Je connais très bien l’œuvre de Paul Auster, ayant lu tous ces romans et plusieurs de ses essais. J'ai découvert J.M. Coetzee au cours de la dernière année, à l'insistance d'un ami qui m'a prêté Disgrâce, m'en recommandant impérativement la lecture (il avait raison, quel choc de lecture!), puis lorsque j'ai vu l'adaptation scénique de Waiting for the Barbarians au Segal Centre, un moment de théâtre marquant des derniers mois pour moi.
Dans Here and Now, les deux auteurs échangent: sur le sport, la littérature, les critiques, le cinéma, la situation en Afrique du Sud, en Israël, l'amour, la mort, la vie. Quand la correspondance s'amorce, en 2008, Auster et Coetzee viennent de se rencontrer dans un festival de cinéma. Le courant a passé, mais l'amitié reste à édifier.
S'il demeure bien évidemment pertinent d'assister à un échange entre deux géants de la littérature contemporaine, il se révèle encore plus touchant de voir une amitié grandir, tout doucement. Les premières lettres restent plus « techniques » (et si nous échangions sur tel ou tel sujet semblent-ils se dire), plus académiques jusqu'à un certain point (on sent que chacun des deux a réfléchi à sa réponse, à la façon dont les arguments seront amenés), elles deviennent de plus en plus libres, sans fard, sans jamais tomber dans la facilité. Au fil des mois, le respect se double d'une affection certaine (par exemple quand Auster s'inquiète parce que Coetzee ne dort pas suffisamment), du plaisir de savoir que l'autre fait partie de notre vie. On découvre chemin faisant deux grandes plumes autrement, s'extasiant même à l'occasion sur l'élégance avec laquelle tout cela a été réalisé, et on se dit qu'il faut assurément continuer à découvrir Coetzee.
En effet, outre le propos échangé, il est agréable de voir une relation évoluer à travers la correspondance. Mine de rien, on a perdu une chouette manière de se nouer en délaissant l'usage de la lettre. Heureusement, à la place, il y a les blogs ! Et l'avantage, c'est que ça traverse plus vite l'Atlantique ;)
RépondreSupprimerBelle soirée Lucie !
En plus, ici, comme Paul Auster est un peu ringard et tape encore ses textes à la machine, les lettres ont été postées (certaines faxées, quelques rares exceptions envoyées par courriel à la femme de Paul Auster qui les a ensuite imprimées). Très rétro, quoi!
RépondreSupprimerEt, oui, les blogues, c'est tout à fait bien aussi et j'aime bien que la grande mare soit devenue si facile à franchir. :)