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dimanche 28 octobre 2012

Javotte

Il existe une multitude de déclinaisons de l’histoire de Cendrillon : livres, opéras, ballets, dessins animés, suites… Mais une histoire ne possède-t-elle pas toujours une multitude de points de vue? Pourquoi le père de Cendrillon a-t-il épousé cette femme acariâtre? Pourquoi ses belles-sœurs sont-elles aussi cruelles? Et si, ces personnages aussi avaient droit de parole, n’étaient pas entièrement noirs? Voilà le pari que Simon Boulerice a pris avec Javotte, relecture du conte au 21e siècle. Javotte et Anastasie ont perdu leur père, leurs repères. L’aînée use (et abuse) de méchanceté pour faire taire l’absence, la cadette subit ses attaques, sans entièrement les comprendre, trop heureuse quand sa sœur lui accorde un peu d’attention.

Comme toutes les filles de son âge, Javotte est obsédée par le plus beau garçon de la classe, Luc, qui l’ignore bien sûr. Mais contrairement à ses consœurs, elle décide de répondre à l’indifférence par l’attaque, en se liant à la sœur de son prince charmant en un temps, et en détruisant la compétition (Carolanne, la petite parfaite au teint radieux) par tous les moyens, vivant ses premières expériences sexuelles avec le père de celle-ci. Mais même quand on se range « du côté sombre de la force », rien n’est jamais aussi tranché. Un coup du destin la forcera à revoir certaines priorités, à accepter qu’elle ne possède pas une emprise valable sur le monde qui l'entoure.

À travers des chapitres courts, qui rappellent le journal intime (dans lequel la narratrice prétend écrire quand une amie l’interroge, mais qui restera vierge), Boulerice réussit à nous faire passer du vague énervement à un certain attachement pour cette jeune fille en quête de sens, en quête d’elle-même. Au lieu de nous complaire dans la reconstitution de l’histoire de Cendrillon (qui porterait assurément aujourd’hui des Manolo ou des Jimmy Shoes plutôt que de vulgaires pantoufles de vair ou même de verre), peut-être aurions-nous eu au fond avantage à jeter un autre regard dans le miroir? Miroir, miroir, dis-moi qui a les plus grands pieds…

2 commentaires:

  1. ça me rappelle une lecture jeunesse que je n'ai pas encore commenté mais dont tu pourras trouver une critique chez Pimpi : http://inbookswetrust.over-blog.com/article-revelations-de-la-soeur-pas-si-laide-de-cendrillon-claire-pyatt-92323652.html

    J'aime ces réécritures de contes classiques. Ils me font, en général, souvent rire.

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  2. Je suis allée lire le commentaire de Pimpi. C'est vrai que c'est chouette de « relire » les contes.

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