jeudi 30 août 2012

Schuld sind immer die Anderen

Je suis revenue complètement soufflée de la projection du premier long métrage de Lars-Gunnar Lotz, Schuld sind immer die Anderen (Shifting the Blame dans sa traduction sous-titrée anglaise, présentée au FFM). Le personnage principal, Benjamin, délinquant depuis l'âge de 14 ans, enfile vols de voiture et larcins divers, histoire de se payer alcool et drogue. Un soir en apparence comme les autres, il attaque une femme, vole sa voiture, son argent, des photos de sa fille. Quand il lui demande de s'arrêter au guichet automatique pour lui remettre 500 Euro et qu'elle échappe les billets par terre, il explose, la roue de coups et file avec son complice. Emprisonné suite à un autre crime, il échoue en prison. On lui propose bientôt une porte de sortie, un séjour, dans un lieu en apparence idyllique, sans barreaux ni clôtures électrifiés, Waldhaus (la maison de la forêt), qui favorise la réinsertion de jeunes délinquants. Quand, après quelques jours, il rencontre la femme du responsable de l'établissement, il réalise qu'elle a été sa victime. Le film s'attardera à suivre aussi bien agresseur que victime, celle-ci hantée par le souvenir de l'attaque sauvage, celui-là ployant sous le poids de la révélation et de la culpabilité.

Le jeune réalisateur est très engagé comme en témoigne ces deux premiers essais, un documentaire en hommage à sa sœur Lisanne, qui souffre du syndrome de Down, et Für Miriam, un court-métrage qui traite du choc vécu après un accident fatal voiture contre scooter, qui a valu à son actrice principale, Franziska Petri, un prix d'interprétation à la Berlinale en 2009. Il explique avoir voulu cette fois s'immiscer dans l'univers des travailleurs sociaux et a passé un certain nombre d'heures dans un lieu de réinsertion qui ressemble à Waldhaus, avant d'élaborer un scénario inventif, qui refuse toute tentation de facilité ou de dogmatisme, avec Anna Maria Praßler (avec laquelle il avait également collaboré sur Für Miriam).

Tout au long du film, le spectateur reste absolument captivé, tant par le propos que la façon dont il est rendu. Edin Hasanovic (20 ans, dont c'est le premier grand rôle, mais qui a été vu à la télé au cours des cinq dernières années) crève l'écran dans le rôle de Ben et exprime avec autant de conviction une colère presque tellurique qu'une douleur intérieure qui n'a rien d'unidimensionnelle. Julia Brendler (qui a beaucoup travaillé à la télévision) rend bien les déchirements intérieurs de la victime, qui aimerait pouvoir pardonner, mais qui ne sait pas comment contenir ou exprimer de façon entièrement cohérente sa colère, même à son mari.

Je surveillerai avec attention le parcours de ce réalisateur au cours des prochaines années. Il vous reste deux occasions de vous glisser en salle pour apprécier la puissance de ce film (en compétition dans la catégorie « premières œuvres »), le 31 août à 14 h 10 et le 1er septembre à 18 h 40.


Le site officiel du film (en anglais et en allemand).

mercredi 29 août 2012

Pour l'amour de Bach

L'Allemagne et son cinéma continuent de m'habiter, alors qu'hier j'ai vu le documentaire My name is not Ali, qui revient sur une histoire assez ténébreuse du parcours très tumultueux du mythique réalisateur Rainer Werner Fassbinder et que cet après-midi, je me propose de voir le premier long métrage de Lars-Gunnar Lotz, Schuld sind immer die Anderen (C'est toujours la faute des autres), ayant déjà remporté quelques prix. L'oreille se fait, tranquillement mais sûrement, les sous-titres servant plus de filet que de bouée.

Mais aujourd'hui, c'est une autre Allemagne que je veux partager avec vous, celle du père de tous les musiciens, Bach, revue par l'exceptionnel chorégraphe espagnol Nacho Duato, auquel le film Danse la danse, présenté ce week-end au FFM est consacré.

lundi 27 août 2012

Das Wochenende

Après avoir lu Le liseur (ou était-ce juste avant?), j'avais pioché Le week-end de Bernhard Schlink en bibliothèque. Des années après, je me souviens encore de cette atmosphère étouffante de huis-clos admirablement rendue, de ces questionnements sur la pertinence d'une action terroriste, de l'impossibilité presque viscérale du protagoniste à se réintégrer dans la « société » après avoir passé plus de 20 ans derrière les barreaux.

 Comédiens et réalisatrice
La réalisatrice allemande Nina Grosse (qui, m'apprend IMDb a travaillé plus souvent à la télé qu'au cinéma) propose une relecture fidèle du roman et dirige ses acteurs d'une main de maître. Le mal-être de Jens, le terroriste qui sort de prison et retrouve ses anciens comparses après 18 ans, ayant passé toutes ces années à vouloir savoir le nom de celui qui l'avait donné à la police, est admirablement rendu par Sebastian Koch qui démontre une fois de plus la profondeur de sa palette. Katja Riemann transmet également adroitement les tiraillements d'Inga, qui n'a jamais réussi entièrement à oublier Jens, même si elle a refait sa vie avec Ulrich.

La cinématographie soutient habilement le propos, les extérieurs s'opposant aux intérieurs, les scènes d'apparentes festivités (condamnées à devenir grinçantes, compte tenu des circonstances) servant de contrepoint aux plans rapprochés qui permettent de saisir les tourments des protagonistes (dont ces quelques secondes, d'une rare violence psychologique, pendant laquelle Gregor, le fils de Jens - Robert Gwisdek - se retrouve seul face à ses démons dans un ascenseur). Les plans de campagne (et les envols d'oiseaux) ponctuent le propos, fins de chapitre, de sections, permettant aussi au spectateur d'assimiler les dernières informations reçues.

Il reste à souhaiter que le film soit distribué ici éventuellement. Sinon, dépêchez-vous de vous glisser en salle à 14 h à l'Impérial aujourd'hui.

Vous pouvez également lire une courte entrevue accordée par Sebastian Koch (présent hier soir) à La Presse.

samedi 25 août 2012

Repousser la rentrée

Ça sent la rentrée à plein nez. Les enfants doucement apprivoisent l'idée de retourner en classe (certains y étaient déjà vendredi), les plus vieux tentent de reprendre le pli. Quoi, déjà? Je sais pertinemment que je passerai plusieurs minutes dans la prochaine semaine à jongler avec les horaires des élèves, à essayer de démêler les cours de ballet, piscine, chorale, alouette, et d'arriver à une grille-horaire viable pour tous.

D'ici là, je suis en semi-déni et ai décidé de me faire un dernier festival, celui des films du monde, pour la première fois depuis sa création (oui, je sais, j'aurais pu y penser avant la 36e édition, quand même!). J'étais au Cinéma Impérial à 9 h avec une amie (si, si, un samedi!), parmi tant d'autres (la salle était pleine), pour Ende der Schonzeit de la réalisatrice allemande Franziska Schlotterer, une relecture féminine, tantôt délicate, tantôt brutale, des années 1942-45, mettant en lumière un trio qui n'avait pas grand chose d'amoureux. Une belle cinématographie, une direction d'acteurs habile. Première impression: je pense que je pourrais bien adopter le FFM!

Je verrai le testament de Raul Ruiz demain matin (La noche de enfrente), Das Wochenende (d'après le roman de Schlink, que j'avais beaucoup aimé) demain soir, ai déjà mes billets pour La mer à l'aube de Schlöndorf, pour le documentaire Africa: The Beat. Je serai aussi en salle pour Schumann at Pier 2 (un documentaire sur Paavo Järvi et le Philharmonique de Brême) et fort probablement pour La danse (sur les adieux du chorégraphe Nacho Duato) et La manière Labèque. Mais il y a aussi Polanski, A film memoir, El dificil arte del paseo, Was bleibt de Hans-Christian Schmid... Trop de choix! (Tous les détails de la programmation ici...)

Cet après-midi, une amie m'a convaincue d'aller voir Tokyo Story, un classique que plusieurs spécialistes n'hésitent pas à placer sur leur « top 5 » de tous les temps. C'est grave, docteur?

jeudi 23 août 2012

Monsieur Victor

J'ai déjà évoqué ici  le plaisir que je ressens à lire un premier roman, création parfois imparfaite, mais toujours touchante. Quand mon ami m'a proposé de découvrir la première pièce d'une jeune auteure, gagnante du prix Zone Homa de la meilleure création francophone au dernier Festival Fringe de surcroît, je n'ai donc pas pu résister.

Crédit : Colin Earp-Lavergne
Tragédie postmoderne, fable écologique, tableau ubuesque, charge sociale, poème dansé; Monsieur Victor de Cassandre Émanuel ne se laisse pas appréhender à coup d'étiquettes préformatées. Déjà, en entrant dans la salle, on comprend que nous serons plongés dans un univers autre. Des corps s'assemblent, se scindent, se tissent autrement, devenant sculptures vivantes,troublantes de fragilité et de force quand le mouvement se fige périodiquement, s'inscrivant en marge et faisant à la fois corps avec la musique minimaliste, jouant la carte de la suggestion plutôt que de l'évocation, signée Gabriel Lavoie Viau. Une impression d'envoutement, la masse humaine devenant glaise, ponctuation, exclamation.

Les lumières dans la salle s'éteignent, les corps se replient en une masse compacte, méduse dont les extrémités s'animent, autant par les gestes que par les voix. Une coryphée émerge du chœur antique - ou est-ce un chantre qui s'émancipe de la masse de fidèles catholiques? -;  les mots peuvent maintenant prendre la relève. Jouant sur les sonorités autant que sur le sens, travaillant certaines syllabes pour les traiter en fausses rimes, la langue de Cassandre Émanuel déstabilise le spectateur qui pourtant se laisse prendre dans les rets des liens tendus entre les personnages. Monsieur Victor, roi qui ne peut régner qu'en tant que trinité, qui se meurt en crachant du sang, peine à maintenir enfants et sujets dans cet univers d'aliénation et d'asservissement, surtout en cette période de fin de ce monde annoncée. Mouette (Jonathan Caron, au registre polyvalent, transmet bien ce personnage qu'on hésite à aimer ou détester) brigue le trône et est même prêt à trahir son amour pour le veilleur (Guillaume B. Choquette, magnétique) pour l'obtenir. Le duel amoureux, entre dépendance et combativité, est particulièrement bien rendu. Il ne faudrait pas oublier dans la balance du pouvoir ses sœurs Gugusse (Mireille Camier, lumineuse) et Naninana (Marie-Noëlle Doucet-Paquin, qui rend bien la fragilité du personnage), deux faces d'une même pièce, l'une fertile (mais ayant vu son enfant noyé par son amant), l'autre désespérément asséchée. On crie, on cherche à s'émanciper, mais la masse nous rappelle à l'ordre, inlassablement. (Difficile de ne pas y voir une certaine métaphore de la québécitude, surtout en période électorale.)

On pourra peut-être reprocher au texte sa trop grande densité - trois pièces différentes auraient pu facilement être extraites de cette matière selon moi -, la multiplicité des référents, mais à aucun moment il ne laisse indifférent. On saluera sans hésiter le travail de mise en scène de l'auteure, qui a permis une transmission limpides des intentions, et la volonté de cette jeune compagnie, Les Viscères, fondée en 2011, de rejeter la facilité. Au théâtre comme dans la vie, c'est devenu beaucoup trop rare.

lundi 20 août 2012

L'homme qui haïssait les femmes

Peut-on transformer un drame dont on n'a pas été témoin, même de façon indirecte, en objet littéraire? Élise Fontenaille a déjà tenté le coup semble-t-il avec Les disparues de Vancouver et Le garçon qui volait des avions, romans que je n'ai pas lus. Avec L'homme qui haïssait les femmes, elle s'attaque à la tuerie de Polytechnique, survenue le 6 décembre 1989. D'entrée de jeu, avec un ton mi-clinique, mi-journalistique, elle campe les événements. Marc Lépine devient Gabriel Lacroix, sa sœur Nadia Nedja, Sarto Blais Julien Rivard. Pour un lecteur qui n'a comme référent que Columbine, peut-être que cela ne change rien. Pour un Québécois  - une Québécoise encore plus, serais-je tentée d'avancer -, ce flou ne possède rien d'artistique.

En choisissant l'angle de la docu-fiction, la romancière misait gros. Pouvait-on oublier les faits, balayer du revers de la main les souvenirs, la morsure des émotions? Pouvait-on accepter que celles-ci soient transformées? N'étaient-elles pas condamnées dès le départ à un certain travestissement, surtout quand la langue qui les porte n'est pas exactement celle du lieu qui les a vu naître?

En faisant feu de tout bois, l'auteure a selon moi perdu. Au fil des pages, elle explore l'enfance du tueur, l'onde de choc que son geste aura sur sa mère et sa sœur, les conséquences, vingt ans après, sur les familles des victimes, les survivantes, la résonnance du féminisme et la montée du masculinisme, avance quelques explications sociologiques. On sort de la lecture vaguement frustré, avec l'impression d'avoir effleuré la surface, de ne plus savoir où tracer la ligne entre fiction et documentaire, de ne pas avoir compris la pertinence d'un tel geste. Je ne m'étais certes pas posé cette question après avoir visionné le film de Denis Villeneuve (cité dans l'ouvrage d'ailleurs). « Si l'on accepte la définition de l'art comme synonyme de questionnements, de bouleversements, de gestes qui modifient éventuellement la trajectoire du spectateur, de l'auditeur, Polytechnique est une réussite », avais-je alors écrit. Selon les mêmes critères, je serais tenté de qualifier ce « roman » de coup d'épée dans l'eau.

samedi 18 août 2012

La vie culturelle des chefs

La culture, quoss'adonne (pour paraphraser Yvon Deschamps)? Au milieu d'une campagne électorale qui relève plus de la campagne de salissage ( il n'y a pas eu de scandale à la une des journaux hier, quel relâchement!) que du débat d'idées, alors que plusieurs utilisent des gros mots et les autres parlent de gros sous, La Presse nous propose ce matin un fascinant profil culturel des chefs des divers partis. En lisant leurs réponses aux dix questions posées, j'ai compris de façon fort éloquente pourquoi l'un ou l'autre des partis ne me rejoint pas.

Quelques exemples?

Dernier livre lu. Jean Charest répond Robert Bourassa de Georges-Hébert Germain (il faut admettre qu'on l'avait vu venir, celle-là...), Jean-Marie Aussant préfère Love All the People, sur l'humoriste américain Bill Hicks (fierté nationale, bonjour), François Legault nous en met plein la vue avec Les mémoires d'Hadrien, le classique de Marguerite Yourcenar et Pauline Marois nous propose Profanation, un polar danois (c'est l'été, après tout). Seuls Françoise David et Amir Khadir ont lu canadien/québécois. La première a lu Dolce agonia de Nancy Huston et le second de Kim Thuy.

Leur chanson de l'été. Pauline Marois propose un classique de Yann Perreau (qui date de 2009), Beau comme on s'aime, François Legault cite le hit d'Adele Rolling in the Deep, Françoise David parle de l'interprétation du mythique Hallelujah de Cohen par Rufus Wainwright au FIJM il y a quelques semaines et Jean-Martin Aussant n'hésite pas à proposer La tête haute, sa propre création (malaise ici quand même). Je n'oserai pas commenter la réponse du PM: « Il n'a pas beaucoup écouté la radio cet été et préfère ne pas se prononcer. »

Dernier concert ou spectacle qu'ils ont aimé. Je suis impressionnée ici: quatre des six nous parlent d'un concert classique, mais les souvenirs de certains (Jean Charest) restent imprécis: « Un concert de musique religieuse en avril dans la salle Bourgie du Musée des Beaux-Arts de Montréal) ». Une soirée exceptionnelle, à n'en point douter!

Un festival qu'ils fréquentent. Deux votes chacun pour les Francofolies (Pauline Marois et Françoise David) et le Festival de jazz (François Legault et Amir Khadir, qui se promet de découvrir « un jour » le festival western de Saint-Tite). Jean-Martin Aussant préfère le Festival Juste pour rire (et est fan de super-héros). La palme revient encore une fois à Jean Charest: « Il aime tous les festivals, en particulier ceux de la région de Québec, qui lui permettent d'aller à la rencontre des Québécois dans un contexte décontracté et champêtre ». 

Un artiste inspirant. Trois votes sur six pour Robert Lepage. Un bon point pour François Legault ici: « Le pianiste Alain Lefèvre pour son talent et son engagement auprès des jeunes dans les écoles. »

Dernière question, peut-être la plus importante: leur priorité en culture s'ils sont élus. Trois visent une approche pédagogique qui visent à initier de façon plus soutenue les enfants à la culture (chapeau!): François Legault, Françoise David et Jean-Martin Aussant. Deux privilégient le soutien aux créateurs d'ici : Pauline Marois et Amir Khadir. Jean Charest vise le rayonnement international.

Vous me direz que c'est bien beau le commentaire politique, mais qu'aurais-je répondu à ces questions, à cet instant précis. Je reprends donc à mon compte les neuf premières questions, car je n'ai aucune intention de me présenter en politique. On m'a suffisamment reproché au cours de ma vie de ne pas être « diplomate » (j'ai dû rater le cours « palabres et circonvolutions » à l'université) pour que je comprenne bien le message.

vendredi 17 août 2012

Coma

« Ne crois-tu pas que seuls, nous sommes condamnés à vivre du côté de la souffrance? » (p. 91) Secrets parfois murmurés, le plus souvent tus. Distance – distanciation – entre soi et l’autre, passé et présent, lieu de naissance et d’adoption, réalité et rêve. Qu’est-il réellement arrivé pour que la fusion entre Satô et Ayako devienne fission, que leur complémentarité se transforme en dédoublement? Comment la mère d’Ayako a-t-elle pu croire que l’ancien amoureux de sa fille servirait de catalyseur, alors qu’il ne cherche qu’un apaisement? Pourquoi a-t-elle besoin de se fondre dans la peau de cette sœur imaginaire, jour après jour, quand elle contemple son enfant inerte?


Les questions fusent dans ce premier roman de François Gilbert, à l’écriture parfaitement maîtrisée, d’une retenue asiatique, qui ne glisse jamais vers l’esthétisant. On y retrouve les chuchotements, les effleurements d’Ogawa, mais aussi le rapport au tragique de Mishima, qui s’infiltre presque insidieusement entre chaque tableau de ce récit fragmenté, fissuré, tronqué, truqué.

Le lecteur se tapit dans l’ombre des personnages, n’osant respirer trop profondément, histoire de ne pas échapper un seul des fils tissés avec minutie, jusqu’à être balayé par surprise par la violence – mais aussi l’évidence – de la conclusion.  On referme le livre en se disant qu’une tout autre lecture se révèle alors, preuve du savoir-faire de l’auteur, qui a su s’effacer au profit de son texte, dans une confondante abnégation.

Les autres collaborateurs de La Recrue du mois ont beaucoup aimé aussi. Pour lire leurs points de vue...

mercredi 15 août 2012

Invitation au voyage

Depuis l’habile Je suis un écrivain japonais de Dany Laferrière, une vague nippone semble doucement déferler sur le Québec, comme en témoignent par exemple Les cheveux mouillés de Patrick Nicol, la popularité de nombre de recueils de haïkus ou encore de Tsukushi d’Aki Shimazaki (émigrée au Canada depuis 1981, qui publie en français depuis 1999). Est-ce parce que l’esprit triomphe sur la matière, que les émotions ne sont qu’effleurées, que le raffinement n’exclut pas une certaine cruauté, toujours parfaitement maîtrisée? François Gilbert, notre Recrue ce mois-ci, qui a campé son premier roman entre Chine et Japon, le perçoit différemment. « L'écriture d'un roman est une façon détournée de me poser la question de l'identité, et d'y apporter une réponse, explique-t-il en réponse à notre questionnaire. Écrire c'est précisément partir à la rencontre de ce qui ne pourrait être révélé autrement que par l'écriture. Ce qui toujours, chez moi, la stimule, c'est l'envie de connaître mon univers secret. Tout ce qu'il y a en moi de “pas réglé ” crée une présence, un autre, qui sera le fondement de l'écriture. L'acte de création y puisera son énergie et tout le processus s'organisera autour de ce centre, à commencer par la composition du personnage. Ce dernier servira de forme à la présence, pour qu'elle semble totalement extérieure à moi, pour que j'arrive à l'approcher, à entendre sa voix distincte. »

Pour le lecteur, comment ce travail sur le soi qui devient autre – ou serait-ce plutôt l’autre qui devient soi? – se transmet-il? Tous l’ont reçu avec un même enthousiasme. « Coma est un récit d'une incroyable beauté, par un auteur à surveiller absolument », avance Rachel Bergeron. « Le résultat est un roman magistral qui possède une maturité d’écriture qu’on trouve en général chez les écrivains qui ont quelques titres derrière eux; un roman qui devrait se trouver dans la liste des meilleurs premiers romans, voire romans tout court, de l’année 2012 à l’heure des bilans », entérine Christine Champagne.

Trois autres déclinaisons du voyage vous sont proposées en complément. First Class de Myriam Bouchard tente de faire rimer dépaysement et ressourcement, dans une Inde loin des lieux communs. Détour par First Avenue de Myrtelle Devilmé, qui se déroule entre Port-au-Prince et New York, mêle Histoire, politique et amour. Dans la catégorie « hors-Québec », Rémy-Paulin Twahirwa a lu Le sillage de l’oubli de Bruce Machart, une grande saga à l’américaine, mais dans laquelle la culture tchèque joue un rôle essentiel.
Autant de périples qui sauront vous inspirer, en ces ultimes semaines d’été…

Découvrez-les en vous appropriant le dernier numéro de La Recrue du mois ici...

lundi 13 août 2012

Ravel vu par Fargue

Je dois rédiger des notes à écrire pour un programme Debussy, Britten et Ravel cette semaine et, lors de ma dernière escapade à la Bibliothèque nationale, je n'ai pu résister à l'attrait d'un bel objet, Maurice Ravel de Léon-Paul Fargue, paru aux Éditions Fata Morgana, l'un de 600 exemplaires sur vélin ivoire achevés d'imprimer en janvier 2008. (L'original a été publié en 1949.) Je me doutais bien que, côté musicologique, l'offrande serait maigre, mais j'espérais pouvoir entrer autrement dans l'intimité du compositeur, grâce au regard forcément biaisé d'un ami cher.

Je n'ai certes pas été déçue. Impossible de refermer ce petit ouvrage, tant l'affection qu'il porte à Ravel est perceptible, tant il juge essentiel de le présenter autrement. Quel contraste avec le portrait ciselé mais froid qu'en avait tiré Echenoz il y a quelques années!  
« Dans son œuvre se marient tout l’univers sensible et tous les états de l’âme, mais cette matière bouillonnante il la discipline, il la modèle suivant un style. C’est un merveilleux ouvrier de l’instrumentation. La logique de Descartes, l’ordre de Le Nôtre, la rigueur d’Ingres et aussi la grâce française qui baigner leurs constructions, Ravel les prolonge et les renouvelle dans le domaine si malléable, illimité, de la musique. »

Bien sûr, quelques pages importantes de l'imposant testament du compositeur y sont abordées, mais en surface. On retiendra plutôt le goût de Ravel pour les beaux objets, les vêtements soignés, sa fidélité - non dépourvue d'une certaine exigence - en amitié, mais aussi sa constante recherche de la perfection. « Comme Hukosaï était fou de dessin, Ravel était de fou de perfection. Il n’a laissé sortir en public que des choses achevées, parfaites comme des beaux objets, joyaux, ivoires chinois, laques. » On entendra derrière la grande la petite musique d'une vie d'artisan, consacrée à une maîtresse exigeante.« Puis il s’endormit pour toujours. Ce deuil de la musique française fut partagé par le monde entier. Il dure encore. Après la mort de quelques hommes le soleil n’est plus jamais, pour nous, tout à fait le soleil. »

Troublante résonance de lire ces lignes moins de 24 heures après avoir appris le décès de l'auteure-compositeure-interprète Ève Cournoyer... Difficile de ne pas lire autrement certains vers de Tout arrive. « Tout arrive à qui sait attendre. Rien ne peut anéantir quelqu'un autant que de voir ses rêves s'envoler en poussière. » Je regretterai de ne pas avoir pris le temps d'écouter sa voix avant.  


Voici également Mon bel espoir, tourné à Paris.

dimanche 12 août 2012

Les cinq coins du globe

De quatre, nous sommes passées à cinq, car nous accueillons ce mois-ci dans notre collectif dispersé Joye, de l'Iowa. On nous avait proposé cette fois de partager nos déclinaisons de « les pieds dans l'eau ». Quand j'ai vu ce lecteur, calmement posé sur le bord de la rivière des Outaouais lors de mon passage à Ottawa, je n'ai pas pu résister et lui ai volé une seconde de sérénité. Il ne m'en voudra pas, j'espère.

Photo: Lucie Renaud ©
Mais il y avait aussi beaucoup d'animation sur la rivière, car c'était jour férié en Ontario.

Photo: Lucie Renaud ©

Photo: Lucie Renaud ©

Pour voir les points de vue des copines et ma photo en taille réelle, c'est par ici...

vendredi 10 août 2012

L'amour n'est rien

J'ai encore des souvenirs très vifs de La gueule du loup, premier roman de Nadia Gosselin, conte de fées postmoderne dans lequel la belle devenait la bête et le loup se transformait en agneau, coup du destin oblige. J'ai offert le livre, ai presque regretté d'avoir partagé mon exemplaire avec une autre, tant j'avais envie d'en relire quelques pages après avoir refermé L'amour n'est rien. L'entrepôt du livre numérique m'a permis de retrouver le premier chapitre en ligne et le rêve qui se fracasse, l'impression de huis-clos, le malaise insidieux, sont revenus d'un seul coup. Je n'avais donc pas idéalisé cette lecture, qui date pourtant de près de quatre ans (mon commentaire d'alors ici).

Alors pourquoi la magie a-t-elle moins fonctionné avec ce deuxième roman? Je me suis interrogée pendant quelques semaines avant d'enfin réussir à mettre le doigt dessus car, en principe, ce roman, entre journal intime et roman épistolaire (les chapitres alternant d'une narration au je et au tu) possédaient tous les ingrédients pour me plaire: une relation amoureuse que l'on comprend condamnée dès le début, une écriture féminine assumée, l'utilisation de fragments qui deviennent autant de miroirs réfléchissants d'un kaléidoscope, déformant le propos au passage - mais peut-on jamais être objectif en amour?

Ils se sont connus il y a 20 ans, ils se retrouvent au détour de la vie, libres de liens amoureux, bien que lui soit au milieu d'un divorce houleux, la garde des enfants et le lieu de résidence devenant des enjeux impossibles à ignorer. Elle le rencontre donc parfois chez lui, dans une chambre d'hôtel, curieusement jamais chez elle, les corps se désirant puis s'apaisant, sans que l'on sente réellement la puissance de leur passion amoureuse. L'auteure aurait-elle pu - dû - plonger plus profondément au cœur même de ce désir, de ce délire? On attend la morsure, la déchirure qui fracasse tout, mais Gosselin joue plutôt la carte d'abord de la valse-hésitation, puis de l'effritement du sentiment. La narratrice n'affirme-t-elle pas « Quant à moi, je crains de plus en plus la nature de ces sentiments qui nous lient l’un à l’autre. Car moi aussi, Camil, j’ai peur de cet amour qui me domine et me bouscule. Par moment, je voudrais pouvoir te dire que je t’aime, mais… les mots se morcellent dans ma gorge dès que je tente de les prononcer »? On réalise bientôt que cet amour, comme tant d'autres, n'était pas assez fort pour repousser les assauts du quotidien: l'éloignement, les questionnements, les sollicitations d'autres partenaires, l'appel de la paternité, une certaine lassitude.

Au fond, la midinette en moi (que je musèle le plus souvent) aurait aimé un amour littéraire, qui brûle tout sur son passage, plus puissant que la mort, même si (surtout si) la chute devait s'avérer vertigineuse (ce que Martine Delvaux a réussi fort adroitement dans Les cascadeurs de l'amour n'ont pas droit au doublage). « L’amour avec un grand A ne sera peut-être jamais pour moi que fiction », résume la narratrice. Voilà tout le nœud du problème au fond: j'aurais aimé pouvoir croire le contraire quelques instants.

mercredi 8 août 2012

Pour l'excellence

Une rencontre professionnelle dans la région de la capitale nationale m'a empêchée jusqu'ici de vous parler du concert de l'Orchestre national des jeunes du Canada, qui s'est arrêté à la Maison symphonique de Montréal vendredi soir dans le cadre de sa tournée annuelle. Faisant partie du paysage musical canadien depuis 52 ans, l'ONJC a eu maintes occasions de démontrer l'efficacité de sa formule. Walter Susskind, l'initiateur de l'orchestre, n'avait pas hésité à affirmer  lors de sa formation: « Je vois la création de l’Orchestre national des jeunes du Canada comme la démarche la plus importante que nous pourrions entreprendre pour garantir la croissance couronnée de succès et le développement des grands orchestres symphoniques au pays. »

Se renouvelant à chaque année de par sa nature même (grâce à des auditions tenues dans 22 villes cette année), l'orchestre souhaite offrir avenues de perfectionnement (notamment grâce à un corps professoral de très haut niveau) et occasions de jouer en concert. Le programme proposé à Montréal, des plus relevés, mettait d'ailleurs remarquablement en lumière les divers pupitres de l'ONJC, que l'on vise le découpage des textures (comme dans le Concerto pour orchestre de Bartók, page magnifique trop peu jouée par nos « grands » orchestres malheureusement), dans la densité et la multiplicité des nuances (les Fontaines de Rome de Respighi) ou la peinture d'atmosphère (suite de Roméo et Juliette de Prokofiev, assemblée par le chef Alain Trudel).

Dès le premier solo de clarinette dans le Respighi, j'ai été soufflée par la maîtrise démontrée par les 95 musiciens (de 16 à 29 ans, choisis parmi 563 aspirants). Le son semblait sculpté, les textures oscillaient au fil des pages entre une transparence presque éthérée et une richesse foisonnante, l'articulation des motifs n'étant jamais négligée. La toute fin nous a laissé pantois, tant le raffinement du morendo abordait des zones d'une intimité presque bouleversante.

Puissance et multiplicité des ambiances ont été au rendez-vous dans le Prokofiev (malgré une légère chute d'intensité dans le « Madrigal » et le « Menuet »). Les dissonances tantôt assumées (« Montaigus et Capulets »), tantôt déchirantes (« Roméo au tombeau de Juliette »), la rythmique implacable dans les passages fortissimo, le travail de découpage des divers pupitres, permettaient à l'auditeur de suivre en musique le fil narratif de cette histoire éternelle.

Après l'entracte (et quelques discours, ceux-là parfaitement intelligibles, contrairement au premier de la soirée, démonstration implacable du non-bilinguisme de la grande majorité des Canadiens), le compositeur Nicolas Gilbert est venu expliquer, de façon ludique plutôt que dogmatique, les axes de son travail de composition sur Résistance, en trois sections qui misaient sur des jeux d'oppositions, des murs de son se fracassant sans ébranler la structure même du propos. Il a su faire une référence discrète au fameux printemps érable et la prolifération de carrés rouges), en soulignant également qu'au fond, n'y a-t-il pas plus grande résistance pour un jeune que de jouer d'un instrument dit classique.

Le programme plus que substantiel de la soirée se terminait par le Concerto pour orchestre de Bartók, bien rendu, particulièrement le « Jeu de couples » (chapeau à la capacité d'écoute des vents!) et l'« Élégie », véritable clé de voûte de cet édifice sonore. Deux rappels chantés (avec brio) ont complété cette soirée en tout point exceptionnelle. Dommage que la salle ait été si dispersée, canicule et vacances obligent. L'Orchestre national des jeunes du Canada aurait certes mérité d'être entendu par un plus grand nombre. Avec de tels musiciens pour la défendre, l'avenir de la musique classique ne saurait être considéré en danger. Le sourire qui se lisait sur les visages des membres après chaque interprétation aurait peut-être pu aussi inspirer quelques-uns de nos musiciens « professionnels ». Saluons en terminant la pertinence des notes de programme d'Alex Dyck (pianiste de l'ONJC lors des saison 2009 et 2010), même si leur traduction française aurait eu avantage à être relue par un spécialiste (« conductor » devenant par exemple « compositeur »).

Claude Gingras de La Presse a lui aussi beaucoup apprécié sa soirée. À lire ici...

dimanche 5 août 2012

Premier lecteur

« Je crois que tout lecteur désire être le premier lecteur et il l’est en quelque sorte parce que chaque personne s’approprie le texte qu’elle lit. Nous parlons ensemble d’un sujet qui pourrait être considéré comme tabou. Je me rends de plus en plus compte des limites que l’on fixe à l’acte de lire, ne serait-ce que par la cote des étoiles! Un chroniqueur qui attribue, par exemple, deux étoiles à un titre se les accorde à lui-même. Le degré d’intensité de sa lecture se dévoile ainsi. »

Louise Warren dans Le premier lecteur, Une conversation avec André Lamarre (intégré au recueil Anthologie du présent)

vendredi 3 août 2012

Lire québécois

Parfois, on se surprend à lire de bonnes nouvelles dans notre quotidien (et je ne parle pas ici d'une nouvelle médaille canadienne ou du déclenchement des élections). Ce matin, j'ai ainsi lu jusqu'à la fin l'article de La Presse traitant du numérique. Pourtant, je ne possède pas de liseuse, même si je lis à l'occasion à l'écran en format PDF (ou certaines copies de livres anciens sur l'un des divers sites spécialisés dans le format). Ce qui m'a surtout accrochée, c'est que le prêt numérique a semblé bondir grâce à l'ajout de livres québécois au catalogue. Je cite ici Maryse Trudeau, directrice des acquisitions et du traitement documentaire de la collection universelle de la Grande Bibliothèque:
« Nous avions déjà des livres français et anglais disponibles pour le prêt numérique. Mais la disponibilité des livres québécois a vraiment fait connaître cette possibilité chez nos abonnés. Et cet été, on voit que les gens partent en vacances avec leurs livres numériques de la bibliothèque. » 
Elle explique plus loin dans l'article qu'au départ, il n'y avait que 1000 titres québécois, mais qu'ils étaient toujours sortis (vous disposez de trois semaines pour lire le document, qui disparait automatiquement de votre liseuse une fois la durée du prêt écoulée et un autre lecteur peut alors le télécharger). Les membres de l'Association nationale des éditeurs de livres ont semblé accepter que le prêt numérique ne nuit pas à leurs ventes (pas plus que les prêts en bibliothèque), les grands emprunteurs (on se croirait dans une chronique finances!) se procurant également plusieurs titres en librairie.

Bien sûr, en tant que rédactrice en chef de La recrue du mois, webzine consacré au premier roman québécois (qui tient sa rencontre annuelle demain), je me réjouis de savoir qu'on semble lire de plus en plus québécois. De plus, si au début du webzine, les gens m'offraient tout au plus une moue compatissante quand je leur expliquais que je lisais non seulement québécois mais de la nouvelle littérature, aujourd'hui, presque cinq ans après, on m'écoute avec attention et parfois, même - ciel! -, mon interlocuteur a lu l'un ou l'autre des titres récents. Un petit pas pour le lecteur, un grand pas pour la littérature québécoise!

Pour lire l'article dans son intégralité...
Si vous souhaitez vous joindre à la dynamique équipe de La Recrue, n'hésitez pas à me contacter ici...

mercredi 1 août 2012

Monsieur Chopin ou le voyage de la note bleue

Depuis quelque temps, je me penche sur des livres jeunesse, la plupart liés directement à la musique classique, afin d'analyser comment on peut transmettre à la fois informations et émotions (dans le but avoué de pouvoir renouveler la façon dont j'ai abordé jusqu'ici la rédaction de documents pédagogiques), mais aussi , il faut bien l'admettre, pour le pur plaisir de me faire raconter autrement une histoire que je connais déjà.

Dans Monsieur Chopin ou le voyage de la note bleue, Carl Norac a privilégié la forme épistolaire, un jeune Frédéric écrivant à son meilleur ami Titus, lui racontant la musique, ses amours, les gens qu'il croise, sa façon d'aborder le piano, la composition, la recherche le fameuse « note bleue » (expression que l'on doit à George Sand). « La musique me comprend, toujours. C'est le début de l'amour. » Il lui rappelle aussi combien leur amitié lui est essentielle.  
« Ta lettre m'a réjoui, extro, extra, extrissime. Je ne t'en veux plus, Titus tête de bois. Aujourd'hui, j'ai compté: je célèbre notre amitié depuis 42 144 000 secondes. […] Ah Titus, ton absence me cause du regret. Il serait si agréable de causer avec  toi, de s'amuser, de chanter, de se bagarrer. Voilà, petite âme, une tape sur ton dos d'ange. »

Jacques Bonnaffé offre une narration complice du texte, même si on aurait peut-être souhaité ici et là une plus grande distanciation de timbres entre les lettres de Frédéric et celles de Titus (ou deux lecteurs). Les illustrations de Delphine Jacquot favorisent l'évasion par le rêve, périple imaginaire porté par une interprétation soignée de la pianiste Shani Diluka qui traite avec autant de délicatesse mazurkas, barcarolle que préludes. Soulignons que trois œuvres de Chopin (qui exigeront un certain investissement du jeune auditeur) sont présentées en version intégrale, histoire de prolonger l'expérience une fois le livre refermé: la Quatrième Ballade, la déchirante Mazurka opus 63 no 3 et l'éthéré Nocturne opus 9 no 1.

En terminant, quelques paroles de sagesse que les petits (et grands) pianistes souhaiteront méditer...
« Tu me demandes dans ta dernière lettre comment je fais pour jouer ainsi, jusqu'à faire voler la note parfaite. D'abord, fais courir tes mains, puis mélange tes doigts comme cartes à jouer, jette-les en l'air, tels des dés. À ce jeu, tu deviendras un vrai gymnaste. Pour le reste, je joue tous les jours. On dit que j'improvise, mais je fais mes devoirs pendant des heures. »