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mercredi 18 avril 2012

Les heures silencieuses

Dans son premier roman, Les heures silencieuses, Gaëlle Josse esquisse à petites touches la vie sublimée du personnage féminin d'un tableau d'Emmanuel De Witte, peinte de dos, devant son épinette. À travers des phrases presque murmurées, Magdalena se révèle. Fille et femme d'administrateur de la compagnie néerlandaise des Indes orientales, elle parle de son enfance, de son quotidien, du métier des hommes de sa vie (qu'elle conseille), des enfants qui, parfois, nous sont enlevés par la maladie. Elle nous parle aussi de ses doutes amoureux, de ses blessures qu'elle tente de colmater en s'assoyant seule à l'instrument ou en accompagnant ses filles lors de soirées.
« Lors de l'après-dînée, nous avons l'habitude de réunir quelques amis, amateurs de nos concerts familiaux. Ce sont des moments qui réjouissent mon cœur. Lorsque je me surprends à rêver, c'est d'une existence tissée de ces seuls moments, où chacun semble s'accorder à lui-même, comme à son entourage, avec la plus grande  justesse, et n'éprouver pour le monde qu'indulgence, et affection. »
Au fil des pages, cette petite musique de fin d'après-midi, ces parcelles de vie, s'immisce en nous, de façon peut-être moins organique que dans Nos vies désaccordées, mais avec une délicatesse indéniable, comme ces ornements subtils que les compositeurs baroques intégraient à leurs pages pour clavier.
«... je suis accommodée aux défauts de mon épinette, et mes doigts y trouvent seuls leur place. Elle est ma mémoire et ma voix, c'est auprès d'elle qu'il m'importait d'être représentée. »
Aucun doute dans mon esprit, à la place de Magdalena, j'aurais fait de même... 


3 commentaires:

  1. Joli billet sur un roman plein de charme et de mélancolie. J'ai hâte de décovrir le suivant, dans ma PAL depuis peu !

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  2. Tu aimeras sans doute; on retrouve toute la délicatesse de l'écriture de Josse.

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