« Elle me désarme. Elle crache mes mains, mes doigts, elle me répond en hiéroglyphes sur le sable. La mer sculpte ses images à même ses bras de vagues. J’ignorais la simplicité. Il n’y a que les humains pour émettre des mots et trébucher sur leur langue. Mouvement de flux et de reflux. »Comme Orane, son alter ego dans Bleu, Myriam Caron voue une passion à la mer et au surf boréal, discipline exigeante qui commence à rallier de plus en plus d'adeptes, prêts à braver les vagues, hiver comme été, au large de la Côte-Nord. Elle s'en sert ici pour nous livrer des scènes particulièrement spectaculaires, qui laissent souvent le lecteur pantois - sinon transi.
On s'attache rapidement à ce personnage de jeune femme en reconstruction, qui après avoir tenté pendant des années de dompter son « chien galeux », amoureux inconstant qui n'aura jamais pu s'adapter à cette nouvelle vie, se concentre maintenant sur l'éducation de son fils quand elle ne fend pas les vagues avec des amis ou est à la recherche de l'ambre qui lui permettra de créer son parfum de rêve.
C'est indéniablement quand Myriam Caron décrit la mer qu'elle démontre la puissance de son écriture. Personnage à part entière du récit (certains chapitres sont d'ailleurs écrits d'après son point de vue, choix qui déstabilise d'abord, mais qui finit par convaincre), elle console, détruit, charrie des souvenirs du passé, propose des voies pour s'affranchir des blessures. L'écriture volontiers sensuelle de Caron séduit, mise sur les sensations, brouille les frontières entre rêve et réalité, journal intime et conte initiatique. Rarement aura-t-on lu un plus touchant ode d'amour à la Côte-Nord, à son côté sauvage, à son histoire féconde. En refermant le livre, on aimerait croire son avenir moins incertain.
Voici qui conclura en beauté ma trilogie marine après Guano et La mer de Cocagne ! :-)
RépondreSupprimerMerci Lucie !
Ah oui, assurément... Je n'avais apporté sur le bord du fleuve que des livres sur la mer et sur la mère (soyons thématique).
RépondreSupprimerJ'adore les romans qui parlent de la mer... du coup, je note. Celui que je lis présentement en est aussi tout plein (Nous étions le sel de la mer, de Roxanne Bouchard)
RépondreSupprimerJ'ai pensé à réserver le Bouchard à la bibliothèque et à l'apporter avec moi sur le bord du fleuve, justement! :)
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