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mercredi 28 janvier 2015

Spécialités féminines

Quelle proposition intrigante que celle d'Omnibus présentée ces jours-ci à l'Espace libre! En neuf tableaux (trois solos, trois duos et trois trios, une belle symétrie dans tout cela), Spécialités féminines offre un regard tantôt tendre tantôt décapant sur l'univers féminin. 


Photo: Catherine Asselin-Boulanger
Le tout s'amorce sur un trio de femmes fortes de Jean Asselin qui n'aurait pas déparé les foires d'antan (ou celle, électro trad, de Barbus du Cirque Alfonse) commenté à l'emporte-pièce par une voix enregistrée. Cela peut sembler à première vue complaisant, mais c'est dans les interstices du texte que se joue réellement la chose, comme ce sera le cas dans plusieurs des vitrines proposées, par exemple celle de Réal Bossé dans laquelle la voix hors-champ (celle de Sylvie Legault, troisième complice à la mise en scène) évoque ses nouveaux achats de meuble, alors que Sylvie Chartrand nous raconte une toute autre histoire, particulièrement émouvante. 

On aurait pu se passer des poncifs débités dans « La femme-grenouille » (à prendre au deuxième degré cependant) qui s'étire un peu trop longuement, réduire de moitié les multiples arrêts sur images du tableau final, mais on savourera assurément cet étrange duel qui évoque la rivalité féminine (Laurence Castonguay Emery et Marie Lefebvre exceptionnelles ici), autant que le segment à la fois touchant et troublant dans lequel une mère (Laurence Castonguay Emery) s'adresse à sa fille (Sylvie Chartrand), qui nous rappelle que, malgré les avancées du féminisme, rien n'est encore entièrement gagné et ces « Trois grâces » envoûtantes, sur un lancinant solo de guitare électrique de Ludovic Bonnier, peut-être le moment le plus poétique de la soirée.

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