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samedi 31 mars 2012

Elle et nous

C'est jeudi soir, dans un resto du Vieux-Montréal, que Michel Jean a lancé son nouveau livre, Elle et nous, entre récit et biographie romancée, hommage à sa grand-mère innue. J'ai eu la chance de lire une version préliminaire du texte et serais bien incapable de proposer une lecture critique objective (bel oxymore que je viens de commettre ici!).

Encore une fois, je me suis laissée prendre au jeu et, quelques instants après avoir lu la dédicace, me suis replongée dans ce travail de mémoire, immédiatement happée par le propos. Au fil des pages, portées par un souffle évident, j'ai redécouvert cette femme forte, qui a aimé, parents, mari, enfants, petits-enfants, en marge peut-être d'une certaine société bien pensante mais sans jamais oublier ses racines.
« Je regardais ma grand-mère, sa peau cuivrée, ses yeux légèrement bridés, et je restais perplexe. Elle savait des choses dont je n'avais jamais entendu parler, moi qui avais pourtant toujours le nez dans un livre et que les autres élèves à l'école surnommaient « Tout connaître » pour se moquer de moi. Soudain, cette femme habituellement silencieuse et réservée me parlait d'un univers dont j'ignorais tout. Elle m'ouvrait une porte sur son monde. Et je trouvais cela fascinant. » (p. 94)

La nature des liens que Blancs et autochtones entretiennent me laisse presque toujours un goût très amer dans la bouche, qui me fait presque regretter mon statut de Canadienne privilégiée. Comment on ne semble pas capable de cohabiter de façon égalitaire sur un aussi grand territoire me dépasse entièrement. (Je ne saurais trop vous recommander le visionnement des quatre émissions du 8e Feu à ce sujet.) Les deux solitudes ne sont pas tant celles entre les pratiquants des deux langues officielles selon moi qu'entre ceux qui étaient là bien avant la conquête et ceux qui ont tenté de les transformer à leur image. Il se pourrait que mon sang soit en partie mêlé, ma mère étant née dans un village à côté d'Odanak, réserve abénaquis. Je ne le saurai peut-être jamais avec certitude mais, peu importe au fond, à travers la réflexion, les mots de Michel Jean, je sais que l'Indien, je l'ai en moi.

photo: Lucie Renaud
Je salue en terminant le magnifique travail de conception, jaquette (dont les rabats reprennent un motif innu) et couverture du livre étant travaillées de façon complémentaire.


4 commentaires:

  1. Oh que j'ai hâte de le lire !

    Et, en effet, le visuel du livre est à couper le souffle.

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  2. Bonjour Lucie,
    Ce livre me tente beaucoup comme tout ce qui touche aux amérindiens.

    Le Papou

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  3. encore un livre qui a tout pour me plaire!
    je l'ai déjà dit, Lucie, faut arrêter, je n'aurai jamais assez de reste de vie ;-)
    merci à toi et bonne journée!

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  4. Venise: c'est rare qu'on ait droit à un si bel objet.

    Le Papou: il se lit vraiment très bien. Je pense que ça te plaira. Je peux te prêter mon exemplaire quand on se verra en mai si tu le désires.

    Adrienne: C'est vrai! On n'aura jamais assez de temps pour lire tous les livres intéressants ou écouter (ou jouer) toutes les partitions. C'est effarant et merveilleux! :)

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