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lundi 13 avril 2015

Ceci est un meurtre: subversif et efficace

Présenté jusqu'au 25 avril aux Écuries, Ceci est un meurtre, s'avère un bien étrange objet. Entre performance et théâtre participatif, il faut admettre que la proposition du collectif Endoscope (Rébecca Déraspe, Mellissa Larivière et Vincent de Repentigny) rend floues (et même inutiles) les frontières entre les genres et force le spectateur à revisiter tous les codes qu'il croyait associés au genre théâtral.

D'entrée de jeu, on se demande où tout cela mènera, alors que Simon-Pierre Lambert passe méticuleusement la balayeuse sur le tapis beige d'une salle de séjour, installe une table pour cinq convives, libère une fenêtre obstruée ou installe au mur des dessins avec sa hache. Déjà, on ressent une ambivalence face à cette porte fermée par un cadenas, le côté volontiers maniaque du personnage et son évidente difficulté à gérer certains codes sociaux.

Le vent tourne - littéralement, un éventail poussant le fumet d'un poulet rôti vers le public - quand quatre volontaires sont invités à interagir avec le personnage principal. Figés, incertains de ce que l'on attend d'eux, ils s'installent, acceptent de couvrir leur tête de leur serviette de table ajourée, Lambert ne pouvant tolérer le regard direct des autres, avance-t-il. Ils piochent mollement dans le plat une pomme de terre, alors qu'une histoire abracadabrante est racontée, jetant un éclairage volontiers malsain sur le repas qui aurait pu se révéler sinon convivial.

Trois auront la possibilité - la chance? - de retourner à leurs sièges; l'autre devient victime, mais aussi complice. La scène devient « zone de danger », mais aussi la salle. En acceptant d'être témoin de ce qui suivra, le spectateur devient lui-même entravé dans sa réflexion, dans sa perception de ce qu'il voit, de qu'il croit juste on acceptable, dans le regard aussi qu'il jette sur son voisin, l'inconnu qu'il croise dans la rue, ceux qu'ils croient connaître. 

À quoi est-on prêt aujourd'hui pour être vu par l'autre, vraiment regardé? Jusqu'où irons-nous pour nous donner l'impression - l'illusion - d'être en sécurité? Des questions que l'on se pose rarement - trop rarement. L'inconfort se transforme en malaise, puis fait entrer en résonance une peur inconsciente plus ou moins tapie, de laquelle devrait idéalement surgir un sentiment de responsabilité, en tant que spectateur, mais aussi en tant que citoyen, l'autre, soi, devenant à la foi ennemi intime et élément déclencheur vers une potentielle libération. Troublant.



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