Les frontières entre théâtre et autres formes artistiques
sont si souvent abolies maintenant que l’on oublie parfois le plaisir de retrouver
un texte pour lui-même. Voilà certainement ce que nous propose la relecture
fort réussie de Claude Poissant de Marie
Tudor de Victor Hugo. Victor Hugo écrit lui-même dans sa préface de la
pièce : « Il y a deux manières
de passionner la foule au théâtre : par le grand et par le vrai. Le grand
prend les masses, le vrai saisit l'individu. Le but du poète dramatique, quel
que soit d'ailleurs l'ensemble de ses idées sur l'art, doit donc toujours être,
avant tout, de chercher le grand, comme Corneille, ou le vrai, comme
Molière ; ou, mieux encore, et c'est ici le plus haut sommet où puisse
monter le génie, d'atteindre tout à la fois le grand et le vrai, le grand dans
le vrai, le vrai dans le grand, comme Shakespeare. »
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La mise en scène soignée de Claude Poissant n’encombre pas
inutilement la trame. Les éclairages d’Erwann Bernard habillent la scène avec subtilité,
multipliant les zones d’ombres, ce qui ajoute une dimension supplémentaire de
mystère à la pièce. Les changements de scène sont ponctués par un petit groupe
de musiciens, qui interprètent une partition originale de Philippe Brault.
Julie Le Breton campe ici une reine à l’humeur changeante, implacable dirigeante,
mais démunie en tant que femme bafouée, pourtant prête à tout pour repousser l’exécution
de son amant volage. David Savard en Simon Renard se révèle particulièrement
intéressant, la fragilité frondeuse de David Boutin en Gilbert offrant un
contrepoids nécessaire.
Les classiques traversent le temps. On a parfois besoin de
se faire rappeler pourquoi.
Jusqu'au 12 février au Théâtre Denise-Pelletier
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