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mardi 25 février 2014

The Meeting: rencontre réussie

Photo: Andrée Lanthier
Si Martin Luther King Jr avait rencontré Malcolm X pour une discussion franche, la cause des droits civiques des Afro-américains aurait-elle progressé autrement? Voilà la question que pose The Meeting, pièce écrite en 1984 par Jeff Stetson, articulée autour d’une conversation qu’aurait pu avoir les deux leaders américains dans une chambre d’hôtel de Harlem, peu après que la demeure de Malcolm X ait été bombardée, une semaine à peu près avant que trois hommes ne déchargent le contenu de leurs armes sur lui à la salle de bal de l’Audubon (et trois ans avant l’assassinat de Luther King).

Au début de la pièce, Malcolm X se réveille en sursaut, des suites d’un cauchemar. Craint-il sa mort? Plutôt que son nom soit plus ou moins occulté des mémoires collectives, que les droits de ses compatriotes noirs ne soient pas reconnus. Il discute ensuite avec son garde du corps Rashad, qui ne voit pas particulièrement d’un très bon œil qu’il ait convoqué le Révérend King, les deux finissant par unir leur voix en reprenant la chanson de Billie Holiday You Don’t Know What Love Is, qui prend une toute autre dimension dans ce contexte et, une fois cité une deuxième fois à la fin de la pièce, permet de refermer le livre de cette rencontre imaginée.

La table est mise pour que les deux hommes, l’un partisan de l’œil pour œil, l’autre de la non-violence, s’affrontent dans une joute verbale bien calibrée qui, plutôt que de prendre position, jette un éclairage pertinent sur les moyens pris par chacun pour parvenir à un même but. Plus la pièce avance vers un premier apex, alors que l’on croit que les deux se quitteront sur une note musclée, plus on réalise la complémentarité des deux approches et surtout, combien elles auront favorisé des avancées nécessaires. Et puis, le ton se modifie subtilement et Stetson nous rappelle que derrière les discours passionnés et l’apparente hargne, on retrouve des maris et des pères de famille attentionnés (Luther King offrant en cadeau aux filles de Malcolm X la poupée de sa fille devient un instant-clé), pas seulement des légendes.

La mise en scène  de Quincy Armorer mise sur le texte, mais ne se révèle jamais statique. Le décor de Logan Williams, fait pour se déplacer dans les écoles (la pièce ayant une portée pédagogique certaine, voulue par l’auteur d’ailleurs), soutient bien ce parti pris. Lindsay Owen Pierre, qui endosse ici pour la seconde fois les habits de Malcolm X (on l’a vu récemment dans Betty and Coretta avec Mary J. Blige) dose bien agressivité et intériorité. Christian Paul fait le choix astucieux de ne pas tenter de reprendre intonations ou gestuelles pour plutôt transmettre la force intérieure, bouillonnante, du pasteur baptiste. Kareem Tristan Alleyne se révèle sans reproche dans le rôle de soutien de Rashad.

Cette production du Black Theatre Workshop tient l’affiche jusqu’au 1er mars au Centre Segal.

2 commentaires:

  1. Wow ! Est-ce que tu sais si le texte de la pièce est disponible en français (mon anglais est faible, je perdrais beaucoup trop du texte en le lisant dans cette langue)?
    Ce texte m'intéresse au plus haut point. Merci beaucoup Lucie d'en parler ici. Belle journée.
    Marion

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  2. À ma connaissance, non (et je n'ai rien trouvé en faisant une recherche Internet)... C'est un sujet si américain que peut-être n'a-t-on pas pensé à le traduire. :s

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