vendredi 30 octobre 2009

Plaisirs de l'Halloween

Je l'admets volontiers: j'aime l'Halloween. Autant la fête me laissait froide quand j'étais enfant (je ne comprenais pas l'intérêt de ramasser des bonbons puisque je n'en mangeais que très peu), j'ai fini par bien aimer son côté ludique en vieillissant. Avec mes élèves, nous travaillons dans la semaine qui précède des pièces où les fantômes et les dissonances ont la part belle. J'intègre jeu de notes en forme de sorcières, présentation de « classiques » et, bien sûr, friandises.

Mardi soir, j'ai proposé une expérience de composition/improvisation à trois élèves, membres d'une même fratrie. Nous avons commencé par réfléchir à ce qui rendait une musique « épeurante » (les dissonances, les crescendos intempestifs, les silences dramatiques, l'accord de septième diminuée, les tonalités mineures, etc.) et puis, je les ai invités dans un laboratoire de création digne du Dr. Frankenstein.

Sur un simple motif du premier (assez astucieux, je dois dire), la plus jeune a brodé un ostinato pendant que l'aînée commentait de façon dramatique. Trois ou quatre prises plus tard, nous avons convié la mère et la cadette de deux ans au « concert » et avons même immortalisé le tout sur mp3. (Merci, Audacity!) Le plus amusant est que, quand nous avons réécouté le tout (la pièce ou plutôt le work in progress dure un peu moins de 90 secondes), la cadette s'est subtilement approchée du piano et a décidé de, elle aussi, intégrer quelques commentaires musicaux bien ciblés à la trame narrative. Après concertation, un titre a été donné à la chose: Mystère et boules de notes!

Un intemporel du genre en partage...

mardi 27 octobre 2009

De l'accessibilité de la culture

Je fais un bref retour sur mon séjour en sol français, non pas pour vous narguer - là n'est pas du tout mon intention - mais, parce que, depuis que je suis revenue, je me questionne sérieusement sur l'accessibilité de la culture au Québec. Oui, je sais, l'offre est plus qu'abondante et il ne se passe une seule journée sans que ne soient offerts concerts classiques, pop, émergents, pièces de théâtre, spectacles de danse, expositions et une quantité phénoménale de spectacles d'humour. Mais combien d'entre nous peuvent se permettre d'en profiter? Voilà où le bât blesse.

Lors de mon périple, j'ai visité plusieurs musées: l'expo temporaire sur Tintoret/Véronèse/Titien et l'aile italienne du Louvre (j'ai frisé l'overdose), l'expo sur les graffitis à la fondation Cartier (à la fois frustrante et intelligente), le musée de la poupée (une requête expresse de mon accompagnatrice), l'Institut du monde arabe (deux expos diamétralement opposées mais d'une rare puissance), un musée consacrée aux artisans à Bourges (des objets magnifiques) et, mon préféré entre tous, le Centre Pompidou (dont une expo de photographes surréalistes et une consacrée aux femmes artistes, assez coup de poing). Coût moyen d'entrée? Cela variait entre gratuit (à Bourges) et 12 euros. Pas donné, certes, mais acceptable. Mais, si j'avais été demandeur d'emploi (admirez la subtilité du terme, beaucoup moins péjoratif que « chômeur »), les tarifs auraient chuté dramatiquement. (Dans certains cas, cela aurait été gratuit.) De plus, tous les musées français importants offrent non pas un tarif réduit aux étudiants, mais tout simplement la gratuité.

J'ai aussi assisté à deux concerts classiques. Je l'admets, celui de Pollini n'était pas donné (45 euros) mais l'autre, entendu à l'Église St-Merry, de grande qualité pourtant, était gratuit, comme tous les concerts offerts les samedis et dimanches par cette organisation. J'avais aussi reçu une invitation pour un récital de piano à la Salle Gaveau (prix des meilleures places: 20 euros) mais ai plutôt assisté à un spectacle de gothique et de post-punk ce soir-là. (Prix d'entrée: 3 euros) À Bourges, j'ai assisté à une pièce de théâtre, Les garçons et Guillaume, à table!, un one-man-show donné par un sociétaire de la prestigieuse Comédie-française, Guillaume Gallienne, nominé pour un Molière (quand même!) en 2009. Un mercredi soir plutôt frisquet, la salle du Théâtre municipal Jacques Coeur était bondée. Le prix des billets? Entre 11 et 15 euros! Dans la même ville de province, on offre régulièrement des soupers/spectacles à 25 euros (10 euros pour les enfants) qui font la part belle à des musiciens, danseurs, acteurs et artistes de cirque.

Quand avez-vous pu assister à un spectacle de qualité à moins de 30 $ à Montréal la dernière fois? Je vous laisse chercher... Bien sûr, vous me direz, il y a le cinéma, forme d'art à part entière et certaines salles de répertoire (notamment l'excellent Cinéma du Parc) offrent des tarifs plus que préférentiels. (Pour les mégaplex, on repassera.) Mais, comme ça, en « live »? Il y a quelques semaines, j'ai été très tentée par le spectacle de Fabrice Lucchini, dont on m'avait dit le plus grand bien. Quand j'ai vu le prix des billets (110 $!), devinez quoi? Bien sûr, j'ai changé d'idée et me suis dit que, pour le même montant, je pourrais me procurer plusieurs livres de Barthes et tenter de m'imaginer que Lucchini me les déclamait à l'oreille ou que, de façon plus réaliste, j'attendrais le DVD (en espérant que mon vidéoclub local l'aura en réserve, ce dont je doute fort) et m'offrirais alors une séance de lecture « privée ».

Un autre exemple en terminant? J'ai sous la main le numéro d'octobre du journal La Terrasse, l'équivalent parisien du Voir mais qui ne couvre pas les livres (et non!) ni la pop ni les restos, dépourvu de petites annonces, et qui m'a été remis gratuitement lors du concert Pollini. Sur 76 pages, 47 pages (je n'exagère rien) sont consacrées au théâtre, une au cirque (5 spectacles différents), 9 à la danse, 9 au classique et 7 au jazz! En couverture, cette citation de Pasolini, qui ne peut que me séduire: « La culture est une résistance à la distraction ». Je n'aurais pas pu mieux dire.

samedi 24 octobre 2009

Un Strad dans le métro... prise 2

Mardi le 20 octobre, si vous avez emprunté le métro en après-midi à la station Berri-UQAM, vous avez peut-être bien eu droit à un concert exceptionnel. Titillé sans doute par l'expérience réalisée par Joshua Bell dans le métro de Washington, le quotidien La Presse a décidé de retenter le coup, cette fois avec Alexandre da Costa, bientôt 30 ans, l'un des jeunes violonistes canadiens les plus en vue, invité de l'OSM la semaine prochaine.

Pendant 55 minutes, notre musicien a donc joué, incognito, en jeans et en chandail décontract (lui qui ne porte habituellement que des chemises!) des œuvres de Kreisler, Tchaïkovski, Bach et John Williams. Et alors? Les Montréalais sont-ils plus « cultivés » que les habitants de Washington? Les fans se sont-ils arrachés le t-shirt de la « vedette »? Pas tout à fait, mais quand même...

Si le violoniste n'a été reconnu que par quelqu'un du milieu, plusieurs personnes se sont révélées séduites par son jeu et l'éclat de son Stradivarius. Certaines personnes se sont vraiment arrêtées pour profiter du concert. Mieux: une jeune étudiante a texté en vitesse ses copains pour qu'ils viennnent aussitôt entendre le prodige (Alexandre étant l'un des rares à avoir plutôt bien négocié son passage vers l'âge adulte). Morale de cette histoire: ce sont essentiellement les jeunes qui ont craqué pour son jeu. Après, on essaiera de me faire croire qu'ils sont nécessairement indifférents à ce genre de stimuli.

On peut lire l'article de Nathalie Petrowski ici, l'analyse de la philosophe Mélissa Thériault ici plutôt et des réactions de passants là. Il y a fort à parier qu'Alexandre ressentira des émotions bien différentes quand il montera sur la scène de Wilfrid-Pelletier mardi soir, « protégé » par le décorum et le silence attentif.

vendredi 23 octobre 2009

Musique et peinture

Parfois, il y a de ces initiatives tout à fait séduisantes, qui permettent à deux formes d'art de s'allier. C'est le cas ici de la musique et de la peinture, qui se complètent admirablement. Fana de couleurs, Messiaen aurait été content... Après ça, on viendra me dire que la musique contemporaine est rébarbative, pfff!

mercredi 21 octobre 2009

Pollini Perspectives


De façon générale, je ne lis les notes de programme qu'en diagonale avant un concert ou une pièce de théâtre, préférant prolonger l'expérience de l'événement dans le wagon de métro qui me ramène chez moi ou même le lendemain ou surlendemain. Dans le cas du concert Pollini de la semaine dernière, j'aurais peut-être dû faire mes devoirs de façon un peu plus conséquente pour apprécier entièrement la maestria avec laquelle Pollini avait assemblé ce programme Chopin/Nono.

En effet, les trois œuvres de Nono présentées en deuxième partie, ... sofferte onde serene ..., dédiée à Pollini et sa femme, véritable quintessence de Nono, Djamila Boupacha et A floresta é jovem e cheja de vida possèdent toutes en leur coeur même un plaidoyer pour la paix, la sérénité et portent en filigrane la mort, celles de proches dans le cas de ... sofferte onde serene ... (les familles de Nono et de Pollini ayant été touchées), de combattants (Djamila Boupacha) et de milliers d'innocents (la dernière pièce, écrite en 1966, étant dédiée au front national de libération du Vietnam). Quand jumelées à une première partie qui comprend la Sonate « funèbre », la révolte du Premier Scherzo et la Deuxième Ballade (qui, selon le programme confié à Schumann parle de jeunes filles lithuaniennes persécutées par l'envahisseur russe qui se jettent dans un lac et se transforment en fleurs), on ne peut qu'être renversé par le souffle qui unit le propos. Au final, peu importe que je n'aie pas saisi toutes ces subtilités sur le champ puisque le concert continue de m'habiter.

Passons maintenant à l'interprétation proprement dite du matériel. Pollini reste égal à lui-même, en ce qu'il a une tendance à presser le tempo et continue de souhaiter nous éblouir par sa technique exceptionnelle. Dans la Ballade, cela a sans contredit empêché une certaine respiration naturelle de la pièce. (Mes élèves me reconnaîtront ici, avec mon insistance persistante à les forcer à respirer.) Dans le Scherzo ou le dernier mouvement de la Sonate, cela a permis de révéler toute la folie sous-jacente de l'oeuvre. Malgré ces réserves, plusieurs moments de magie se sont insérés en filigrane. Je retiendrai la poésie brute du mouvement lent de la Sonate, pourtant surjoué, la subtilité des pianissimos (qu'on entend de façon remarquable grâce à l'acoustique de Pleyel, dont la réputation n'est absolument pas surfaite), la tendresse qui s'échappait de ces pages et la respiration jamais entravée (enfin!). Dans ... sofferte onde serene..., cela a permis un contrepoint étonnant entre bande (enregistrée par Pollini et projetée) et les interventions « live » du piano, qui faisait ressortir un dialogue entre textures, couleurs (la pureté du Steinway et les effets de la bande) et émotions. (Le réputé froid Pollini ne pouvait que se laisser envahir par ses souvenirs, plus de 30 ans après la première de l'oeuvre.)

Le lancinant et profondément émouvant Djamila Boupacha a été admirablement rendu par la soprano Barbara Hannigan (une Canadienne, comme j'ai pu l'apprendre en lisant les biographies des artistes quelques jours après!) qui a réussi à en transmettre les moindres subtilités. La pièce de résistance A floresta é jovem e cheja de vida (une quarantaine de minutes) exigeait une concentration extrême, tant de la part des interprètes (chapeau au clarinettiste Alain Damiens notamment) que du public. Plusieurs n'étaient pas prêts à s'investir et, à mon grand désarroi, j'ai pu assister à des sorties massives (et parfois peu discrètes) de bien-pensants, sans doute frustrés que le grand Maurizio ait quitté la scène pour la soirée, agressés par la « violence » de la partition ou pressés de retrouver l'atmosphère feutrée des brasseries des environs de la salle. Il n'y a pas à douter: une mise en contexte - je dirais même plus: une mise en abime - aurait été essentielle pour apprivoiser cette partition dense, de laquelle j'ai l'impression qu'on peut extraire de multiples strates à chaque écoute supplémentaire. Je ne prétendrai pas avoir tout saisi - loin de là - mais je peux affirmer que la démarche artistique de Nono et les interprétations impeccables des dix interprètes, sous la direction de Marino Formenti, continuent de m'interpeller depuis une semaine. Un programme exigeant, donc, mais satisfaisant.

Alain Cochard a beaucoup moins aimé que moi sa soirée. Lire ici...
Les oeuvres de Nono ont été présentées à Londres il y a quelques mois. Classical Iconoclast (dont je découvrais le blogue) en parlait alors...
J'ai interviewé Pollini il y a trois ans. Lire l'article...

mardi 20 octobre 2009

Le piano

Une animation toute en douceur, qui prolonge pour moi un peu l'escale parisienne (difficile de faire plus parisien que la musique de Yann Tiersen) mais qui surtout ouvre le cœur.

lundi 19 octobre 2009

Lectures parisiennes

De retour en sol québécois depuis un peu plus de 24 heures à peine. Le décalage horaire semble tout à fait acceptable pour l'instant (la fatigue accumulée m'a sans doute bien aidée à dormir correctement la nuit dernière) et, d'ici une demi-heure, je pourrai constater si je suis encore capable d'enseigner.

Je vous reparle dans les prochains jours du concert Pollini, d'une représentation théâtrale vue à Bruges, de culture vécue au quotidien, mais déjà, je réponds aux questions lancinantes de certains lecteurs compulsifs qui pourraient s'inquiéter de la quantité de livres rapportée cette fois-ci. Sachez que j'ai été TRÈS raisonnable et que je n'ai rapporté QUE 10 livres, dont trois m'ont été offerts en cadeau (bref, n'est-ce pas, ceux-là ne comptent pas, si?). Ceux que j'ai laissés derrière moi, à Paris, chez l'un ou l'autre de mes amis, outre les prochaines recrues et Tarmac de Dickner pour Caroline, sont: Phénix d'Emmanuel Aquin, les poèmes de Nelligan et de Marie Uguay, Morphoses de Gilles Jobidon, Cartes postales de l'enfer de Neil Bissoondath, Nous seuls d'Emmanuel Kattan, Un coeur rouge dans la glace de Robert Lalonde, L'échappée des dieux de Reine-Aimée Côté et La peau des doigts de Katia Belkhodja. Oui, que de littérature d'ici (et trois disques d'interprètes canadiens).

Donc, dans l'ordre ou le désordre, se sont glissés dans mes valises: le dernier Antoine Laurain, Carrefour des nostalgies, dont on disait le plus grand bien sur les blogues (ce n'est pas ma faute donc!), Firmin (Autobiographie d'un grignoteur de livres) de Sam Savage (certains se reconnaissent-ils?), Les souffleurs de Cécile Ladjali (je ne connaissais pas l'auteure mais j'ai cédé au quatrième de couverture), La maison aux orties de V. Khoury Ghata (dernier coup de coeur d'un ami), L'histoire de Monsieur Sommer de Patrick Süskind (je sais, ce n'est pas une nouveauté, mais un autre ami m'a dit qu'il fallait ab-so-lu-ment que je le lise et, en plus, il y a des dessins de Sempé que j'adore), Amours nomades d'Isabelle Eberhardt (mais celui-là ne compte pas, c'est un Folio à 2 euros, un cadeau presque, donc), Le goût de Venise (un tout petit livre de textes réunis) et le premier tome de la BD New York de Will Eisner (des cadeaux là aussi) et trois livres achetés chez l'éditeur José Corti, qui continue de faire les choses à l'ancienne: La pluie jaune de Julio Llamazares (recommandé avec force par un libraire à mon ami qui m'accompagnait en cet antre du plaisir), Le marteau sans maître de René Char (pour le lien avec Boulez mais aussi parce que je n'ai jamais lu Char) et une édition bilingue des poèmes d'Emily Dickinson. (Ces deux derniers titres étaient dans le bac « exemplaires défraîchis » bref, à moitié prix). Ah? Certains d'entre vous suivent et cela fait plutôt onze... Pfff! Et alors?

jeudi 15 octobre 2009

La louée

Roman historique. Histoire romanesque. Page de vie transposée. Instantané d'un certain vécu au début du 20e siècle. La louée est peut-être bien tout cela mais il me semblerait inutilement réducteur d'identifier le tout par ses composantes. Avec une maîtrise assez remarquable pour un premier roman mais surtout une plume fine et précise, Françoise Bouffière réussit à nous faire basculer en quelques pages dans un univers dont on ne soupçonnait rien.

Au-delà de la peinture d'époque, cependant, je retiendrai les diverses strates d'un récit qui, par son universalité, continue d'interpeller, mais surtout les ambiances tantôt brutales, tantôt feutrées que l'auteure a su mettre en lumière. Un camaïeu de teintes qui trace un portrait plutôt réussi de la petite musique d'une vie de femme qui cherche à transcender son quotidien.

Lire les autres commentaires de lecture des collaborateurs de La Recrue

mardi 13 octobre 2009

dimanche 11 octobre 2009

Un lecteur

« La nuque d'un lecteur debout au fond.
Son profil gauche.
Mâchoire serrée.
Concentration massive.
Il s'apprête à changer de siècle.
Là, sous mes yeux.
Sans bruit.

J'ai toujours pensé
que c'était le livre qui franchissait
les siècles pour parvenir jusqu'à nous.
Jusqu'à ce que je comprenne
en voyang cet homme
que c'est le lecteur qui fait le déplacement.

Ne nous fions pas trop à cet objet couvert de signes
que nous tenons en main
et qui n'est là que pour témoigner
que le voyage a bien eu lieu. »

Dany Laferrière, L'énigme du retour, p. 32

jeudi 8 octobre 2009

Paris

Quand vous lirez ces mots, je devrais avoir atterri de l'autre côté de la grande mare. J'aurai été raisonnable et aurai seulement glissé dans mes bagages quatre livres, dont un ou deux que j'espère laisser là-bas (la littérature, c'est fait pour être partagé, après tout). Curieux? Bon, d'accord. Outre Phénix (que je terminerai dans l'avion vraisemblablement), il y a Morphoses de Gilles Jobidon, Cartes postales de l'enfer de Neil Bissonndath et À l'Est de l'Eden de Steinbeck.

Je vous retrouve bientôt mais vous laisse quelques surprises d'ici mon retour.

mardi 6 octobre 2009

Quartango

Je pars demain soir, mais avec un petit pincement au coeur quand même. Je manquerai quelques lancements pendant mon absence mais cela m'importe au fond assez peu. (Quand même, Maurizio Pollini et les amis, c'est franchement mieux!) Mais, tout de même, j'aurais bien aimé être de la partie pour célébrer le 25e anniversaire de Quartango. Je connais le groupe depuis leurs tout débuts ou presque et conserve toujours précieusement ma copie d'Espresso.

Virtuosité, musicalité, élégance, sensualité, humour : Quartango décline un tango riche en émotions. Composé de musiciens de haut niveau, soudés par une passion commune du tango et mus par une volonté toujours renouvelée de rejoindre intimement le public, Quartango offre des prestations toutes en nuances, aux couleurs métissées, à la fois ancrées dans la tradition classique, la modernité et l’effervescence des tangueras.

Demain, vendredi et samedi, ils fêteront dignement, au Théâtre Corona, avec les chanteurs Marc Hervieux (qui tient le rôle-titre dans Pagliacci à l'opéra de Montréal jusqu'à demain) et Gianna Corbisiero et les envoûtants danseurs Roxana et Fabian Belmonte.

Vous pouvez écouter des extraits de leur plus récent disque, lancé hier, sur le site du groupe...

lundi 5 octobre 2009

Perplexe

Je n'ai pas encore décidé si j'allais en rire ou pleurer. À vous de juger ce que vous avez raté en n'étant pas au Centre national des arts d'Ottawa samedi soir, lors de l'événement-bénéfice de l'OCNA. Bon début de semaine à tous!

dimanche 4 octobre 2009

L'énigme du retour


Je cours, je cours, histoire de boucler une foule de dossiers avant mon départ vers Paris, dans trois jours. Il m'est donc resté bien peu de temps pour lire des romans cette semaine, à mon grand déplaisir. (Par contre, j'en connais pas mal plus sur Frédéric le Grand, patron pendant un certain temps de Carl Philip Emanuel Bach... Mais, bon, on ne peut pas tout avoir dans la vie, n'est-ce pas?)

J'ai enfin complété hier la lecture de L'énigme du retour de Dany Laferrière, un roman à la forme assez inusitée, qui mélange (faux) haïku et narration plus traditionnelle, autofiction et roman, mais surtout superpose les regards que l'auteur porte (ou portait) sur son pays natal, Haïti. « Le dictateur m'avait jeté à la porte de mon pays. Pour y retourner, je suis passé par la fenêtre du roman. » (p. 156)

Il y a 23 ans, le narrateur (et auteur) a quitté cet Éden devenu purgatoire pour s'exiler dans une contrée où les hivers gomment les différences mieux que tout édit officiel. Devenu un homme mûr, il retourne au pays pour enterrer symboliquement un père qui avait choisi de s'exiler à New York mais surtout dans une certaine folie du quotidien. Il retrouve des lieux chéris lors de son enfance, des amis de jadis, des complices de son père, renoue des liens avec sa mère, sa soeur, son neveu, avec qui il discute de littérature (et qui donne lieu à quelques très belles pages, toutes en sobriété). Il s'approprie autrement un pays qui est le sien mais plus tout à fait, note, avec une certaine fébrilité, les gestes de cette vie qui bat, malgré les privations, les injustices, la violence.

La plume de Laferrière est alerte, elle saisit en quelques mots l'essence même de l'instant.
« Je descends dans la rue
pour un bain
dans ce fleuve humain
où plus d'un se noie

chaque jour. »
(p. 83)

Elle jette les amorces de dizaines d'histoires qui foisonnent et décloisonnent irrémédiablement ce périple vers hier mais aussi vers soi.
« Je crains qu'un événement si fort soit-il
ne puisse jamais bousculer

un homme dans ses habitudes.

La décision est prise bien longtemps avant

qu'on en ait véritablement conscience

et pour une raison qui nous échappera toujours.

L'instant du départ est si longtemps
inscrit en nous que le moment où il arrive

nous semblera toujours banal. »
(p. 43)

Pour pénétrer cet univers multiple, il faut accepter d'adopter un autre rythme de lecture, comme si l'indolence des journées tropicales nous atteignait, comme si nous devenions nous aussi témoins de ces destins qui croisent celui du narrateur et en altèrent irrévocablement le cours. La poésie de ce quotidien si éloigné du nôtre - mais l'est-il vraiment? - touchera alors au coeur.

jeudi 1 octobre 2009

Contagieux

1er octobre, journée internationale de la musique. Vous m'attendez peut-être dans Mozart, Debussy ou Schumann, mais non, pas du tout! Complètement séduite par le clip réalisé par les étudiants en communications de l'UQAM lors de la semaine d'initiation, je vous propose plutôt un lipdub - clip promo chantant selon le Grand dictionnaire terminologique - sur la chanson feel good de l'été 2009, I Gotta Feeling des Black Eyed Peas.

Le lipdub est une bête médiatique à part entière, venu du monde anglo-saxon. On parle ici d'un clip réalisé en plan-séquence (on n'arrête pas la caméra et on tourne en temps réel, sans montage) et en playback, généralement par des collaborateurs au sein d'une même entreprise, destinée à une diffusion Internet, mais surtout à resserrer les liens entres membres d'une même équipe. Réalisé en à peine 2 h 15 de répétition / chorégraphie (on ne savait pas avant la journée même qui se présenterait à l'événement) / tournage (2 prises ont été complétées au total), le clip de Luc-Olivier Cloutier et Marie-Eve Hébert, qui terminent cette année leur baccalauréat en communications (option télévision) est en train de faire le tour du monde.

Moi, de voir toute cette énergie étalée à l'écran, je craque! (Et puis, franchement, j'aime bien mieux ce clip que l'original qui dénature en partie le côté ludique de la chanson...)



Le reportage de CNN