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lundi 19 décembre 2011

K. 622

J'ai découvert Christian Gailly par ricochet, à travers une très belle citation qui lie d'un même souffle la littérature et la musique. En faisant quelques recherches, j'ai pu apprendre qu'il avait déjà tâté du jazz et que la musique jouait un rôle non négligeable dans son corpus, avec des titres comme Be-bop, Un soir au club ou celui-ci, K. 622, qui traite de façon transverse du Concerto pour clarinette de Mozart.

Dans un état de somnolence, le narrateur entend un soir qui s'échappe de la radio le Concerto K. 622, tombe sous son charme (en effet, comment résister à cette œuvre magnifique?), n'a de cesse que de recréer l'émotion ressentie ce soir-là, lors de cette première écoute, de ce coup de foudre fulgurant. Il achète une première version (qui n'est pas celle entendue, puisqu'il n'a pas noté le nom de l'interprète), puis une deuxième (délicieux échange ici avec la vendeuse), on lui en offre une en cadeau, qu'il n'aime pas. Il n'aura de cesse que de se rendre en salle, pour entendre le concerto autrement, dans l'espoir peut-être de retrouver d'une certaine façon l'émotion de cette première écoute.

Une histoire qui aurait pu s'avérer très belle, inspirante, si elle avait été traitée avec un minimum de poésie (comme l'a par exemple réussi Bernard Pingaud dans L'andante inconnu), une passion communicatrice pour le concerto qui émeut, même à la centième écoute. Mais ici, l'auteur se perd dans les méandres des préparatifs menant au dit concert et il ne sera question de musique qu'à partir de la page 88 de 125).
« J'écoute et j'ai le sentiment d'un dialogue, évidemment, ce n'est pas ce que je veux dire, je parle d'un débat, d'une lutte, d'un combat, enthousiaste le plus souvent, d'un conflit, parfois chancelant, haletant toujours, mais je n'arrive pas à le traduire, ce n'est qu'un sentiment. La musique provoque, évoque surtout des sentiments, mais ce ne sont que des ombres, des âmes perdues dans les limbes de la mémoire,des accents, des inflexions, des voix mais des vois qui parlent sans rien dire, qui me me restituent des intentions, des courages, des volontés, des renoncements, des victoires, des échecs évidemment, ça ne manque pas, des passions, des joies, des douleurs, des cris pourquoi pas? [...] La musique parle en se taisant et moi j'écris mon découragement de ne pouvoir traduire de qu'elle dit, elle dit, elle dit, mon sentiment, la somme, la totalité de mes sentiments, elle recouvre, englobe, toute ce que je ressens, comme mutité, aveuglement, impuissance. »
À partir de cette rencontre, le livre semble enfin prendre une autre impulsion, se joue dans les demi-teintes, dans les hésitations liées aux rencontres (celle d'une femme aveugle, que son mari vient de quitter), mais avant, quel verbiage, quelle circonvolutions dans les méandres d'un cerveau vaguement monomaniaque, quelle impression de ne pas avoir su décrypter ce que l'auteur tentait d'établir comme thèse. Mais une fois le livre fermé, il reste, lancinant, le thème du deuxième mouvement du Concerto pour clarinette qui s'immisce naturellement en nous. Ce n'est quand même pas rien...


4 commentaires:

  1. Bon, apparemment, c'est mieux d'écouterla musique que de lire le livre...

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  2. Je suis (très) loin du coup de cœur, disons...

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  3. Je viens de terminer le livre dans le cadre du challenge d'Anne... comme tu pourras le lire dans mon billet, comme toi, je suis loin du coup de coeur !

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  4. Décidément, ce livre ne semble pas convaincre! Au moins, ta couverture était jolie! :)

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