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lundi 3 août 2015

Bibliothèques... bis

Dans ma chambre d’enfant, il n’y avait que l’essentiel, du moins le croyais-je alors: mon piano, un bureau de travail qui me semblait drôlement imposant quand je m’y suis assise la première fois, un lit sous lequel je lançais les médicaments antirhume que je refusais systématiquement d’avaler, et une bibliothèque, construite par mon père. Je ne conserve qu’un souvenir plutôt flou de ce que j’y avais empilé. Un casier était vraisemblablement dédié à la Comtesse de Ségur, un autre (peut-être même deux) à mon encyclopédie Tout connaître et mon fidèle Dis pourquoi?, un dernier aux disques que j’écoutais fiévreusement. De ceux-ci, surgissent spontanément à ma mémoire Le petit prince lu par Gérard Philippe, La vie de Mozart de la collection du Petit ménestrel et Alice au pays des merveilles. À la fin de mon cours primaire, une section avait été envahie par deux gros dictionnaires, étranges – m’avait-il semblé alors – cadeaux d’anniversaire d’une tante traductrice à l’ONU. Au fil des ans, les partitions avaient grugé le reste, faisant dangereusement ployer les planches de bois bon marché, le banc de piano ayant démissionné très tôt devant l’impossibilité de les contenir toutes.


Le bureau m’a toujours suivie; j’y dépose maintenant mon ordinateur portable - même s'il n'est pas d'une hauteur idéale. Des piles de papiers sur lesquelles sont griffés notes, corrections, rêves, des disques et des pots remplis de crayons s’en sont emparé, le transformant en meuble beaucoup moins imposant. Le piano (un cousin en fait, plus Wolfie) sont dans la salle de musique. L’étagère de mon enfance a rendu l’âme il y a plusieurs années déjà, remplacée par d'autres bibliothèques (suédoises), robustes. Dans l’une sont glissées – plus ou moins sagement et en ordre alphabétique relatif – mes partitions. Dans une autre, les biographies de compositeurs, les analyses d’œuvres, les traités d’orchestration et de composition. Dans une autre, élancée, j’y ai glissé mes dictionnaires – qui ne me semblent plus si étranges –, mes archives de journaliste. Sur le côté, punaisées sur un babillard fait main, des cartes d'amis, des souvenirs, mon essentiel macaron «Why be normal » et un texte, Essayez… c’est si facile!, publié jadis, dans lequel mon père livre ses conseils d’écriture journalistique. Et puis, bien sûr, il y a celles contenant les ouvrages littéraires, regroupés en ordre alphabétique par genres (québécois, autres, poésie, théâtre, essai, lettres allemandes) et l'inénarrable PAL, tout sauf ordonnée. 

Il faudrait bien que j'arrête d'aller à la bibliothèque, tiens, et que je lui fasse subir une (légère) cure de minceur!

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