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samedi 22 septembre 2012

Un Amour sorcier onirique

Photo: Lightcastle
Mercredi soir, j'étais l'une de 600 personnes s'étant glissées dans la salle pour l'expérience immersive L'Amour sorcier, présentée conjointement par l'ECM+ et l'Ensemble Appassionata, sous la direction de leurs deux directeurs musicaux attitrés, Véronique Lacroix et Daniel Myssyk. En effet, difficile d'utiliser le terme « concert » pour décrire ce sons et lumière nouveau genre, mis en scène par Matthias Maute, qui permettait d'intégrer une autre dimension à l'écoute des œuvres proposées.

Les projections vidéo de Foumalade ont d'abord joué la carte d'un certain onirisme, prolongeant efficacement l'aspect nocturne de la musique du ballet de Manuel de Falla, une histoire d'amour hors du temps dans laquelle le fantôme d'un ancien amant revient hanter la gitane Cardela. L'oreille était portée par les forces combinées des deux groupes, l’œil cédait aux suggestions, sans qu'une ligne narratrice n'encombre la rêverie de l'esprit.

La découpe de la partition de Falla en quatre sections permettait l'intégration de trois œuvres contemporaines (dont deux créations), qui se transformaient en interludes ou déclinaisons de la trame élaborée de façon presque sublimée. Quimera d’Analia Llugdar devenait prolongement efficace des demi-teintes de la première partie, surtout qu'elle intégrait en son apex la soprano Julie Boulianne, au timbre moelleux, irréprochable lors de chacune de ses interventions, sculpturale dans une robe de velours rouge au dos largement découvert. Les Nine Proverbs d'Ana Sokolovic s'inscrivaient de façon ludique, réflexion décalée, en apparence en porte-à-faux du ballet, pourtant cohérente. La vidéo a misé ici sur une déconstruction des diverses maximes illustrées, permettant certainement une compréhension plus active de la partition, gommée de toutes les aspérités.

Seule détonnait (Re)volution d'Andrew Stanliand, une œuvre concertante pour guitare électrique et orchestre, qui misait sur les effets d'amplification et de distorsion, soutenue par des projections vaguement psychédéliques rappelant Escher, avant que de puissants réflecteurs rouges et orangés ne brûlent la salle, dans une atmosphère entre salle d'interrogatoire et tripot un peu louche. Il faudrait réentendre la pièce dans un autre contexte pour évaluer correctement sa portée. Même si j'ai bien compris, de façon rationnelle, que la révolution espagnole y était évoquée, j'avais l'impression que cette page brisait l'atmosphère mystérieuse, presque magique, qui s'était installée jusque là.

Nul doute, la juxtaposition sons et images convainc et n'enlève rien à l'expérience traditionnelle de concert. Voilà un filon qui mérite d'être exploité et décliné de diverses façons.



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