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vendredi 21 décembre 2007

Premier roman

Ces jours-ci, je suis plongée dans un premier roman. Non, pas pour le compte de La recrue du mois, ce blogue collectif auquel je participe. Ce roman est encore en fichier .doc et je l'ai imprimé sur des feuilles de papier recyclées. En plus, c'est plus long qu'une lecture habituelle, puisque j'annote, je corrige les coquilles, les petites fautes d'accord, ce genre de trucs. Pour dire vrai, je suis en train de lire la deuxième mouture d'un premier roman. La première fois, je l'ai lu comme un vrai livre, sans me poser trop de questions, en le dévorant, quoi. Bien sûr, le fait que je connaisse intimement l'auteur (une étudiante qui s'est muée d'abord en éveilleure de conscience puis en amie), les circonstances qui ont mené à sa rédaction et le sujet très intense (le personnage principal souffre de troubles alimentaires graves) m'empêchaient de me détendre comme lorsque je lis, disons, un Henning Mankell. Pourtant, j'avais été rapidement happée par l'histoire, la galerie de personnages absolument saisissante de vérité et surtout la maîtrise avec laquelle tout ceci était narré. Cette deuxième mouture, bien sûr, a été considérablement resserrée et est devenue diablement efficace. Le sujet n'a rien perdu de son intensité mais le style est devenu très fluide, une respiration, un long soupir de douleur par moments, mais l'auteure refuse de tomber dans le misérabilisme. (Et je ne dis pas seulement ça parce que c'est mon amie, je sais être critique quand nécessaire.) Bref, un texte avec un énorme potentiel selon moi (que je verrais bien récupéré par Boréal par exemple).

N'empêche, en feuilletant et en annotant ces pages, je ne peux m'empêcher de comparer ce premier récit avec ces autres que j'ai lus récemment pour le compte de La recrue justement. Si j'ai été happée par Les carnets de Douglas, Le sang des colombes et surtout Dawson Kid ne m'ont vraiment pas séduite. Spontanément, je n'aurais jamais lu Dawson Kid (et, finalement, Danny Leclair écrit vraiment bien en comparaison) mais je suis néanmoins contente de m'y être efforcée, afin d'avoir une idée des textes qui retiennent l'attention des éditeurs. Honnêtement, je ne suis pas certaine de comprendre mais, clairement, mes goûts littéraires (et mon style) semblent un peu en marge, de façon générale.

Il y a quelques mois, un ami (jeune retraité) a envoyé son manuscrit aux éditeurs français. Ce manuscrit (tapuscrit?) aussi m'avait été confié pour deux relectures (j'aime bien faire partie de clubs très sélect de lecture... pour les autres, je les abhorre). L'auteur avait finalement accepté de le laisser quitter le giron paternel après plusieurs mois supplémentaires de fignolages divers. Cela tenait presque de l'arrachement. Il avait fallu insister, « Oui, il est prêt, laisse-le partir », avec une conviction inébranlable, avant qu'il ne cède à nos requêtes. Les réponses sont maintenant toutes rentrées: refus partout. Objectivement, le sujet n'était pas exactement dans l'air du temps (des souvenirs d'une enfance déchirée en Afrique du Nord, purement fictifs) et le style était peut-être finalement trop travaillé (comment oser écrire ça!) pour notre époque de consommation instantanée. Aura-t-il le courage maintenant de l'envoyer aux éditeurs québécois (malgré la non-québécitude du sujet)? Là est la question. Ses amis (dont moi) réussiront-ils à le convaincre de tenter de nouveau sa chance? Le manuscrit restera-t-il dans un fond de tiroir pour les 30 prochaines années? Ces refus laisseront-ils un goût trop amer qui éventuellement bloqueront toute possibilité d'un autre récit? Je souhaite que non. Devons-nous continuer de croire en une littérature québécoise? Bien sûr... Je vous laisse, j'ai à lire...

6 commentaires:

  1. Je serais curieux de lire tout ça moi! Il suffirait de me les faire parvenir chez Septentrion à mon attention... Sait-on jamais!

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  2. Un beau moment et un privilège rare que d'être parmi les premiers lecteurs d'une oeuvre. Et la tâche peut être difficile pour rester objectif dans ses commentaires quand il s'agit du travail d'une amie. Mais je suis sûr que tu t'en sortiras avec brio.
    Quant aux difficultés de trouver un éditeur quand on est "en marge" comme tu dis (hors de la mode, en somme), je ne m'étendrai pas sur ce sujet, au risque d'écrire un roman (ce que je ne peux me permettre : je ne veux pas subir une crise de jalousie de la part de mon manuscrit actuel).

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  3. Il faut persévérer, encourager et croire, oui !

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  4. Il faut lire plusieurs premiers romans, tapuscrits ou édités, pour un jour pondre le nôtre ! C'est mon souhait pour toi, Lucie.

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  5. Bonjour!
    Pourriez-vous m'envoyer un mail à mon adresse perso (klariscope@gmail.com) à ce sujet? Pas envie de m'étendre dans les commentaires..!
    Un très très joyeux Noël!
    Klari

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  6. oubli: le terme de tapuscrit est génial.

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