Certains artistes continuent de hanter les mémoires bien après leur mort; Glenn Gould est assurément de ceux-là. Que l'on préfère la première ou la deuxième version de ses mythiques Variations Goldberg ou que ses tempi parfois rocambolesques vous laissent perplexes importe peu au final: on ne peut s'empêcher d'être fasciné par ce personnage bien plus grand que nature, ses manies, ses lubies, sa volonté d'établir un lien direct avec l'auditeur (qui aurait pu dans un monde idéal calibrer la moindre intention d'interprétation - on n'y est toujours pas, plus de 30 ans après la mort de Gould).
Sandrine Revel propose un très bel album, tout en demi-teintes, qui nous permet de plonger dans la vie de l'artiste, non pas de façon chronologique, mais en laissant les images et les événements venir à nous par vagues, un peu comme si nous devenions Gould et nous rappelions dans un demi-délire certains moments-clés de note vie.
Au début, on peut être déstabilisé par ce choix, puis on se plie volontiers au rythme, sans nécessairement espérer en apprendre plus sur le pianiste, compositeur et réalisateur canadien (de nombreuses biographies fouillées l'ont fait avant), mais pour le sentir autrement, de façon presque intuitive, épidermique même (les planches où l'on voit ses mains s'activer demeurent les plus envoûtantes), comme si nous étions dans un monde aux contours oniriques, que la musique nous traversait car, à travers ces pages, impossible de ne pas entendre Gould, de ne pas souhaiter revenir à ses enregistrements, particulièrement de Bach, mais aussi son audacieuse Solitude Trilogy, dans laquelle il nous offre un contrepoint d'un tout autre genre.
Si je tombe sur cette BD, c'est officiel que je vais la lire. Comment résister!
RépondreSupprimerJe suis certaine que tu y trouveras ton compte.
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