T’en souviens-tu, Godin
astheure que t’es député
t’en souviens-tu
de l’homme qui frissonne
qui attend l’autobus du petit matin
après son chiffre de nuit
t’en souviens-tu des mal pris
qui sont sul’bien-être
de celui qui couche dans la neige
des trop vieux pour travailler
qui sont trop jeunes pour la pension
des mille métiers mille misères
l’amiantosé le cotonisé
le byssinosé le silicosé
celui qui tousse sa journée
celui qui crache sa vie
celui qui s’arrache les poumons
celui qui râle dans sa cuisine
celui qui se plogue sur sa bonbonne d’oxygène
il n’attend rien d’autre
que l’bon dieu vienne le chercher
t’en souviens-tu
des pousseurs de moppes
des ramasseurs d’urine
dans les hôpitaux
ceux qui ont deux jobbes
une pour la nuitte
une pour le jour
pour arriver à se bûcher
une paie comme du monde
t’en souviens-tu, Godin
qu’il faut rêver aujourd’hui
pour savoir ce qu’on fera demain?
Gérald Godin
Les botterlots
Wow ! Merci Lucie !
RépondreSupprimerHonte sur moi, je l'avoue humblement, je ne connaissais pas Gérald Godin. Voici donc, grâce à toi, une autre de mes lacunes de comblée.
Ce texte me parle de manière intime. Tout un choc en le lisant ce matin.
J'ai juste une petite question, en fait deux. Que signifient les termes « botterlots » et « byssinosé ».
Merci encore et belle journée.
Marion
Si tu viens à Montréal, métro Mt-Royal, un de ses poèmes, Le tango de Montréal est inscrit sur un mur.
RépondreSupprimerJ'avoue que je ne sais pas plus que toi ce que les deux termes veulent dire. Peut-être le titre prend-il son sens quand on lit le recueil en entier. J'ai pensé à un clin d’œil à Waterloo (échec), mais cela n'a peut-être rien à voir.
Je viens de réserver « Ils ne demandaient qu'à brûler » à la bibliothèque.
RépondreSupprimerSi l'ensemble des textes a la même intensité que celui que tu as choisi, ce sera assurément une lecture qui fera date dans ma vie de lectrice !
Politique et poésie... J'ai hâte d'en lire plus !
Belle soirée à toi Lucie ( je retourne à ma pompe ! ;-)).