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jeudi 30 août 2012

Schuld sind immer die Anderen

Je suis revenue complètement soufflée de la projection du premier long métrage de Lars-Gunnar Lotz, Schuld sind immer die Anderen (Shifting the Blame dans sa traduction sous-titrée anglaise, présentée au FFM). Le personnage principal, Benjamin, délinquant depuis l'âge de 14 ans, enfile vols de voiture et larcins divers, histoire de se payer alcool et drogue. Un soir en apparence comme les autres, il attaque une femme, vole sa voiture, son argent, des photos de sa fille. Quand il lui demande de s'arrêter au guichet automatique pour lui remettre 500 Euro et qu'elle échappe les billets par terre, il explose, la roue de coups et file avec son complice. Emprisonné suite à un autre crime, il échoue en prison. On lui propose bientôt une porte de sortie, un séjour, dans un lieu en apparence idyllique, sans barreaux ni clôtures électrifiés, Waldhaus (la maison de la forêt), qui favorise la réinsertion de jeunes délinquants. Quand, après quelques jours, il rencontre la femme du responsable de l'établissement, il réalise qu'elle a été sa victime. Le film s'attardera à suivre aussi bien agresseur que victime, celle-ci hantée par le souvenir de l'attaque sauvage, celui-là ployant sous le poids de la révélation et de la culpabilité.

Le jeune réalisateur est très engagé comme en témoigne ces deux premiers essais, un documentaire en hommage à sa sœur Lisanne, qui souffre du syndrome de Down, et Für Miriam, un court-métrage qui traite du choc vécu après un accident fatal voiture contre scooter, qui a valu à son actrice principale, Franziska Petri, un prix d'interprétation à la Berlinale en 2009. Il explique avoir voulu cette fois s'immiscer dans l'univers des travailleurs sociaux et a passé un certain nombre d'heures dans un lieu de réinsertion qui ressemble à Waldhaus, avant d'élaborer un scénario inventif, qui refuse toute tentation de facilité ou de dogmatisme, avec Anna Maria Praßler (avec laquelle il avait également collaboré sur Für Miriam).

Tout au long du film, le spectateur reste absolument captivé, tant par le propos que la façon dont il est rendu. Edin Hasanovic (20 ans, dont c'est le premier grand rôle, mais qui a été vu à la télé au cours des cinq dernières années) crève l'écran dans le rôle de Ben et exprime avec autant de conviction une colère presque tellurique qu'une douleur intérieure qui n'a rien d'unidimensionnelle. Julia Brendler (qui a beaucoup travaillé à la télévision) rend bien les déchirements intérieurs de la victime, qui aimerait pouvoir pardonner, mais qui ne sait pas comment contenir ou exprimer de façon entièrement cohérente sa colère, même à son mari.

Je surveillerai avec attention le parcours de ce réalisateur au cours des prochaines années. Il vous reste deux occasions de vous glisser en salle pour apprécier la puissance de ce film (en compétition dans la catégorie « premières œuvres »), le 31 août à 14 h 10 et le 1er septembre à 18 h 40.


Le site officiel du film (en anglais et en allemand).

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