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En choisissant l'angle de la docu-fiction, la romancière misait gros. Pouvait-on oublier les faits, balayer du revers de la main les souvenirs, la morsure des émotions? Pouvait-on accepter que celles-ci soient transformées? N'étaient-elles pas condamnées dès le départ à un certain travestissement, surtout quand la langue qui les porte n'est pas exactement celle du lieu qui les a vu naître?
En faisant feu de tout bois, l'auteure a selon moi perdu. Au fil des pages, elle explore l'enfance du tueur, l'onde de choc que son geste aura sur sa mère et sa sœur, les conséquences, vingt ans après, sur les familles des victimes, les survivantes, la résonnance du féminisme et la montée du masculinisme, avance quelques explications sociologiques. On sort de la lecture vaguement frustré, avec l'impression d'avoir effleuré la surface, de ne plus savoir où tracer la ligne entre fiction et documentaire, de ne pas avoir compris la pertinence d'un tel geste. Je ne m'étais certes pas posé cette question après avoir visionné le film de Denis Villeneuve (cité dans l'ouvrage d'ailleurs). « Si l'on accepte la définition de l'art comme synonyme de questionnements, de bouleversements, de gestes qui modifient éventuellement la trajectoire du spectateur, de l'auditeur, Polytechnique est une réussite », avais-je alors écrit. Selon les mêmes critères, je serais tenté de qualifier ce « roman » de coup d'épée dans l'eau.
2 commentaires:
Déjà l'idée d'un livre sur cette tuerie ne me tentait pas alors après ton billet...
Le Papou
J'ai lu il y a quelques années un premier roman qui se servait de l'événement comme d'impulsion, Soudoyer Dieu, qui fonctionnait mieux selon moi: http://lucierenaud.blogspot.ca/2009/04/soudoyer-dieu.html
Ici, j'avais surtout l'impression que ce n'était pas la bonne voix pour raconter cette histoire.
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