émotion, peut-on tout transmettre au lecteur, peut-on s'extraire de notre histoire personnelle? Autant de questions plus ou moins sans réponses, qu'il tisse avec maestria au canevas de cette longue nouvelle. Détail intéressant, en complément du texte, l'auteur revient sur la part de réalité et de fiction intégrée au texte, certains personnages réels - dont son ami André Frénaud, mort quelques mois avant que l'auteur ne rédige sa nouvelle -, côtoyant ainsi des amalgames d'êtres qui ont croisé sa route, dans des lieux tantôt aimés (Vienne), tantôt recréés de toutes pièces (Helsinki). Mozart aurait vraisemblablement aimé.
Et je crois que je vais aimer aussi!!
RépondreSupprimerJe note!
Et puis, ça se lit tout seul ou presque ;-)
RépondreSupprimerIntéressant, en effet ! Avec une couverture tonique.
RépondreSupprimerUne découverte pour moi!
RépondreSupprimerDans ma PAL et prévu pour le challenge! ;-)
RépondreSupprimerEntendre une mélodie et devenir obsédé par elle jusqu'à ce qu'on la retrouve, qui n'a jamais vécu cela ?
RépondreSupprimerJe note ce roman qui a l'air très bon !
J'en garde un excellent souvenir. :)
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