vendredi 31 janvier 2014

Mr P: Les hauts et les bas d'une icône

Quelle idée rocambolesque que de consacrer un spectacle de marionnettes au personnage de M. Patate, le sympathique jouet remis au goût du jour par les films de la franchise Toy Story! On se dit que, non, quand même, cela ne saurait se transformer en projet artistique cohérent, mais c’est sans compter l’inventivité du band de théâtre Belzébrute, récent Coup de cœur du jury français du Festival mondial des théâtres de marionnettes de Charleville-Mézières (Off).
En effet, ici, théâtre d’objets, cinéma muet, bande dessinée et musique se rencontrent, mariage des plus heureux qui restituera en quelques instants à ceux présents un cœur d’enfant.
Le ton est donné dès qu’Amélie Poirier-Aubry, pin-up des Années folles toute de blanc vêtue, se promène dans la salle du Gesù pour ramasser quelques pièces qui serviront à alimenter le castelet. Avec une timidité étudiée, elle attend qu’un membre du public l’aide à monter sur scène, puis se glisse derrière son clavier pour improviser au fur et à mesure, en temps réel, une trame sonore qui évoluera en deuxième fil narratif (avec multiples clins d’œil à l’appui) de l’ascension stellaire de M. Patate, manipulé par Jocelyn Sioui et Éric Desjardins, l’un portant la tête de M. Patate, leurs quatre mains se divisant mains et pieds blancs.
Vous pouvez lire le reste de ma critique sur le site de la revue Jeu et vous glisser en salle ce soir au Gesù.

jeudi 30 janvier 2014

Ô lit!

Photo: Rolline Laporte
Les enfants ne sont que très rarement en contact avec la danse, encore moins contemporaine, dans le cadre de leur cursus scolaire. Alors que les programmes artistiques disparaissent les uns après les autres, on ne peut que saluer le travail de la compagnie Bouge de là qui continue à croire en la nécessité d’ancrer l’imaginaire enfantin dans une corporalité.
Dans Ô lit!, la chorégraphe Hélène Langevin articule son propos autour d’un meuble qui fait partie de nos vies et dont la fonction – et l’esthétique – évolue au fil des années. En se transformant de berceau enveloppant, nous protégeant du danger, à lieu pour évacuer notre rage, moteur de rêve ou trampoline, le lit permet d’élaborer un portrait parfois touchant, parfois ludique, de la naissance à l’adolescence.
Les cinq interprètes reproduisent d’abord les mouvements dépourvus de coordination des bébés, passant de la position sur le dos à celle sur le ventre, jusqu’à ce qu’ils puissent ramper ou marcher à quatre pattes. Si les enfants rient de la maladresse de ces «poupons», leurs aînés ne pourront qu’être saisis par la poésie qui se dégage de tout cela et la façon dont la chorégraphe a calibré la progression de la gestuelle.
Vous pouvez lire le reste de ma critique sur le site de la revue Jeu.
Jusqu'au 1er février à l'Agora de la danse

mardi 28 janvier 2014

Février mois de l'histoire des Noirs

« Aucun de nous, en agissant seul, ne peut atteindre le succès. » 
Cette phrase toujours actuelle, tirée du discours d'investiture de Nelson Mandela, sert de moteur à la 23e édition de la Table ronde du Mois de l'histoire des Noirs. Du 1er au 28 février, près de 200 spectacles, expositions, conférences et projections seront offertes dans le cadre de cet événement dont les porte-paroles sont cette année Kim Richardson (éblouissante dans Ain't Misbehavin' à l'automne) et Gardy Fury, chanteur, compositeur, réalisateur, auteur et acteur (que l'on peut voir ces jours-ci dans un rôle de chef de gang dans Les jeunes loups).

C'est en voyant ce dernier dans la salle lors de la première de Porgy and Bess que j'ai eu envie de faire sur ce blogue un mini-challenge « Histoire des Noirs ». J'essaierai au cours du prochain mois de traiter de livres écrits par des auteurs noirs (tant africains qu'haïtiens) ou abordant la cause noire et de parler le cas échéant de productions, expositions, albums ou films mettant en lumière les réalisations des communautés noires.

En amuse-bouche, la relecture black du hit de Daft Punk, Get lucky, un des grands moments de la soirée des Grammys dimanche.


Vous souhaitez vous aussi y participer? Laissez-moi un message ici et je relaierai vos billets.

Vous pouvez consulter la liste des activités proposées (dont une exposition sur Nelson Mandela) ici...

Porgy and Bess: pari tenu

Porgy and Bess fait partie de ces opéras mal-aimés. Les puristes le considèrent trop « comédie musicale » et les jazzophiles qui ont découvert son existence à travers une des nombreuses relectures de Summertime trouveront peut-être le dispositif scénique un peu lourd. Le propos – un portrait de l’Amérique noire des années 1930, écrit par un Blanc qui mourra millionnaire – fera en grincer des dents certains. Pourtant, si l’on accepte de laisser ses préjugés chez soi, cette production de Porgy and Bess, présentée à guichet fermé à cinq reprises – un exploit, à Montréal! – devrait rallier tous les suffrages.

La distribution, entièrement noire (hormis quelques petits rôles parlés, plus que secondaires), se révèle impeccable. Avec son baryton riche, Kenneth Overton campe un Porgy digne malgré son handicap, capable de tout pour défendre Bess, superbement interprétée par Measha Brueggergosman, très en voix et actrice consommée

Vous pouvez lire le reste de ma critique sur le site de la revue Jeu...

lundi 27 janvier 2014

Joyeux anniversaire Wolfgang!

Il n'a pas pris une ride, malgré ses 258 ans aujourd'hui. Il restera toujours le premier amour de la musicienne, mais aussi peut-être de la petite fille (quel destin exceptionnel que le sien!) et l'un des artistes mythiques que la journaliste aurait aimé interviewer.

Un génie certes, mais surtout un homme, avec tout ce que cela comporte.

Saviez-vous que...
·  
·         À 14 ans, il aurait ainsi parfaitement retranscrit le Miserere d’Allegri, une œuvre complexe qui dure environ quinze minutes, en ne l'ayant écouté qu’une seule fois ?
·         Ce sera Johann Christian Bach, le fils cadet de Johann Sebastian Bach, rencontré à Londres, qui lui fera découvrir le pianoforte, l’opéra italien et lui apprendra les bases  de la symphonie?
·         Intéressé également par la science, il devient membre de l’Accademia filarmonica de Bologne en 1771, à l’âge de 15 ans, alors qu’en principe on n’admettait que des membres âgés de plus de 20 ans?
·         Mozart était profondément attaché à une certaine tradition et a analysé en détail la perfection de la fugue chez Bach avant de s’essayer au genre?
·         Mozart a changé irrévocablement le visage de l’opéra allemand? Avec Die Entführung aus dem Serail (L’enlèvement au sérail), pour la première fois, l’opéra s’adresse au peuple dans sa langue maternelle.  Gluck, lui-même compositeur d’opéra et directeur des concerts publics à Vienne, sera un des premiers à féliciter Mozart.
      ·    Mozart était un grand épistolier, qui aimait évoquer dans ses lettres aussi bien soirées au concert, défis de création que mots tendres et calembours?
·         Même s’il créait des œuvres jour après jour, il n’aimait rien tant que de faire une partie de billard avec ses amis ou jouer aux charades?
·         Il n’a pas hésité à accepter les commandes  (opéras, concertos, symphonies) mais en repoussera constamment les limites.
·         Plusieurs compositeurs portent un respect infini à Mozart, dont Schubert, Mendelssohn (lui aussi enfant prodige), Tchaïkovski (qui écrira notamment Mozartiana), Rossini (qui reprendra les personnages du Mariage de Figaro dans son Barbier de Séville), Chopin (qui aurait demandé à écouter du Mozart sur son lit de mort) et Dvorak (le Requiem de Mozart sera joué à ses funérailles).
·         La musique de Mozart reste l’une des plus jouées aujourd’hui et continue de posséder un caractère universel, qui rejoint les publics de tous les continents.


 En complément, une vidéo d'un air de Don Giovanni, chanté par le jeune Britannique Ashley Riches, qui redéfinit le concept même de la sérénade au balcon, découverte sur le site de Norman Lebrecht...
 

vendredi 24 janvier 2014

Novecento: pianiste

Alessandro Baricco a conçu Novecento : pianiste comme un monologue dans lequel Tim Tooney, trompettiste revenu de tout, mais qui n’a jamais pu oublier ses années passées sur le Virginian, raconte l’histoire de Dany Boodman T.D. Lemon Novecento, enfant du siècle, mais surtout de l’océan. La metteure en scène Geneviève Dionne a eu la fort belle idée de déconstruire la pièce pour que deux voix s’y entrecroisent, transformant le texte en hommage à la puissance d’une amitié qui traverse les ans.
Si Martin Lebrun en Tim reste l’ancrage – la basse chiffrée pourrait-on dire –, Simon Dépôt en Nocevento (et quelques personnages secondaires) ajoute une résonance réelle au propos, transmettant en mots et en musique les grandes lignes d’un destin, qui ne peut devenir entièrement exceptionnel que parce qu’un autre en a été témoin. «Tu n’es pas vraiment fichu tant qu’il te reste une bonne histoire et quelqu’un à qui la raconter.» La complicité entre les deux acteurs est palpable, qu’ils s’assoient côte à côte ou dos à dos sur le banc de piano, qu’ils partagent une même couchette imaginaire ou qu’ils se tiennent, l’un côté cour, l’autre côté jardin, reflets complémentaires.
Vous pouvez lire le reste de ma critique sur le site de la revue Jeu...

mercredi 22 janvier 2014

Les laissés pour contes

Le conte possède plus d'un visage et c'est tant mieux. Certains aimeront que des voix d'aujourd'hui leur racontent des histoires d'hier, d'autres que de jeunes auteurs traitent de sujets parfois difficiles, toujours essentiels, qui témoignent de notre vie urbaine, de nos travers, de nos angoisses, mais de nos rêves aussi. L'édition 2014 des Laissés pour contes est articulé cette année autour du thème de la convoitise, « désir extrême ou immodéré de posséder quelque chose », nous rappelle le Larousse.

Les textes des auteurs mis en lumière ne feront pas de quartiers. Qu'il soit question de voler - ou reprendre - un amoureux, d'un désir brûlant de maternité, d'un malaise d'acteur ressenti lors d'un soir de première, pas de demi-mesures. Pourtant, rien ne sera jamais blanc ou noir. L'émotion prime, le mot devient ici scalpel, qu'il fasse rire plus ou moins jaune ou qu'il s'attarde à débusquer certaines de nos peurs.


Photo: Patrice Tremblay
Le premier de la première de Paul Bradley relate avec brio l'histoire d'une première de théâtre ratée, l'émotion poussée à son paroxysme empêchant les spectateurs d'applaudir. En quelques secondes, Martin Vaillancourt prend la salle en otage et l'amène dans sa folie paranoïaque alors qu'il raconte comment, lors de l'édition précédente de l'événement, alors qu'il était assis « dans la troisième rangée, troisième siège », il n'avait pas su être le premier à applaudir, ce qui avait irrévocablement altéré le cours de toute la soirée. Quand à la toute fin, il demande au public de ne pas applaudir afin d'expier sa faute, il réussit à suffisamment semer le doute pour que tous retiennent leur souffle.


Photo: Patrice Tremblay
Alors que le texte de Bradley fait astucieusement référence à un numéro de burlesque, on découvre ensuite un numéro de marionnettes, porté par une partition astucieuse, Des souris ou des hommes, numéro poétique mais mordant, fruit de l'imagination de Iulian Ciobanu et Carmen Bulancea, métaphore réussie de la quête du pouvoir rendue avec deux marionnettes et quelques accessoires. 

La force de courir après toi, qui fait partie du recueil Danser a capella de Simon Boulerice, offre un répit au spectateur, alors que la narratrice, campée avec une belle énergie par Catherine Dumas, raconte comment elle a remporté une course en talons hauts en Russie. On rit d'abord de sa dégaine, du venin qu'elle déverse sur ses adversaires, de son romantisme exacerbé - alors qu'elle transforme le mot Glamour inscrit au fil d'arrivée en Amour puis en version russifiée du prénom de son amoureux - et puis, tout bascule quand on réalise que, au fond, la course n'est que prétexte et qu'elle souhaiterait regagner un cœur plutôt que de gagner l'or.


Photo: Patrice Tremblay
Antoine Touchette se révèle un véhicule idéal pour transmettre tout le côté désenchanté de La pleureuse de Véronique Pascal, portrait d'un maquilleur homosexuel qui a couché avec une partie du bottin de l'Union des Artistes, mais parce qu'au fond, sa sensibilité le pousse à tomber amoureux de gars à la plastique parfaite. Tantôt suave, tantôt franchement mesquin - « Son rire, c'est comme Cuba. C'est chaud, pis ça donne envie de se frotter sur un palmier » -, il se dévoile, jusqu'à la fracture finale, dont il ne reviendra que difficilement.

Fait divers_Blanche de Jocelyn Roy reste l'un de ces textes qui donnent froid dans le dos. Ici, une jeune fille (Marie-Michèle Boutet, particulièrement éblouissante quand elle se prend pour Céline Dion) déçue par la vie, prisonnière d'un corps qu'elle voudrait aimer, mais que les autres dénigrent, envieuse de sa longiligne jumelle Rose, finira par faire l'indicible, aussi bien par désir de vengeance que celui de devenir célèbre et passer à la télé. Le regard que l'auteur pose sur notre société avide de gloire, mais au fond toujours en manque d'amour, demeure implacable. 

La soirée se termine dans un registre mi-tendre, mi-trouble, avec Parents-secours de Pierre Chamberland, également metteur en scène de l'événement. Une jeune femme raconte son désir inextinguible de maternité, alors qu'à 30 ans, elle se sait stérile. Si le misérabilisme est occulté, on réalise, troublé, que nos codes de conduite ont été recalibrés au cours des dernières années, après avoir été témoin au journal télévisé de trop d'histoires sordides. Peut-on encore regarder un enfant qui n'est pas le nôtre avec un regard entièrement détaché, libre de tout sous-entendu? La tendresse doit-elle automatiquement se voir teintée d’ambiguïté? Pourquoi cherche-t-on automatiquement un coupable? 

La scénographie de David Poisson tire adroitement profit des Ateliers Jean-Brillant, les diverses scènes se trouvant ancrées dans un lieu ou l'autre. Les éclairages de Caroline Daigle jouent avec le cercle de lumière, un choix astucieux qui rappelle que nous sommes au théâtre, certes, mais aussi que le conte se veut une expérience plus intime, qui abolit naturellement le fameux quatrième mur. Une soirée dense, riche; un rendez-vous annuel à prendre.

Aux Ateliers Jean-Brillant jusqu'au 26 janvier




mardi 21 janvier 2014

Marie Tudor

Les frontières entre théâtre et autres formes artistiques sont si souvent abolies maintenant que l’on oublie parfois le plaisir de retrouver un texte pour lui-même. Voilà certainement ce que nous propose la relecture fort réussie de Claude Poissant de Marie Tudor de Victor Hugo. Victor Hugo écrit lui-même dans sa préface de la pièce : « Il y a deux manières de passionner la foule au théâtre : par le grand et par le vrai. Le grand prend les masses, le vrai saisit l'individu. Le but du poète dramatique, quel que soit d'ailleurs l'ensemble de ses idées sur l'art, doit donc toujours être, avant tout, de chercher le grand, comme Corneille, ou le vrai, comme Molière ; ou, mieux encore, et c'est ici le plus haut sommet où puisse monter le génie, d'atteindre tout à la fois le grand et le vrai, le grand dans le vrai, le vrai dans le grand, comme Shakespeare. »

J’avais craint un instant d’être face à un texte vaguement ampoulé, qui aurait mal vieilli. Au contraire. Dans cette ère où les puissants règlent leurs comptes de façon plus ou moins propre, à coups d’enveloppes brunes et de délations, la trame narrative de cette pièce, montée pour la première fois en 1833, n’a pas pris une ride, car nous avons droit à un véritable thriller psychologique avant l’heure. Plutôt que de servir platement l’Histoire, Hugo la détourne, proposant une réflexion sur le rôle des femmes en politique. Marie 1ere (« la sanglante ») n’est pas que reine, elle est avant tout femme. Elle se sait condamnée à un mariage politique, mais son cœur et son corps sont troublés par les charmes de son bel amant, Fabiano Fabiani (personnage fictif), honni à la cour, essentiellement parce qu’il n’est pas anglais. (Le peuple aura beaucoup de difficulté également à accepter son mari à Philippe d’Espagne.) Quand elle apprend qu’il la trompe avec Jane, une jeune paysanne adoptée par Gilbert, modeste ouvrier, tombée amoureux d’elle au fil des ans, elle décide de se venger. L’affaire semble en apparence facilement réglée, mais Hugo intègre à la pièce de multiples rebondissements, ce qui la rend captivante de bout en bout.

La mise en scène soignée de Claude Poissant n’encombre pas inutilement la trame. Les éclairages d’Erwann Bernard habillent la scène avec subtilité, multipliant les zones d’ombres, ce qui ajoute une dimension supplémentaire de mystère à la pièce. Les changements de scène sont ponctués par un petit groupe de musiciens, qui interprètent une partition originale de Philippe Brault. Julie Le Breton campe ici une reine à l’humeur changeante, implacable dirigeante, mais démunie en tant que femme bafouée, pourtant prête à tout pour repousser l’exécution de son amant volage. David Savard en Simon Renard se révèle particulièrement intéressant, la fragilité frondeuse de David Boutin en Gilbert offrant un contrepoids nécessaire.


Les classiques traversent le temps. On a parfois besoin de se faire rappeler pourquoi.

Jusqu'au 12 février au Théâtre Denise-Pelletier

lundi 20 janvier 2014

Icare: libérer le mythe

Photo: Yves Renaud
Au fil des ans et des lectures plus ou moins paresseuses, on a souvent résumé le mythe d’Icare à celui de sa chute. On oublie que, au fond, cette histoire en est une d’émancipation, que le jeune homme tente de fuir l’île de Cnossos ou le joug de son père Dédale (qui a notamment conçu le labyrinthe du Minotaure). Michel Lemieux et Victor Pilon l’ont bien compris et ont visé juste en confiant la transposition à Olivier Kemeid, qui signe ici un texte à l’arc narratif adroitement tendu, série de tableaux qui peuvent se lire comme autant de salles de labyrinthe ou de lieux de cette ville du futur imaginée par Dédale et son dauphin (personnage virtuel interprété avec conviction par Maxime Denommée).
On aurait pu s’y perdre, entre passé et futur, Grèce antique et conquête de l’espace, mondes réel et virtuel, mais la mezzo-soprano Noëlla Huet en coryphée trouve un rôle à la hauteur de son talent et devient le fil d’Ariane qui nous porte d’une scène à l’autre, d’une ambiance à l’autre, grâce à la très belle partition de Maxim Lepage.
Vous pouvez lire le rested de ma critique sur le site de Jeu...

dimanche 19 janvier 2014

Fleurs au fusil

Après avoir signé quatre recueils de poésie, Marjolaine Deschênes aborde pour la première fois le genre romanesque avec Fleurs de fusil, un opus foisonnant et inspiré. On y retrouve une réflexion particulièrement étoffée sur la littérature elle-même, qui s’attarde notamment sur quelques pièges posés par Rousseau, les débordements du romantisme (représenté ici par Novalis), le faux symbolisme de Rodenbach, les analyses de Paul Ricœur ou les visions de la féminité entretenues par Annie Ernaux, Catherine Mavrikakis et Nancy Huston. L’auteure y aborde de façon parallèle, avec une plume incisive qui ne laisse pas indifférent, les multiples visages de la filiation. Si la narratrice-romancière tente de s’inscrire dans une certaine pratique (et esthétique) littéraire, la femme elle, doit accepter de comprendre son arbre généalogique pour en transcender la violence. Cherchant à fuir depuis l’enfance l’emprise – et jusqu’au souvenir – d’un père dangereux, Viviane réussit néanmoins à redéfinir les termes de sa propre maternité à travers sa fille Amalè, fruit d’amours adolescentes inabouties. Il sera bien sûr question de résilience et de ces amitiés, parfois aux contours flous, qui nous permettent de continuer à avancer.
Fleurs au fusil aurait pu se révéler un livre lourd (par sa problématique, ses réflexions littéraires), difficile à cerner. Pourtant, il n’en est rien. Si l’on sent le travail de la poète derrière celui de la romancière (au niveau des assonances, allitérations, du choix de vocabulaire), on ne perd jamais la direction de l’arc narratif. Les mises en abime demeurent adroites, jamais forcées. (Viviane Videloup a écrit jusque-là cinq romans, dont quatre reprennent les titres des recueils de poésie de Marjolaine Deschênes et quelques chapitres affichent en citation d’en-tête des phrases de Viviane, vraisemblablement tirée des vers de Deschênes.) Cet objet fourmillant peut être décrypté à tant de niveaux (le choix des noms mériterait une dissertation entière) qu’il invite à la relecture. On referme le livre, encore aspiré par cet univers à la fois toxique et lumineux, avec l’envie de fréquenter à nouveau cette auteure, en prose ou en vers, très rapidement.

samedi 18 janvier 2014

Le souffleur de verre: dernière (s)cène

Photo: Lucie Renaud
Ils sont douze, comme les apôtres attendant Jésus pour un ultime repas et, quand on entre dans la salle d'Espace libre, on a l'impression de plonger dans un tableau flamand, en clairs-obscurs, la patine du temps ayant estompé certains contours. Douze comme les mois de l'année, les vies de hindouisme, les tribus d'Israël... Douze comme les cavaliers de l'Apocalypse, parce que Le souffleur de verre se veut une oeuvre étouffante, campée en pleine fin du monde, qui ne laisse pénétrer que bien peu de lumière. 

Douze comme les demi-tons de la musique occidentale aussi, car il s'agit bien ici d'une partition, patiemment assemblée par Denis Lavalou, chaque personnage se voyant confier un motif, une articulation, une intention. Un soliste (soulignons ici les très belles performances de Jean-François Blanchard en Homme-Colère, Henri Chassé en père et Bernard Meney, qui s'est joint à la production, lors du décès malheureux de Denis Gravereaux il y a un mois, en patron) s'extrait parfois de la masse, s'enflamme pendant quelques pages, comme s'il chantait une aria. À d'autres moments, les douze voix s'élèvent, timbres complémentaires, certaines martellato, d'autres parlando. Le propos devient secondaire, on se laisse plutôt porter par les couleurs, comme si le grain d'une voix devenait ultime parcelle d'humanité. Chacun improvise à partir des notes qui lui ont été données, cellules de musique aléatoire qui se juxtaposent à l'habillage sonore suffocant d'Éric Forget, que l'on perçoit d'abord distinctement et qui finit par envahir la moindre interstice de notre inconscient.

Héritier d'En attendant Godot de Beckett et de l'absurdité assumée d'Ionesco, Le souffleur de verre n'est pas sans évoquer aussi La route de McCarthy. Le texte a été fragmenté au scalpel, histoire de transmettre la perte de sens, la désintégration du langage. Comme peut-on raconter, se dire, quand on ne maîtrise plus les mots, que les temps de verbe nous échappent, qu'il nous manque des référents communs, que plus personne ne peut se fier à son souvenir, que chaque jour est semblable au précédent? « Les histoires, c'est du trouble, de l'indiscipline; elle ne mènent à rien. » Peut-on encore renommer l'innommable quand un étranger (Marcel Pomerlo, impeccable dans le rôle) nous pose des questions, nous laisse croire que, peut-être, la route que l'on croyait abandonnée, impraticable, mène ailleurs? Unique parcelle d'espoir, les deux jeunes gens finiront par tourner le dos au statu quo, tenteront de conjurer l'inévitable.

On sort de la pièce terrassé, vaguement excédé, en se demandant si cette déstructuration du propos était la seule façon de transmettre le message. Le lendemain, on se rappelle une fois encore (mais quand finirons-nous par comprendre?) que l'humanité doit se réveiller enfin, si elle ne veut pas disparaître. La pièce de Lavalou ne relève pas de la poétique, mais bien de la polémique, comme la pratiquait aussi Henry David Thoreau, son ami fidèle depuis l'adolescence. 

« Il y a des milliers de gens qui par principe s’opposent à l’esclavage et à la guerre mais qui en pratique ne font rien pour y mettre un terme, qui se proclamant héritiers de Washington ou de Franklin, restent plantés les mains dans les poches à dire qu’ils ne savent que faire et ne font rien, qui même subordonnent la question de la liberté à celle du libre échange et lisent, après dîner, les nouvelles de la guerre du Mexique avec la même placidité que les cours de la Bourse et peut-être, s’endorment sur les deux. Quel est le cours d’un honnête homme et d’un patriote aujourd’hui ? On tergiverse, on déplore et quelquefois on pétitionne, mais on n’entreprend rien de sérieux ni d’effectif. On attend, avec bienveillance, que d’autres remédient au mal, afin de n’avoir plus à le déplorer. » (Henry David Thoreau, La désobéissance civile)

À Espace libre, jusqu'au 1er février 2014

vendredi 17 janvier 2014

La ménagerie de verre: mettre en lumière la fragilité de la vie

Photo: Julie Artacho
Pièce qui devait le propulser du jour au lendemain au faîte de la gloire, La ménagerie de verre de Tennessee Williams reste l’une de ses plus belles œuvres. Qu’on l’ait vu une ou cinq fois sur scène, on ne peut s’empêcher d’éprouver une tendresse certaine pour ces pages, portrait à peine décoloré d’une Amérique révolue. Le metteur en scène Yan Rompré en a tiré un objet finement ciselé, chaque élément – que ce soit scénographie, costumes, mise en scène ou choix de la distribution – ayant été pesé, assumé, poli jusqu’à ce que la lumière puisse le traverser de part en part.
Métaphore de la représentation, la pièce se décline comme un hymne à l’imaginaire. Tom écrit des poèmes dans son petit carnet et ne pense qu’à voir le monde, comme Williams lui-même. L’ancienne belle du Sud Amanda refuse de voir terni le souvenir de tous ces prétendants. Laura invente des destins à ses bibelots de verre.
La scénographie et les costumes de Geneviève Lizotte transposent idéalement cet état de rêve à demi-conscient, le bleu-gris (qui peut évoquer la nostalgie aussi bien que l’heure bleue de l’aube) se retrouvant aussi bien sur la chemise de Tom, la robe de Laura que le jabot et les poignets d’Amanda, le chandail de Jim, les tentures que sur le passe-partout de la photo du père, cet employé du téléphone « amoureux des longues distances ».
Pour lire la suite de ma critique, passez chez Jeu...
Au Théâtre Prospero jusqu'au 1er février 2014

mercredi 15 janvier 2014

Fleurs au fusil recrue de janvier

« Écrire une œuvre que l’autre lira demeure eros. Roman : destruction du temps comme dimension successive de l’existence. Étreinte violente, fugace avec l’autre. » Ces mots puissants sont extraits de Fleurs au fusil, très beau premier roman de Marjolaine Deschênes, notre Recrue ce mois-ci, « espèce d’espace muséal où l’homme et l’animal tantôt se cherchent, se perdent, se trouvent » a noté l’auteure en dédicace de mon exemplaire, cadeau d’une amie. Les froides journées d’hiver sont propices à ces lectures d’un seul souffle, à peine entrecoupées d’une tasse de thé ou de biscottes distraitement tartinées, le regard indifférent à toute stimulation extérieure, l’esprit entièrement happé par une histoire qui n’est pas la nôtre, mais qui pourtant nous remue profondément.
Avant de plonger dans le genre romanesque, Marjolaine Deschênes a publié quatre recueils de poésie. « Je vous écris depuis notre fêlure / pour que nous restions humains », peut-on lire dans L’étreinte ne sera pas fugace, constat qui trouve un écho dans Je parle arme blanche de Jonathan Charrette, le verbe devenant ici symbole d’une révolte métaphysique. La poésie n’est pas absente de notre repêchage jeunesse, Thomas et les mots magiques, notre héros, se voyant offrir, le jour de son neuvième anniversaire, un enfant-poète du nom de Matéo. Un cadeau alambiqué qui pourrait changer la perception qu’il a de la vie?
Dans le noir jamais noir de Françoise Major nous propose 21 tableaux des aspérités des relations humaines, alors queLe tableau de chasse de Michèle Comtois revient sur le génocide juif, autre moment trouble de notre histoire universelle.
Rassurez-vous, janvier peut aussi être synonyme de légèreté. Les journées tout doucement commencent à s’allonger et peut-être vous laisserez-vous tenter par À cause des garçons de Samuel Larochelle, récit d’apprentissage d’un jeune homosexuel fuyant sa Gaspésie natale pour trouver l’amour dans la métropole, ou encore Cher trou de cul, deuxième roman d’Annie Quintin, aventure qui tourne court après 72 jours… certainement pas comme celle que nous entretenons avec la nouvelle littérature québécoise!
Bonne année à tous!

lundi 13 janvier 2014

Le silence uni de l'hiver

Le silence uni de l'hiver 
est remplacé dans l'air 
par un silence à ramage ; 
chaque voix qui accourt
y ajoute un contour, 
y parfait une image.

Et tout cela n'est que le fond 
de ce qui serait l'action 
de notre coeur qui surpasse 
le multiple dessin 
de ce silence plein
d'inexprimable audace.


Rainer Maria Rilke
Montréal, métro Papineau
Photo: Lucie Renaud


Saint-Sauveur
Photo: Lucie Renaud

Mont-Tremblant
Photo: Lucie Renaud


Photo: Lucie Renaud

Photo: Lucie Renaud

samedi 11 janvier 2014

Des mini-bibliothèques prennent la place de cabines téléphoniques à Prague

Photo:  Michal Cizek / AFP  
J'aime ces bibliothèques inusitées, qui incitent au partage de livres, comme par exemple celle-ci, installée tout récemment à Prague.

Avec le boum des cellulaires, les cabines téléphoniques deviendront bientôt chose du passé et deux jeunes Tchèques ont décidé de les recycler en mini-bibliothèques, la première ayant été inauguré dans un hôpital IKEM. Sept cent livres ont été légués aux jeunes entrepreneurs.

jeudi 9 janvier 2014

Cinq questions

Marion du blogue Austin tout va bien a découvert mon blogue à travers un billet consacré à Henry David Thoreau, hasard de la vie qui a tout pour me plaire, compte tenu de l'intérêt que je porte au transcendantaliste. Elle m'a ensuite contactée pour que je réponde à cinq questions liées à la lecture, qui concerne aussi bien mes lieux de prédilection pour lire que des expériences marquantes de lecture ou des livres que j'ai beaucoup aimés.

Vous pouvez lire le tout (et peut-être en apprendre un peu plus sur moi) ici...

mercredi 8 janvier 2014

Et les amoureux auront des cataractes

L'expérience théâtrale est-elle plus signifiante quand présentée dans une salle à l'italienne? Bien sûr que non. Comme des dizaines d'acteurs l'ont fait auparavant - notamment en Argentine au cours des dernières années -, Tati Production a choisi de monter Et les amoureux auront des cataractes, deuxième pièce de Cassandre Émanuel, dans un loft qui n'accueille que 20 spectateurs chaque soir, facilitant un contact plus intime avec le public.

Il fallait être sérieusement motivé pour oser braver le froid sibérien et s'aventurer dans le secteur des manufactures sises à l'extrême Est du sinon très branché Mile-End. Pourtant, même avant le début de cette pièce volontairement multidisciplinaire, on se sent étrangement à l'aise dans ce lieu aéré, aux planchers de bois, assis sur un long banc faisant face à une cuisine qui fait rêver (une création d'Adrien Destelle, Shaun Guilbeault et Malcolm Michaud).

L'esprit déjà s'ouvre, prêt à accueillir l'histoire de Victoria et Lucien, frère et sœur unis, aux langages complémentaires. Victoria, une spécialiste de l'infra-littérature, enseigne le français au collégial et soumet ses élèves à des lectures n'ayant rien d'académique, convaincue de la nécessité de commencer une étude de la littérature par celle d'une certaine sous-culture, afin de pouvoir ensuite s'élever vers ce que certains nommeront les classiques. Lucien ne rêve que d'une chose: danser de nouveau. A-t-il subi des blessures lors d'une production précédente? Son esprit garde-t-il en partie prisonnier son corps? On ne le saura jamais, mais cela ne brime en rien la linéarité morcelée de la trame narrative, à laquelle se greffera bientôt George, inconnu rencontré par Victoria dans une bibliothèque. Leur histoire est bien sûr condamnée dès les premiers instants. Les relations ne le sont-elles pas toutes? Après tout, « mourir devient pas mal la seule fin. Y'a rien d'autre qui arrête vraiment une histoire... Le reste, c'est du tirage de cordes, c'est de la manipulation, des angles. Mais a-t-on vraiment besoin d'arriver quelque part? Si tu mets pas de but à la fin, t’as pas de trame qui y mène, donc t’as pas d'histoire ».

Malgré ce constat qui sous-tend l'arc entier de l'oeuvre, série de tableaux vivants, entre théâtre et ballet, avec des emprunts au monde de la marionnette, Et les amoureux auront des cataractes ne démontre aucune lourdeur. Si Monsieur Victor, première pièce d'Émanuel, m'avait paru par instants un peu diffus, cette fois, les maladresses semblent presque entièrement gommées. Pendant plus de 90 minutes, on suit avec intérêt le destin des trois personnages principaux, autour desquels gravitent « les ombres », non pas tant face sombre des personnages que soutien essentiel, portant littéralement les personnages à bout de bras et les plaçant de façon presque plastique dans une situation ou l'autre. (Un baiser n'aura sans doute jamais paru si plaqué.) Ils offrent ainsi un contrepoint bouleversant lors de cette scène pendant laquelle Lucien tente désespérément d'écrire quelques mots dans son petit carnet noir, chaque ombre magnifiant son désespoir.

Le clin d’œil voulu au Songe d'une nuit d'été de Shakespeare fonctionne parfaitement ici, notamment à travers une mise en abîme savoureuse dans laquelle George devenu Bottom porte une énorme tête d'âne et Victoria (alias Titania) une tête de princesse, quelques ombres prêtant leur visage à de petites marionnettes. Jamais on n'oublie que l'on est dans la tête de l'auteure - ou au théâtre -, que les personnages, même s'ils souhaiteraient pouvoir vivre un destin parallèle, sont irrémédiablement prisonniers. Le fait que Lucien danse offre à son personnage une émancipation supplémentaire, avant que la source même du geste ne se révèle tarie.


Bien encadré par Cassandre Émanuel et l'assistante metteure en scène Mélanie Primeau, le trio d'acteurs principaux évolue sans fausse note. Dominique Piché campe une Victoria juste assez décalée et romantique pour être attachante, Simon Fournier livre un Lucien habité par le mouvement, mais transmet avec une belle profondeur la parole de l'auteure, alors que Tommy Lavallée offre un George fragile sans être entièrement désabusé, néanmoins conscient de la précarité même de son existence.

Une parole vivante, actuelle, une transmission soignée et un mélange des genres tout à fait réussi.

Vous pouvez vivre l'expérience toute la semaine prochaine encore. Détails ici... 

mardi 7 janvier 2014

Liste lectures 2013

Ce qu'il y a de fascinant quand on remet une liste en ordre, c'est que cela nous permet de revivre en un ou deux clics l'émotion ressentie ou le souvenir qu'a laissé un de ces 143 livres. Bonne nouvelle, aucun n'a été oublié, même si certains laissent une impression disons plus ténue. Les liens activés vous permettent d'accéder aux critiques.

Anne-Marie Alonzo, Tout au loin la lumière ***
Nelly Arcan, Putain ***1/2
Denys Arcand, Euchariste Moisan **1/2
Gilles Archambault, Lorsque le cœur est sombre ***
Eva Almassy, L’accomplissement de l’amour ***1/2
Aude, Éclats des lieux **1/2
Martine Audet, L'amour des objets ***
Paul Auster, Winter Journal ***
Edem Awuney, Explication de la nuit ***1/2
Guy Armel Bayegnak, Le plancher se dérobe ***
Sarah Berthiaume, Villes mortes ***1/2
Olivier Bleys, Concerto pour la main morte ***1/2
Christian Bobin, l'homme-joie ***1/2
Mylène Bouchard, Ciel mon mari ***
Valérie Bourdon, Stand by ***
Guillaume Bourque, Je deviendrai toujours ce qui reste de moi ***
Fanny Britt, Bienveillance ***1/2
Fanny Britt et Isabelle Arsenault, Jane, le renard et moi ****
Nicole Brossard, Je m'en vais à Trieste ***1/2
Philippe Collard, Bleu comme la lune***
Mia Couto, L'accordeur de silences ****
Jean-Paul Daoust, Le vitrail brisé***
Geneviève Damas, Si tu passes la rivière ***1/2
Lydie Dattas, La nuit spirituelle ***
Evelyne de la Chenelière, La concordance des temps ***
Guy Delisle, Chroniques birmanes ***1/2
Erri de Luca, Le poids du papillon ***
Erri de Luca, Les poissons ne ferment pas les yeux ***1/2
Françoise de Luca, Vingt-quatre mille baisers ***1/2
François Delisle, Le météore ***
Denise Desautels, Ce désir toujours ***1/2
India Desjardins & Magalie Foutrier, La célibataire ***
Jean Désy et Rita Mestokosho, Uashtessiu – Lumière d’automne ***
Philip K. Dick, Minority Report ***
Patrick Drolet, J'ai eu peur d'un quartier autrefois ***
Louise Dupré, La memoria ****
Simon Dumas, Mélanie ***1/2
Jean Echenoz, 14 ***
Jean Echenoz, Au piano ***1/2
Gaston-Paul Effa, À la vitesse d'un baiser sur la peau ***1/2
Maxence Fermine, Noces de sel ***1/2
Brigitte Fontaine, Portrait de l'artiste en déshabillé de soie ***
Carole Forget, Le sol ralentit sous mes pas ****
Carole Forget, et le désastre, mon amour ***
Éric Fottorino, Suite à un accident grave de voyageur ***1/2
Thomas Hellman chante Roland Giguère ***1/2
David Goudreault, Premiers soins ***
Michel Jean, Le vent en parle encore ***1/2
Gaëlle Josse, Noces de neige ***
Bianca Joubert, Le brodeur ***
Benoit Jutras, Nous serons sans voix ***1/2
Natasha Kanapé Fontaine, N'entre pas dans mon âme avec tes chaussures ***
Emmanuel Kattan, Les lignes de désir ****
Andrew Kaufman, Minuscule ***
Benjamin Lacombe, Madame Butterfly****
Alexandre Lacroix, Voyage au centre de Paris ***1/2
Annie Leclerc, Éloge de la nage ***
Michèle Lesbre, Un lac immense et blanc ****
Sophie Létourneau, Chanson française ***1/2
Henning Mankell, Des jours et des nuits à Chartres / Miles ***1/2
Jean-Philippe Martel, Comme des sentinelles ***
Marie-Josée Martin, Un jour, ils entendront mes silences ***
Stéfani Meunier, On ne rentre jamais à la maison ***1/2
Isabelle Miron, Dix jours en cargo ***1/2
Scholoastique Mukasonga, Notre-Dame du Nil ***
Munoz & Sampayo, Billie Holiday ***
Haruki Murakami, Les attaques de la boulangerie ***
Véronique Olmi, Nous étions faits pour être heureux ****
Martin Page, L'apiculture selon Samuel Beckett ***1/2
Anne Peyrouse, Passagers de la tourmente ***
Brigitte Pilote, Motel Lorraine ***
Pascal Quignard, Les désarçonnés ****
Michel Rabagliati, Paul dans le métro ***
Michel Rabagliati, Paul en appartement ***1/2
Danielle Roger, Petites fins du monde et autres plaisirs de la vie **1/2
Maggie Roussel, Les occidentales ***
Lori Saint-Martin, Les portes closes ***1/2
Thomas Sandoz, Même en terre ***1/2
Claire Silvera Rochon, Concerto pour des images ***
Maude Smith Gagnon. Un drap. Une place. ***
Guillaume Sorel et Laurent Seksik, Les derniers jours de Stefan Zweig ***1/2
Jean-Philippe Toussaint, Nue ****
Annie-Claude Thériault, Quelque chose comme une odeur de printemps ***
Marina Tsvetaïeva, Mon Pouchkine ***
Marie-Léontine Tsibinda, La porcelaine de Chine ***1/2
François Turcot, Mon dinosaure ***
Ami Vaillancourt et Bruno Rouyère, Kissinger et nous ***
Zoé Valdès, La nuit à rebours***
Mélissa Verreault, Voyage léger ****
Christian Vézina, L'inventaire des miracles ***
Iris Wong, Invulnérable **1/2
Zviane, La plus jolie fin du monde ***1/2
Zviane, Le bestiaire des fruits ***
Zviane, Les deuxièmes ***
Zviane, Pain de viande avec dissonances ***