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mardi 27 décembre 2011

Les petites voix

Paul Grenz: musicien réputé, compositeur de pages qui s'immiscent dans l'imaginaire collectif. Avant de se tourner vers la composition, il a publié des vers. « J’aime la littérature mais je préfère la musique parce qu’il y a plus de silence dedans », aurait-il confié pour justifier sa réorientation de carrière. On lui connaît quelques flammes, une lignée. Mais qui est-il vraiment? Un magazine confie le mandat d'un portrait à une journaliste. Elle hésite à accepter, ne sait comment elle réussira à aborder le mandat. « Mais j’ai écouté la musique et j’en suis tombée amoureuse, ce qui est une autre forme de sagesse, et pas la moindre. » 

Ignorant où il vit - où même s'il vit encore, les rumeurs circulant à son sujet se révélant autant de fausses pistes -, elle amorce un portrait impressionniste, par petites touches, interrogeant ceux qui l'ont côtoyé, de l'ancienne collaboratrice à la fille, en passant par le meilleur ami et le musicien qui le considère comme un mentor. « C’était si simple, ce qu’il faisait, le genre de truc qu’on aurait un peu honte de jouer parce qu’on a l’impression que n’importe qui peut le faire. Jusqu’au jour où on se rend compte que cette musique vous est rentrée dans la peau. Qu’on peut la réécouter sans qu’elle s’use. Un peu comme des chaussures qui grandiraient avec vous. »

Anecdotes, révélations et confidences des interrogés finissent par tisser une trame étonnante, qui dévoile le personnage autant qu'elle l'entoure de mystère. « Classer les notes que j’avais écrites et qui commençaient à s’accumuler? C’étaient comme des îlots qui attendent qu’on leur construise des passerelles. Pour l’instant, ils flottaient les uns près des autres, prêts à se rapprocher – ou à s’éloigner définitivement. » Cette quête finira par devenir but en soi plutôt que finalité, mais surtout changera irrévocablement la façon dont la journaliste abordera la vie. Après tout, ne dit-on pas qu'un portrait réussi en révèle autant sur celui mis en lumière que celui (celle ici) qui reste dans l'ombre pour en tracer les grandes lignes?



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