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samedi 14 décembre 2013

De la lecture par strates

J'ai enfin pris le temps de regarder No et moi hier, prêt d'une amie. Si je me rappelais encore assez bien de la trame narrative du livre (ce qui est plutôt bon signe, cinq ans après), j'admets que j'ai tout de même été surprise par les strates de lectures émotionnelles qui se sont greffées au visionnement.

En effet, j'ai acheté mon exemplaire du roman dans une librairie, dont je me rappelle encore très bien la disposition, à Paris, pas loin du Musée d'Orsay, quelques semaines (mois) après l'annonce que le livre avait remporté le Prix des libraires 2008 (j'ai encore le bandeau, un peu déchiré). J'y mettais alors les pieds pour la première (et unique) fois, bouquinais un peu distraitement. Je me rappelle avoir ramassé quelques plaquettes historiques et artistiques à offrir en cadeau, puis d'avoir instinctivement fixé mon choix sur ce livre. Je ne connaissais pas l'auteure (je me suis reprise depuis, ayant lu plusieurs de ses titres et demeurant sensible à sa plume si particulière), mais me rappelle encore de l'émotion ressentie quand j'avais plongé dans ce livre, peu de temps après mon retour en sol natal.

Les images m'ont également fait basculer en quelques secondes dans un Paris que je connais bien, car la rencontre entre No et Lou se fait Gare d'Austerlitz, gare parisienne que j'ai fréquenté à de nombreuses reprises, lors de mes expéditions répétées chez Caro dans le Berry... La disposition des voies, les kiosques de viennoiseries, les appels sonores qui précèdent les annonces, tout me rappelait l'un de ces voyages, tant dans une direction que dans l'autre, seule ou accompagnée. Les gares restent des lieux magiques, qui emprisonnent des émotions à taille humaine, bien plus que les aéroports, propices aux montagnes russes. (Comment ne pas être bouleversé quand on vient de faire 6000 km pour retrouver quelqu'un que l'on aime!)

Le film lui-même est intéressant, très proche de l'essence même du livre, grâce à un scénario et des dialogues qui sonnent vrai, ainsi qu'un choix d'acteurs judicieux. Certaines scènes de défoulement adolescent resteront certes gravées dans ma mémoire, même si je n'ai évidemment jamais mis les pieds dans un appartement parisien aussi luxueux que celui qu'habite Lucas!

On se plaint souvent des adaptations cinématographiques... Dans ce cas-ci, je me souviendrai de celle-ci pour le voyage intérieur qu'elle m'a permis de réaliser par une très froide soirée hivernale.

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