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mardi 18 septembre 2012

Une Traviata honnête

J'ai découvert La Traviata dans les années 1980 par le cinéma, grâce au film de Zeffirelli mettant en vedette Teresa Stratas en Violetta et Placido Domingo en Alfredo. À cette époque, je connaissais tout au plus Carmen (j'ai même rédigé une dissertation d'une vingtaine de pages sur cet opéra à l'université, document malheureusement perdu) et quelques airs isolés, souvent les mêmes, que j'accompagnais dans les classes de chant. Pourtant, le traitement de Verdi, la cinématographie de Zeffirelli, les voix somptueuses, m'avaient interpellée, presque malgré moi. Peut-être parce que la magie était restée si présente, j'avais toujours hésité à me glisser en salle lors d'une des nombreuses représentations de l’œuvre au fil des ans.

Myrto Papatanasiu © Yves Renaud
La production proposée par l'Opéra de Montréal cette semaine ne révolutionne certainement pas le genre, hormis un déplacement de l'action dans les années 1920, costumes et décors achetés au Minnesota Opera obligent. Bien sûr, la musique de Verdi est pur bonbon (bien défendue par l'Orchestre métropolitain), les grands airs s'enchaînant, et comment ne pas choisir de céder, une fois encore, aux charmes de La dame aux camélias?

Pourtant, il y manque un petit quelque chose pour rendre la soirée mémorable. La mise en scène de Michael Cavanagh reste sage, même si les foules des scènes de festivités sont bien gérées et le numéro de divertissement espagnol particulièrement savoureux. La soprano grecque Myrtò Papatanasiu possède une jolie voix, une belle expressivité, sait jouer, même si certains gestes (indications du metteur en scène? stress d'un soir de première?) semblent ici là un peu plaqués. Sa dernière grande scène est transmise avec fièvre et fragilité, même si elle n'arrache pas les larmes. Malheureusement, aucune chimie physique ne semble exister avec son Afredo, Roberto di Biasio, un peu engoncé, qui a éprouvé quelques difficultés au niveau de la justesse et de la projection. Déjà, il est difficile de s'attacher à ce personnage un peu mou, incapable de décrypter les plus élémentaires preuves d'un amour fou. Pour qu'on oublie ses tares, il faut que l'interprète nous séduise autrement, par sa profondeur, une certaine fragilité, une tendresse émue... La confrontation entre Garmont (Luca Grassi) et Violetta au 2e acte m'a semblé plus convaincante. Enfin, j'avais l'impression de toucher à une certaine émotion - à défaut d'une émotion certaine. N'empêche, on sort de la salle en fredonnant l'une ou l'autre page, sous le charme de cette musique d'une efficacité redoutable.

Il sera intéressant de voir, à la fin octobre, le traitement que réservera l'Opéra de Québec à ce grand classique.

Il reste encore quelques billets épars pour ce soir, jeudi et samedi, ici...


2 commentaires:

  1. Ce qu'on demande tout d'abord à la musique - à plus forte raison à l'opéra - est de nous émouvoir ; ce qui est de plus en plus difficile de nos jours, avec des oeuvres que nous connaissons par coeur, grâce au DVD, au CD, à la TV...
    La Traviata de Zeffirelli reste magnifique (et tellement bien filmée). Et j'en ai vu une très belle récemment, avec Norah Amsellem dans le rôle titre.

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  2. J'en ai revu de larges pans hier, grâce à la magie de Youtube et étais complètement sous le charme de nouveau.

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