Nous éprouvons toutes un jour ou l’autre des moments de
découragement, de déchirement, d’hésitation, mais il y aussi ces soirées
de filles qui vous permettent de tout oublier, alors qu’une pédicure ou
le visionnement d’une comédie romantique deviennent prétexte à un
échange à cœur ouvert, avec une copine que l’on retrouve une ou deux
fois par année ou encore avec celle qui connaît tous vos secrets, mais
ne se lasse jamais d’entendre le énième chapitre de votre histoire avec
Christophe et ne porte pas de jugement quand vous lui racontez les
frasques de votre dernier.
Si Une femme comme il faut, recueil de récits de Michelle
Bourassa, pourrait être classé dans la même catégorie que ces ouvrages «
bons pour l’âme » qui font la fortune des rayons psycho-pop, il m’a
semblé néanmoins plus que cela, parce que l’écriture fluide, si elle ne
renouvelle pas le genre, n’est pas dénuée d’une certaine profondeur – et
même, à certains moments d’une profondeur certaine. Quand elle évoque
cet accouchement qui aurait « dû » se vivre dans les larmes par exemple,
mais qui, au contraire, rapproche témoins privilégiées et celle qui,
bien malgré elle, occupe le rôle principal, on réalise que de la douleur
peut naître la pureté la plus désintéressée. Sous sa plume, un voyage
dans le sud devient prétexte à leçon de vie. Et puis, on ne peut
négliger ces peintures du quotidien, comme cette guéguerre en apparence
futile entre amie et mari, ces personnages qui naissent, comme Mme
Curado, avec laquelle l’auteure a partagé sa chambre d’hôpital, Pépé le
Pew ou Morgane la Banane, ces collègues de classe, alors que la
directrice en ressources humaines décide de se recycler en designer de
jardins, ou encore Mme X, hymne à l’amie fidèle (texte qui aurait
peut-être eu avantage à être resserré).
Et puis, oui, bien sûr, il y a ces références à la petite et à la
grande histoire, car comment peut-on accepter l’absence du père quand,
en plus, celui-ci a été un homme politique qui n’a pas nécessairement
fait l’unanimité? C’est peut-être là, curieusement, où le livre m’a
moins rejointe, non pas parce que je ne peux comprendre combien le deuil
d’un parent peut devenir lourd à porter, mais parce que, parfois, dans
ces textes, j’ai senti l’auteure presque trop « femme comme il faut »
justement, qui ressent le besoin de défendre, un point de vue, une
éducation. Sans doute était-il nécessaire qu’elle s’affranchisse de cet
héritage, la lectrice acceptant d’une certaine façon le rôle de confidente.
Une fois libérée, Michelle Bourassa saura vraisemblablement mener sa
plume ailleurs que sur la route des souvenirs. Nous lui souhaitons.
Bonjour Lucie,
RépondreSupprimerEt bien, je dois dire que tu me tentes plutôt. Je note. Merci
Tant mieux si je réussis à te tenter :)
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