Photo: Olivier Pontbriand, La Presse |
J'ai bien sûr depuis réalisé que mes parents ne devaient pas être aussi transportés de joie lors de son passage, puisqu'il leur remettait sans nul doute des factures. (Passablement, plus prosaïque comme relation!) Aujourd'hui d'ailleurs, je préfère de beaucoup recevoir ces dernières par courriel. Il faut quand même les payer, mais au moins, cela libère la boîte aux lettres d'interférences fort peu agréables. Certes, je ne reçois presque plus de lettres, écrites sur un papier à lettres magnifique (j'en ai fait collection pendant des années et ai même rêvé avec ma coloc de l'université d'ouvrir une papeterie, c'est dire...). Tout au plus ai-je parfois la surprise d'une carte d'anniversaire (et encore, elles aussi me parviennent généralement par voie électronique), de Noël ou, si je suis vraiment chanceuse, d'une carte postale que je pourrai punaiser sur mon babillard pendant quelques semaines.
Néanmoins, le facteur est encore mon héros - et je le salue toujours quand je le croise sur la rue, même si je peine à trouver une logique quelconque à son horaire depuis quelque temps -, car il me livre parfois des colis qui ont franchi des kilomètres avant de me parvenir (j'ai des amis qui croient encore en la magie des paquets lors des anniversaires), mais surtout des livres! C'est toujours un plaisir d'ouvrir ces emballages bruns, même si je sais souvent ce qu'ils contiennent, demande de services de presse pour les collaborateurs de La Recrue du mois oblige. Je sais aussi que, deux jours, une semaine après, un ami viendra fouiner dans ma bibliothèque pour voir quels nouveaux livres se seront ajoutés à l'étagère dédiée aux services de presse et que, quelques instants, il laissera courir ses doigts sur les couvertures, lira l'exergue ou un passage au hasard, souvent à haute voix, me confirmera que, même si nous vivons en cette ère du numérique, l'objet continue d'interpeller, de vouloir être humé, caressé, manipulé.
Quand j'ai su que, d'ici quelques années, les facteurs allaient disparaître, j'en ai ressenti une profonde tristesse. N'aurais-je pas dû leur dire avant combien je les aimais, combien j'étais jalouse au fond de leurs privilèges d'« hommes (et de femmes) de lettres »?
Un très joli billet !
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