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lundi 22 octobre 2012

Pendant la mort

Comment dire le deuil d'une mère, évoquer à la fois la culpabilité, les incompréhensions, la difficulté de continuer à vivre aussi bien que de se souvenir? Denise Desautels y réussit admirablement avec son recueil Pendant la mort, tantôt chuchoté, tantôt prolongement d'une écorchure, les vers finissant par se muer en prose, journal d'un apprentissage, de la vie à travers la mort de celle qui a donné la vie, justement.

Quelques passages à partager

« je veux écrire, mentir à distance
s’il le faut
devant ce mur de deuil » (p. 68)

« Parfois il n’y a rien. Aucune musique, aucun son. Que ce pur silence de ta mort qui a effacé en quelques secondes jusqu’à l’icône de ta voix. » (p. 85)


« Il y a parfois, comme ça, des musiques qui ont le pouvoir de dénouer les ténèbres, de faire tomber les pans d’obscurité derrière lesquels des sons inédits attendent, attendent. Tant que tu étais là, toutes les cantates, tous les
Stabat Mater pouvaient se profiler sur les murs tandis que nos phrases vagues allaient et venaient entre nous avant de s’éteindre mollement sur ton drap ou sur le rebord de ‘unique fenêtre de ta chambre. » (p. 94)
« D’ailleurs, elle a toujours aimé se souvenir, toujours préféré le souvenir, j’allais écrire : le regret, à l’événement lui-même. Comme si le présent, objet perdu d’avance dont il ne lui serait jamais possible de faire le deuil, elle le savait, n’avait été pour elle que matière informe, insensée, inutilement vécue, inutilement douloureuse, à laquelle seul le temps finirait un jour par donner une vie autre, une part à la fois métamorphosable et supportable d’existence. » (p. 97)

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