Pages

mercredi 25 juillet 2007

Un jardin entouré de murailles

« Tout grand amour est un jardin entouré de murailles. » En 1957, Marguerite Yourcenar donne à Montréal une série de conférences. Bouleversée par les flots de la création qui l'assaillent, déroutée par ce nouvel environnement où l'on maltraite sa langue, tiraillée par la routine de son couple avec Grace Frick, elle décide de rentrer seule chez elle. À partir de cet événement fort peu documenté dans la vie de l'auteur, Robert Lalonde tisse un très joli roman, qui s'attarde aux relations de couple certes mais aussi aux affres de la création et aux beautés de la nature environnante. Loin de défigurer l'oeuvre d'une immense auteur (que, après lecture de cet ouvrage, je m'empresserai de mieux découvrir), il lui offre plutôt un vibrant hommage. Plus grande que nature, souvent impossible à vivre au quotidien mais profondément touchante, Marguerite (Marg pour Grace)devient, sous les doigts de Lalonde, un être profondément incarné, dans lequel on réussit à se reconnaître. Merci à Carole de m'avoir suggéré ce titre!

« Elle grimpa énergiquement l'escalier, poussée par le féroce désir d'en finir avec ce voyage, afin de l'apercevoir derrière elle, comme son long roman achevé, comme sa jeunesse si vite passée, ce jardin artificiellement fleuri de fruits d'or, où plus jamais ne reviendrait la saison de la tendresse et de l'effroi. Mais sa mémoire, sa mémoire des voyages, déjà lui laissait entrevoir la possibilité, là-bas, de quelque rencontre fortuite, de quelque contact anonyme et chaleureux, le sel d'un danger à courir, un émerveillement subit, le grand ciel d'octobre traversé par les oies sauvages, une collection d'îles au milieu d'un lac gelé; quelques bouts de bois mort, dont les yeux et le coeur sauraient s'emparer pour en faire de nouveau du feu. »

2 commentaires:

  1. Que c'est agréable de partir à la découverte d'un auteur ! J'ai commencé mon premier livre de Robert Lalonde qui s'avère un recueil de nouvelles "Espèces en voie de disparition". Déjà après quelques pages, remplie de confiance, je me suis procuré "Le monde sur le flanc de la truite". Je le lirai pendant mes vacances.
    J'ai terminé "Garage Molinari", de Jean-François Beauchemin, (lui aussi une découverte !)cette histoire d'un bonheur nostalgique, un hymne à la vie à travers la tristesse d'une perte. C'est si beau, d'une beauté à faire couler les larmes intérieures.
    Tout ça pour dire que si j'aime les deux premiers de Lalonde, j'aurais la perspective d' "Un jardin entouré de murailles". Et comme il vient aux Correspondances d'Eastman présenter sa dernière oeuvre, je lui transmetterai bien vos textes admiratifs. Est-ce que vous m'en donnez la permission ? Cela ne pourrait que lui faire plaisir. Je devrais les imprimer par contre, il n'a pas d'ordinateur chez lui.
    Eh oui, une "Espèce(s) en voie de disparition" !!!

    RépondreSupprimer
  2. Aucun problème pour le partage de mes commentaires. C'est certain que ce ne sera pas le dernier livre que je lirai de Robert Lalonde. ;-)
    Jean-François Beauchemin était justement dans ma liste d'auteurs à lire (un ami m'a tellement vanté son dernier ouvrage)... Ah! le plaisir de la lecture! Bonnes correspondances!

    RépondreSupprimer