jeudi 27 décembre 2012

Espaces

N'attendez aucune objectivité de ma part au sujet de ce deuxième roman d'Olivia Tapiero. Je connais la jeune auteure depuis dix ans, ai pu voir sa culture musicale et littéraire se bâtir au fil des ans. J'ai eu entre les mains quelques versions préliminaires du texte, je l'ai vu grandir, se transformer. J'ai été témoin de certains moments de découragement mais toujours, ai continué de croire à ce livre qui ne ressemble en rien au coup de poing (pour ne pas dire coup de massue) Les Murs.

Le livre est sorti en octobre, mais j'ai attendu deux mois avant de le lire. Il était là, sur ma tablette, bel objet que j'ai effleuré du bout des doigts à l'occasion. Je l'ai ouvert au hasard, histoire d'attraper une phrase, en suspens, que je pouvais replacer dans le fil narratif, puis j'ai voulu l'oublier, d'une certaine façon, pour l'apprivoiser de nouveau, sentir Lola autrement, saisir comment Thalie s'était métamorphosée au fil des réécritures, réaliser malgré moi que je me sentais étonnamment proche de la « femme de l'audition », personnage que je n'avais pas sur le coup perçu comme un révélateur. Quand je me suis interrogée à savoir quel livre m'accompagnerait lors de mon anniversaire, j'ai compris instinctivement que ce serait celui-là, que sciemment je ne le terminerais pas avant que la nouvelle année soit défoncée, en compagnie d'amis, dont Olivia faisait partie.

Je ne vous raconterai rien de cette histoire qui ne ressemble à aucune autre, mais qui en contient d'autres dans lesquelles vous vous reconnaîtrez peut-être. Je dirai peut-être que j'ai recopié onze citations dans un fichier, parce que le style m'interpellait, que le propos me chamboulait. J'en partagerai tout au plus trois avec vous, en vous invitant à vous approprier ce livre, que ce soit seul, blotti dans un plaid, ou au milieu d'inconnus, dans un métro bondé.

« J’aurais dû savoir que c’est la mort qui permet la beauté, j’aurais dû, plutôt que regarder le monde, écouter la violence sublime de ses ombres. » (p. 42)

« Lola, les images les plus vraies ne sont pas celles que l’on capture mais celle que l’on invente, il faut s’en entourer, créer un monde dans lequel on peut survivre; il faudra donner une place au visage bleu qui te hante, il faudra créer un espace où être. » (p. 53)

« Malgré mes errances, le temps passait de plus en plus vite, ses aiguilles s’enfonçaient dans ma chair pour l’engourdir d’heures flottantes et je sentais ce vide que je devinais dans son corps à lui, ce gouffre que chacun recouvre. » (p. 55)

4 commentaires:

Topinambulle a dit…

J'ai ce roman en tête depuis la rentrée et ton avis me donne encore plus le goût de le lire :)

Lucie a dit…

J'ai hâte de lire ce que tu en auras pensé :)

argali a dit…

Je viens de l'achever et ce fut un coup de coeur. Etrange roman que celui-ci, noir et beau à la fois. J'ai beaucoup aimé le style et la langue.
J'ai aussi apprécié la douceur et la gentillesse de l'auteure qui me l'a dédicacé.

Lucie a dit…

Contente qu'il t'ait plu Argali! En plus, tu as déposé ton commentaire pile le jour de l'anniversaire de l'auteure. J'aime bien la coïncidence! :)