Comment pourra-t-il encore transmettre les mots d'un autre quand cela fera quatre jours qu'il n'aura dormi que deux heures, ne se sera pas arrêté plus de quelques minutes à la fois, ressentira dans sa chair les limites de son humanité, de sa mortalité? Atteindra-t-il un stade de transcendance qui lui permettra de repousser - voir anéantir - ses limites?
La façon dont s'est naturellement formée une communauté autour de l'événement reste fascinante. On suit les progrès de sa lecture sur les réseaux sociaux, se réjouit de voir de plus en plus de doubles pages joncher le sol de la salle, ne peut que s'émouvoir du soutien que sa mère affiche publiquement, incitant tout un chacun à aller voir son fils, ne serait-ce que quelques instants. On signe son nom, on entre, on s'installe. D'autres en profiteront peut-être pour sortir. On dépose une fleur, un bouquet, en plastique, dessinée, en pot. Une façon de payer ses respects à l'interprète, de se recueillir une seconde aussi sur la tombe d'Artaud dont on ne connaît au fond que bien peu de choses. Le théâtre de la cruauté, oui mais encore... Pourtant, le concept reste d'une rare pertinence, en ce 21e siècle perclus de stimulations et de technologie, écho direct à ce qu'Artaud évoque comme « l’atmosphère asphyxiante dans laquelle nous vivons ».
Quand j'y ai fait un saut cet après-midi (une heure à peine, mais j'y retournerai), il a été question du rôle de l'artiste, du théâtre, de l'élite, de la frontière qui devrait être plus floue entre culture populaire et élitisme. Difficile de ne pas se sentir interpellé, que Lapointe nous le chuchote presque, nous le lise au micro ou nous offre une troublante superposition d'univers sonores, un des micros étant placé directement sur le ventilateur pendant un moment. Chacun réagira directement au texte, en fera au fond ce qu'il voudra. Pourtant, quelques minutes, plusieurs heures, il aura choisi de défier le temps, d'oublier les contraintes liées au spectacle (coût, durée, codes), de poser un geste gratuit de soutien, d'intérêt, de curiosité, d'amitié...
Quand on réalise la démesure du projet, de son impact indéniable sur Christian Lapointe - Comment traversera-t-il le tout? Qui sera-t-il devenu à la fin du périple? Comment cela influera-t-il sur sa vie créatrice ou personnelle? -, on réalise qu'il serait impensable de passer à côté.
Quand j'y ai fait un saut cet après-midi (une heure à peine, mais j'y retournerai), il a été question du rôle de l'artiste, du théâtre, de l'élite, de la frontière qui devrait être plus floue entre culture populaire et élitisme. Difficile de ne pas se sentir interpellé, que Lapointe nous le chuchote presque, nous le lise au micro ou nous offre une troublante superposition d'univers sonores, un des micros étant placé directement sur le ventilateur pendant un moment. Chacun réagira directement au texte, en fera au fond ce qu'il voudra. Pourtant, quelques minutes, plusieurs heures, il aura choisi de défier le temps, d'oublier les contraintes liées au spectacle (coût, durée, codes), de poser un geste gratuit de soutien, d'intérêt, de curiosité, d'amitié...
Quand on réalise la démesure du projet, de son impact indéniable sur Christian Lapointe - Comment traversera-t-il le tout? Qui sera-t-il devenu à la fin du périple? Comment cela influera-t-il sur sa vie créatrice ou personnelle? -, on réalise qu'il serait impensable de passer à côté.
Prolongement de ma réflexion ici: http://claudioetlucie.blogspot.ca/2015/05/la-vie-et-son-double.html
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