Quelques citations tirées du très beau recueil d'André Roy, La très grande solitude de l'écrivain pragois Franz Kafka
« Il faut être humainement libre / pour être
éternellement écrivain, / donc condamné » (p. 20)
« Est-ce que la nuit artificielle du cinéma / ressemble
à la nuit naturelle de l’écriture? » (p. 22)
« Se séparer de sa chair comme d’un ennemi. / Tout est
prêt avant l’écriture : / la résurrection de ses facultés, / la
consolation par sa fatigue. / Franz redoute pourtant ce qu’il désire, / coupe
sa détresse au couteau; / sait qu’écrire exige qu’il dépérisse, / qu’il tire au-dehors tout son intérieur. /
N’a cependant pas voulu s’incarner dans un mauvais corps. » (L’intérieur
de la détresse, p. 51)
« Des taches blanches sur son âme. / Du dedans
nocturne, il sort né chaque jour; / comme Rilke, Kierkegaard, Musil, / dit se
réveiller condamné chaque matin; / cherche désespérément des mots précis /
qu’il découpera ensuite; / nomme ce qui est entré dans ses yeux durant la nuit.
/ À Berlin comme à Prague, / Franz possède la force écrivante / pour décrire le pur dedans sec de la
fiction. » (L’intérieur des jours, p. 54)
On lit ici aussi beaucoup de souffrance dans l'acte d'écriture.
RépondreSupprimerC'est quelque chose qui me trouble toujours de savoir que celle-ci existe chez certains écrivains et qu'elle leur est parfois presque nécessaire.
L'écriture semble s'imposer plus qu'ils ne la choisissent.
En est-il de même pour tous les arts ? Pour tous les artistes ? Il y a là matière à réflexion...
En tout cas, ces extraits sont d''une grande intensité. Merci Lucie !
Je ne pense pas que tous les artistes créent dans la même douleur que Kafka (heureusement). En même temps, je crois que l'on pratique un art (quelle que soit sa nature) parce qu'on ne peut lui résister.
RépondreSupprimer